ENTRETIEN. L'Union des architectes francophones pour la santé (UAFS) tient son congrès fin octobre à Menton. Son président, l'architecte Gérard Huet, nous présente les enjeux de cette discipline en amont.

Batiactu : Comment définiriez-vous l'architecture en santé ?

 

Gérard Huet : Il s'agit d'une obligation collective. Notre société a fait le choix de procurer du soin à l'ensemble de la population. C'est toujours vrai même si l'on peut ici ou là regretter des altérations. L'architecture n'échappe pas à cette vision de générosité, apporter du soin à tous, aux malades bien sûr, mais aussi au personnel, aux accompagnants... Le bâtiment, dans sa conception, doit traiter tous ces sujets. Je renie l'idée d'hôpital-machine. Ce n'est pas suffisant. L'architecte doit communiquer de la bienveillance, aller vers le soigné et pas attendre l'inverse.

 

Batiactu : Quels sont les sujets qui seront abordés lors de votre congrès ?

 

G.H. : Le message principal que nous souhaitons faire passer, c'est que le bâtiment hospitalier prenne soin de tous. Il ne doit pas se limiter aux conformations servicielles et aux données économiques. Nous sommes allés au bout de l'intelligence constructive, il faut voir plus loin. Nous devons nous demander, à plus large échelle, quelle est la place du bâtiment de soin dans la ville ? Pour pouvoir éventuellement générer du gain autrement que par des actes médicaux ? L'hôpital de demain doit amener de l'aménité dans le quartier, créer des sources de richesses supplémentaires. Le contexte des soins évolue aussi : la durée moyenne des séjours est en baisse, le développement de l'ambulatoire n'est pas arrivé à son terme, la télémédecine se développe... L'hôpital doit être l'écriture de ces réalités.

 

 

Batiactu : Un hôpital qui apporterait de l'aménité dans un quartier ? Pourriez-vous nous donner quelques exemples ?

 

G.H. : Pourquoi ne pas y inclure de la restauration de qualité, pourquoi ne pas développer au sien de l'hôpital une action commerciale et culturelle ? Dans la plupart des hôpitaux, il y a des salles de conférence : pourquoi ne sont-elles pas utilisées ? Ne pourrait-on pas y faire du théâtre, diffuser un film ou des retransmissions de compétitions sportives ?

 

Batiactu : Quel rôle a l'architecte dans ces évolutions ?

 

G.H. : Nous avons un devoir social sur ce point. Les architectes sont à même d'interpeller les maîtres d'ouvrage. Nous, architectes, optimisons les projets, mais nous devons aussi apporter cette dimension sociétale. L'hôpital doit être au cœur de la ville. Sinon il s'isole. Quand un hôpital est situé dans le périurbain, on le voit, il devient désertique. Ce sont des questions sociétales importantes qui nous concernent tous.

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