RÉINVENTER PARIS. Le projet Hosta, construit sur sept étages en surélévation du périphérique parisien, sur une dalle existante, a nécessité, de la part du promoteur Woodeum et des architectes de Hardel le Bihan "un savoir-faire technique hors norme" que seule une structure en bois massif permet.

Le projet Hosta, en surplomb du périphérique mais construit sur une dalle existante (et faiblement exploitée jusqu'ici), permet de créer une continuité urbaine, un "trait d'union" entre Paris et de Vanves. Ce projet est un exemple de valorisation de foncier difficilement constructible que le concours Réinventer Paris devait permettre, et qui explique que seule une partie des projets lauréats sont aujourd'hui livrés ou même lancés.

 

Hosta accueillera un foyer pour jeunes travailleurs en R+7 de 114 chambres avec deux commerces en rez-de-chaussée. La RIVP (Régie immobilière de la Ville de Paris) sera propriétaire de l'ensemble. L'agence Hardel Le Bihan Architectes a voulu "un véritable lieu de vie et de partage ouvert vers l'extérieur" et a créé une résidence offrant une grande visibilité, y-compris sur et depuis le périphérique.

 

 

Trois années de travail de conception

 

Pour ce projet, dont la livraison est prévue à l'été prochain, il aura fallu, à l'entreprise et aux architectes, trois années de travail de conception après avoir gagné le concours. La raison principale : construire une résidence de sept étages sur une dalle existante sans la renforcer a nécessité un travail fin sur le poids de la superstructure et la répartition de la charge sur la dalle.

 

C'est également la raison qui a commandé le choix du bois comme matériaux de structure : il permet de réaliser sept étages là où en construction traditionnelle, on ne pourrait en construire que quatre. Une "division par deux" du poids du bâtiment bienvenue dans cette configuration.

 

 

Le bois, atout CO2

 

Woodeum, promoteur spécialisé dans la construction bois, s'est lancé dans le projet décidé à utiliser des matériaux "les plus décarbonés possibles, majoritairement classés A+". Ainsi, l'ensemble des planchers des étages sont en bois massif CLT, les lignes porteuses intérieures et les portiques de façade en étages sont, de leur côté, en poteaux-poutres bois. Ce qui offre, expliquent les architectes lors d'une visite du chantier, en septembre 2023, une grande flexibilité et de la modularité dans la vie du bâtiment.

 

La structure a été pensée en bois massif, avec une réflexion "poussée" sur la diminution du métal. Le bois représente 150 kg/m² de matériau biosourcé, stockeur de carbone. Ainsi, l'utilisation du bois en structure "permet de s'attaquer au poste de construction le plus émetteur en variantant le béton par un matériau stockeur de carbone". L'ensemble des autres matériaux de second œuvre a été sélectionné en prenant systématiquement en compte le critère de leur impact carbone. Au final, Hosta a permis un gain équivalent carbone de 2.100 tonnes de CO2, estime le promoteur.

 

 

Réduction du temps de chantier, de l'emprise, des nuisances

 

Le matériau préfabriqué et découpé au millimètre près en usine permet également, par rapport au béton, de réduire de 6 à 8 fois le nombre de camions, estiment les concepteurs. Un enjeu stratégique sur ce lieu de circulation intense. Cela permet également de diviser la durée de gros œuvre par deux, et de réduire de manière importante les nuisances de chantier (bruit et poussière). Enfin, le promoteur vante "un mode constructif efficient réduisant la durée des travaux et donc le temps d'effort".

 

Le bâtiment vise l'excellence environnementale par l'atteinte de différents labels et certifications : Effinergie+, E+C- niveau E2C2, BBCA Excellent, et le respect du plan climat de la ville de Paris. L'opération est aussi certifiée NF Habitat HQE. La conception poussée de la résidence Hosta permet d'atteindre une performance énergétique de niveau RT2012 -32% et Bbio -32%.

 

 

Woodeum a par ailleurs souhaité faire de ce projet "une réalisation française engagée" : 14 des 15 entreprises travaillant sur site sont françaises. Le gros œuvre a été réalisé par ACDF, charpentier français expert dans la construction bois. L'approvisionnement est majoritairement français ou européen, avance par ailleurs le promoteur.

 

La façade est une épaisseur vivante autant qu'une vitrine

 

L'architecture d'Hosta se veut ouverte sur l'extérieur, en rendant visible une partie habitée de l'intérieur, tout en mettant à l'honneur le matériau bois. Les logements sont exposés au nord, au sud et à l'est, et bénéficient chacun d'un espace extérieur privatif sous forme de jardin d'hiver. En façade ouest, directement exposée sur le boulevard périphérique, des salons communs sont présents à chaque étage, permettant de créer des lieux de vie animés et visibles de l'extérieur.

 

"La façade est à comprendre comme une épaisseur. A l'opposé de la notion classique 'enveloppe + espace intérieur', cette épaisseur protectrice de plusieurs mètres assure la transition entre un environnement agressif et l'intériorité habitable et confortable de la chambre", expliquent les architectes lors de la visite.

 

 

La qualité de l'air extérieur a fait l'objet d'études poussées

 

Vu l'immédiate proximité de l'autoroute urbaine, les questions de qualité de l'air et d'acoustique ont été traitées avec un soin particulier. Woodeum a réalisé, à sa propre initiative, une étude d'impacts et s'est entouré des bureaux d'études experts Artelia et Numtec pour mener des mesures spécifiques, telles que le niveau de Nox, de particules en suspension et de particules fines dans l'air. Mais également, de simulations de l'écoulement d'air autour des bâtiments existants. Ou encore, une analyse sous forme de mécanique des fluides 3D de l'évolution des concentrations des polluants en hauteur selon chaque orientation de façades.

 

Les résultats de ces études ont permis de démontrer que la construction de l'opération modifiera la dispersion des polluants et diminuera leur intensité en tout point du projet, avance Woodeum. Le projet, qui prend place sur une dalle existante, n'induit pas d'émission de polluants complémentaires au niveau du périphérique. Cette problématique avait récemment conduit la Ville de Paris à renoncer à plusieurs projets, dont certains issus de Réinventer Paris, prévus en surplomb du boulevard périphérique. L'opération n'aura, par ailleurs, pas d'impact significatif sur la qualité de l'air à laquelle sont exposés les bâtiments existants.

 

 

Qualité de l'air intérieur, performances acoustiques, confort thermique

 

Pour le traitement de l'air intérieur, une ventilation à double flux avec un système de filtration à hautes performances a été intégrée dans la conception du bâtiment de manière à garantir la qualité de l'air intérieur et à ne pas exposer les résidents à la pollution, chose rare s'agissant d'un bâtiment résidentiel. Aucun logement n'est orienté directement vers le périphérique (côté ouest). La double peau vitrée joue son rôle dans la performance acoustique.

 

Pour ce qui est du confort thermique, les concepteurs ont équipé les salons communs de brises soleil positionnés entre la première et la seconde peau vitrée. Les logements sont équipés d'un brasseur d'air et de stores extérieurs positionnés entre les deux peaux vitrées. Les jardins d'hiver des logements jouent aussi un rôle essentiel dans le confort thermique des résidents "puisqu'ils créent un sas ventilé naturellement au droit de chaque habitation", rappellent les architectes.

 

La résidence est alimentée par un système de chauffage électrique à effet Joule. La production d'eau chaude sanitaire est assurée par des pompes à chaleur air-eau collectives. Cette solution énergétique hybride est performante, peu carbonée et peu énergivore.

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