SÉCURITÉ. Deux mois après l'incendie qui a en partie endommagé l'usine de traitement des eaux usées d'Achères, dans les Yvelines, l'inquiétude reste de mise pour les populations et élus locaux. De son côté, le Gouvernement s'est emparé du sujet en faisant un point avec les dirigeants du Siaap ce 16 septembre 2019.

Le 3 juillet 2019, la principale station d'épuration de la région parisienne, située à Achères dans les Yvelines, a subi un incendie qui a causé des dégâts matériels importants et engendré une pollution de la Seine. Depuis, les populations et élus locaux ne cessent d'appréhender les conséquences sanitaires et environnementales de ce sinistre. Ce 5 septembre 2019, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap), opérateur du site, a organisé une conférence de presse pour faire le point sur la situation.

 

 

Il faut dire que la station d'épuration, baptisée Seine-Aval et située sur la commune de Saint-Germain-en-Laye, est l'une des plus grandes du genre à l'échelle européenne, et traite 70% des eaux usées de l'agglomération parisienne. Classée Seveso, l'installation est évidemment surveillée de près, mais le président du Siaap, Belaide Brededdine, s'est voulu rassurant : "Notre priorité est de protéger l'environnement et les Franciliens. Nous l'avons fait dès le 3 juillet et nous sommes mobilisés depuis pour reconquérir la qualité de la Seine et retrouver la performance de notre activité". Le syndicat a en outre précisé que "les opérations de nettoyage et de diagnostic s'achèveront à la fin de l'année, que l'année 2020 sera consacrée à l'étude et à la passation des marchés et que les travaux s'étaleront sur 2021 et 2022". Malgré tout, la présentation de ce plan d'intervention s'inscrit dans un contexte trouble pour la station d'épuration des Yvelines, laquelle a déjà subi quatre autres incidents - dont trois incendies - qui se sont succédé depuis le début de l'année 2018. Riverains, élus locaux, associations mais aussi pouvoirs publics restent donc vigilants, d'où la réunion organisée ce 16 septembre entre les représentants du Siaap et la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon.

 

"La reconstruction du bâtiment est un chantier qui ne devrait pas aboutir avant octobre 2022"

 

Une première rencontre avait déjà eu lieu le 9 juillet dernier autour de ces questions de sécurité et du rétablissement de la situation, mais cette fois les discussions ont porté sur l'audit de sécurité que le syndicat est censé réaliser. Dans un communiqué, le ministère indique que "la vidange du sous-sol du bâtiment incendié n'a pu intervenir que la semaine dernière", et que "les expertises pour déterminer l'origine de l'incendie vont pouvoir se poursuivre" ; les résultats étant attendus d'ici la fin du mois de septembre. Le Siaap avait été chargé au début de l'été de préparer un cahier des charges, dont le contenu a maintenant été transmis à l'Administration pour être expertisé. Emmanuelle Wargon aurait notamment demandé que la première phase de cet audit concerne plus spécifiquement la maîtrise du risque incendie.

 

La situation ne devrait cependant pas revenir à la normale dans l'immédiat : "la reconstruction du bâtiment est un chantier qui ne devrait pas aboutir avant octobre 2022, compte tenu de l'importance du bâtiment et des dégâts subis", affirme le ministère du boulevard Saint-Germain. Dans l'intervalle, le syndicat planche sur une solution temporaire qu'il dévoilera à l'Administration fin septembre, et en réunion publique à compter de la mi-octobre.

 

Certains pointent du doigt la délicate transition des processus d'exploitation, d'autres dénoncent des dysfonctionnements de sécurité

 

 

La secrétaire d'Etat a toutefois insisté sur la viabilité globale des sites industriels gérés par le Siaap : "A plus long terme, et compte-tenu de l'impact de ses installations sur l'environnement, Emmanuelle Wargon a insisté pour que le Siaap engage une réflexion sur la résilience de ses installations en cas d'accident comme celui-ci". Pour l'heure, Le Parisien indique que l'enquête sur les causes de l'incendie tend à s'éterniser, puisque les spécialistes du Centre national de prévention et de protection n'ont pu pénétrer dans l'unité de clarifloculation que le 5 septembre dernier. Tandis que certains proches du dossier pointent du doigt la délicate transition des processus d'exploitation en vigueur dans les usines du Siaap, d'autres dénoncent des dysfonctionnements de sécurité et le silence des dirigeants du syndicat.

 

Cité par le quotidien régional, le directeur du site de Saint-Germain-en-Laye, Yann Bourbon, confirme que l'usine est en train de s'adapter aux changements de process : "[La station] est en pleine évolution technique. Des installations récentes jouxtent des bâtiments datant des années 1970, époque où les standards de sécurité étaient différents. L'audit de sécurité va nous permettre de cartographier l'ensemble des installations et des processus." Dans les mêmes colonnes, le maire (divers droite) de Saint-Germain-en-Laye, Arnaud Péricard, a fait part de son mécontentement : "C'est très inquiétant. On n'arrive plus à dénombrer les incidents sur place et on a grand mal à obtenir des explications." Affaire à suivre.

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