INTERNATIONAL. Outre-Atlantique, l'initiative du célèbre acteur hollywoodien de bâtir une centaine de maisons après l'ouragan dévastateur de 2005 n'a pas eu le succès escompté. Les habitants ont fait état de nombreux problèmes et certains ont assigné Brad Pitt en justice.

De la moisissure, des infiltrations, des pièces pourries… La réalité est bien loin de ressembler à ce qui avait été vendu au départ. À la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, Brad Pitt avait lancé, en 2006, une initiative pour reconstruire le quartier de Lower Ninth Ward après le passage de l'ouragan Katrina. Au programme : la construction de 109 logements conçus en matériaux durables et résistants aux inondations, avec des toitures équipées de panneaux solaires et de systèmes de chauffage et de climatisation à efficacité énergétique. Le projet promettait de proposer sur le marché des maisons à des prix abordables, à 150.000 dollars l'unité, imaginées par de grands architectes tels que Shigeru Ban, Frank Gehry ou encore David Adjaye.

 

 

Et surtout, de permettre à des ménages d'accéder pour la première fois à la propriété, après avoir vu la ville être détruite par la catastrophe naturelle. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévues, indique le journal anglais The Guardian, dans un récent article. Le quotidien prestigieux raconte que le "rêve s'est transformé un cauchemar" et pointe les multiples problèmes rencontrés par les habitants de ces logements devenus inhabitables.

 

Six maisons encore en bon état

 

Les malfaçons sont nombreuses. Moisissures, infiltrations, porches pourris par l'humidité, incendies provoqués par des problèmes électriques, rampes d'escalier qui s'effondrent, mauvaise ventilation, problèmes de plomberie, listent certains habitants qui ont lancé un recours collectif contre Brad Pitt et son organisation caritative "Make it right". Des infestations de termites ont également été signalées par d'autres habitants, dont certains ont affirmé être tombés malades. Dès 2014, les habitants avaient remarqué que leur maison, habillée de bois hydrofugé, pourrissait de l'intérieur.

 

Sur la centaine d'habitations, seules six sont encore dans un état correct, a affirmé Judith Keller, une universitaire experte en urbanisme. Cette dernière a constaté que la situation s'était aggravée ces trois dernières années. Deux maisons ont été démolies pour cause de moisissures, indique le Guardian. Six autres ont été abandonnées. Le journal souligne que beaucoup de propriétaires n'ont pas les finances nécessaires pour effectuer des rénovations.

 

Un "succès" selon Brad Pitt

 

 

Les maisons qui devaient pourtant être adaptées au climat spécifique de la région sujette aux tempêtes n'avaient même pas été équipées d'éléments permettant de résister aux pluies torrentielles, comme des peintures hydrofuges ou des poutres imperméabilisées. Il n'a fallu que quelques semaines pour que les riverains constatent des traces de moisissure et d'infiltrations.

 

Lancée après le passage de l'ouragan, l'organisation Make it right avait été soutenue, à l'époque, par des personnalités influentes, à l'instar de l'ancien président des États-Unis Bill Clinton et du rappeur Snoop Dogg. Le projet à but non-lucratif avait récolté des millions de dollars, notamment de la part de Brad Pitt lui-même qui avait fait don de cinq millions de dollars. L'organisation avait, au départ, accepté de faire des petites réparations mais avait ensuite demandé aux résidents de signer des accords de confidentialité, avant que ces derniers ne soient mis au courant des problèmes que rencontrait leur maison. Brad Pitt a qualifié le projet de "succès" en 2016 aux médias locaux. C'était la dernière fois qu'il s'exprimait à ce sujet. La page Internet de son organisation a depuis été désactivée. La chercheuse spécialisée en urbanisme a confirmé au Guardian qu'il est impossible aujourd'hui de contacter Make it right. Brad Pitt a rejeté toute responsabilité. Il a requis de se retirer du procès en 2019, demande refusée par le juge qui a toutefois estimé que la responsabilité juridique du célèbre acteur n'était pas engagée.

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