CONJONCTURE. Le secteur du bâtiment, qui n'a pas vu son activité être particulièrement perturbée en octobre 2020 avec les couvre-feux régionaux, risque en revanche de faire les frais du reconfinement national décrété pour le mois de novembre. Les carnets de commandes continuent à s'éroder et les chefs d'entreprises tablent sur une légère baisse d'activité, moins importante cependant qu'au printemps.

Quel impact du reconfinement sur l'activité du bâtiment ? La Banque de France a tenté d'apporter des éléments de réponse à cette question, dans la foulée de son analyse économique globale qui lui avait fait dire que ce second confinement aurait "un impact moins profond mais plus durable" que le premier. Dans son enquête sectorielle menée entre le 28 octobre et le 4 novembre derniers, l'institution financière a interrogé quelque 8.500 entreprises ou établissements pour connaître leur ressenti, et 90% des réponses ont été collectées après la mise en place du reconfinement. Avec des conséquences différentes en fonction des secteurs d'activité, ce dernier engendrerait tout de même une perte de 12% du Produit intérieur brut (PIB) "pour une semaine-type d'activité", contre -31% en avril.

 

 

Des prix toujours à la peine et des effectifs fragiles

 

D'après les soldes d'opinions obtenus auprès des chefs d'entreprises du secteur, le bâtiment a réussi à stabiliser son activité au mois d'octobre (0%), les professionnels jugeant que celle-ci était revenue à un niveau proche de la normale, aussi bien dans le gros-oeuvre (-7%) que dans le second-oeuvre (0%). Mais les carnets de commandes continuent à subir une certaine érosion (+9% en octobre après +12% en septembre et +14% en août), les plaçant sous leur moyenne de long terme. Les prix des devis ont de leur côté reculé de 1%, tandis que les effectifs ont progressé de 2%. Dans le détail des deux segments, le gros-oeuvre (qui représente 29% de la valeur ajoutée du secteur couvert par l'enquête) a vu en octobre son carnet de commandes progresser de 10%, pour des prix en baisse de 2% et des effectifs en augmentation de 2%. Pour ce qui est du second-oeuvre (71% de la valeur ajoutée), ses commandes ont enregistré +9% pendant que ses prix stagnaient (0%) et que ses effectifs bénéficiaient du même élan que le gros-oeuvre (+2%).

 

Quant aux activités d'architecture, d'ingénierie et de contrôle technique, la Banque de France a recensé une hausse de 6% de leur activité au mois d'octobre, avec des prévisions tablant sur un recul de 6% lors des prochaines semaines. Le mois dernier, la demande était présente (+4%) et la trésorerie solide (+12%) mais les prix se rétractaient (-2%) et les effectifs étaient à la peine (-6%).

 

 

Une diminution "nettement moins forte" qu'au printemps

 

L'activité serait par contre à la baisse en novembre (-7%), même si l'ampleur de cette diminution serait "nettement moins forte" que durant le confinement du printemps. Comme le souligne la Banque de France, "les chantiers ne se sont pas arrêtés et d'une manière générale, les entreprises bénéficient de l'effet d'apprentissage (sur le télétravail notamment), de la mise en place des mesures de protection sanitaire depuis plusieurs mois maintenant, ainsi que d'un contexte différent avec l'ouverture des établissements scolaires". Au bout du compte, l'institution prévoit donc un léger repli de l'activité du bâtiment, tant dans le gros-oeuvre (-6%) que dans le second-oeuvre (-7%).

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