CONJONCTURE. Les entreprises du bâtiment ont enregistré une belle progression de leur activité au mois de mai, selon la Banque de France. Les carnets de commandes restent bien garnis, mais la hausse des prix des devis couplée aux difficultés économiques persistantes font craindre aux professionnels un été plus délicat.

L'activité du bâtiment tient bon, mais cela va-t-il durer ? Les entreprises du secteur ont enregistré une belle progression de leur activité au mois de mai, selon la Banque de France : interrogés par l'institution, les professionnels ont affiché un solde d'opinion positif de 8% sur le sujet, après -2% en avril et +4% en mars. Si elle connaît visiblement des hauts et des bas, l'activité s'est donc malgré tout inscrite "en nette hausse" le mois dernier, "tant dans le gros-oeuvre que dans le second-oeuvre", précise la Banque de France.

 

 

Les carnets de commandes se stabilisent, eux, à un niveau élevé : les artisans et entreprises de la filière ont eu une opinion positive de 22% à ce sujet en mai, dans la continuité du mois d'avril (+22%) mais en recul toutefois par rapport au début de l'année (+25% en mars et +29% en février comme en janvier). Plus l'exercice en cours avance, moins les professionnels du bâtiment semblent confiants dans la bonne tenue de leurs carnets de commandes.

 

Pas d'impact sur l'emploi mais des prix de devis en hausse

 

Cette inquiétude n'affecte pas l'emploi : l'opinion relative aux effectifs a été de +3% en mai, un niveau inchangé depuis janvier dernier, exception faite de février où les craintes s'étaient faites davantage ressentir (+2%). En revanche, la hausse des prix des devis couplée aux difficultés économiques persistantes font craindre aux professionnels un été plus délicat.

 

Certes, les entreprises ont moins impacté l'inflation sur leurs clients en mai (+30%) en comparaison à avril (+37%) ; cependant l'augmentation se confirme bel et bien depuis six mois (+27% en mars et janvier, +22% en février). "L'activité serait en léger repli en juin selon les chefs d'entreprises interrogés", indique la Banque de France, qui avance un solde d'opinion de -4% pour l'activité du mois en cours.

 

L'inflation s'apparente donc à une épée de Damoclès au-dessus de la tête du secteur, d'autant qu'elle est bien partie pour durer. "Attention au risque que fait courir la crise des matériaux et de l'énergie qui n'est pas encore à son terme", a prévenu il y a quelques jours le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron. Les professionnels du bâtiment restent effectivement confrontés à une conjoncture morose, des problèmes d'approvisionnement - quand il ne s'agit pas de pénuries - de matériaux à la flambée des prix des énergies, comme le carburant qu'ils utilisent pour effectuer leurs déplacements sur les chantiers.

 

Solidarité

 

 

"Les tuiles ont pris 20%, les produits PVC 16%, les produits céramiques 12%, les produits verriers 10%... Nous avons une courbe historique qui ne fléchit pas", a insisté Olivier Salleron, avant d'en appeler une nouvelle fois à la solidarité entre acteurs de la filière. Celle-ci "ne semble pas encore avoir été comprise" par toutes les parties prenantes, alors qu'elle "doit impérativement devenir réalité", d'après le patron de la fédération.

 

Pour sa part, la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) avait tenté en avril de déminer le sujet en co-signant avec huit industriels et distributeurs une charte d'engagement : face aux surcoûts actuels, ces acteurs ont accepté de mettre en place des mesures de solidarité pour soutenir la dynamique du marché.

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