PAROLES D'ÉLUS. A l'occasion du Congrès des maires, Batiactu lance le premier volet d'une série d'interviews d'élus de grandes villes et métropoles qui ont renversé les équipes en place en 2020. Deux ans après, les promesses sont-elles en voie de réalisation ? Habitat, espace public, mobilités : à Bordeaux, l'équipe menée par Pierre Hurmic veut "entrer dans l'ère de la régulation du logement" mais doit composer avec des projets urbains déjà ficelés, sur l'OIN Euratlantique notamment.


Bordeaux, ville-centre de la cinquième agglomération la plus peuplée de France, a longtemps été considérée comme une "belle endormie", avant que l'arrivée de la ligne à grande vitesse, ou plutôt son annonce, ne provoque effervescence de projets urbains et emballement des prix de l'immobilier. Historiquement dirigée par la droite, et notamment, pendant cinq mandats ou presque, par Alain Juppé, ancien Premier ministre, la ville s'est lancée dans plusieurs projets urbains d'ampleur - Brazza, Ginko, Bassins à flot - ayant pour caractéristique une grande place laissée à l'initiative privée. En parallèle, la ville a obtenu la création, en 2010, d'une Opération d'intérêt national, Bordeaux Euratlantique, d'une surface de 738 hectares sur Bordeaux, Floirac et Bègles, avec l'objectif d'accueillir 50.000 nouveaux habitants et 30.000 emplois d'ici 2030.

 

En 2020, les bordelais mettent fin au règne de la droite et élisent Pierre Hurmic, opposant écologiste de longue date à Alain Juppé, qui a pris la tête d'une liste d'union de la gauche et des écologistes. Lors de sa campagne, le futur maire avait défendu la sacralisation des espaces de nature, l'imposition de jusqu'à 50% de logements sociaux dans les opérations de construction, et promis de "réexaminer tous les grands projets à la lumière de leur impact écologique".

 

Le "tour de France" des villes qui ont basculé en 2020

 

Batiactu propose une série d'interviews de dirigeants des grandes villes et métropoles qui ont changé de majorité en 2020, dans le cadre notamment de la "vague verte", qui a emporté les équipes sortantes à Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Poitiers, mais aussi à Marseille où l'Union de la gauche et des écologistes a renversé la majorité de Jean-Claude Gaudin.

 

Quelles étaient leurs promesses, au regard de l'habitat, des grands projets, de l'espace public, des mobilités ? Deux ans plus tard, quelles sont les réalisations ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Les dynamiques ont-elles dû être revues à la baisse, à la faveur de la crise, ou au contraire accélérées pour construire le "monde d'après ?". Des nouvelles équipes qui ont fait l'objet de critiques sur le blocage des permis de construire, alors que les chiffres de la construction sont effectivement plus mauvais dans les grandes villes et en zone tendue. Batiactu a demandé aux maires, aux adjoints, ou aux exécutifs métropolitains, d'éclairer leur action dans ces villes qui ont basculé.

 

Lire l'épisode 2 : Le Grand Lyon "ne vise plus l'attractivité à tout prix, mais la qualité de vie"

 

Lire l'épisode 3 : Strasbourg "a baissé sa production de logement et l'a réorienté vers l'abordable"

 

Lire l'épisode 4 : A Poitiers, les grands projets artificialisants ont été "fortement réorientés"

 

Lire l'épisode 5 : A Tours, "nous avons choisi de ne pas geler les projets de logements"

 

Lire l'épisode 6 : Annecy "veut reprendre la main sur le marché de l'habitat pour le réguler"

 


Quelles grandes inflexions en matière de politique du logement comptiez-vous mener en arrivant à la tête de la ville ? Fallait-il ralentir la construction, l'accélérer, faire différemment ?

 

Pierre Hurmic : La première priorité a été de se doter d'une feuille de route, avec un nouvel objectif : construire différemment, passer d'une politique du nombre à une politique qualitative, de régulation. Il faut produire du logement pour répondre aux besoins des habitants, entrer dans l'ère de la régulation du logement. Et permettre aux Bordelais de se loger, car la production telle qu'elle existait auparavant ne leur permettait pas de se loger dans la ville.

 

"Tous les maires sont confrontés à la baisse de la construction […] ce n'est pas spécifique aux villes écologistes"

On a accusé les maires écologistes d'avoir stoppé les délivrances de permis à leur arrivée à la tête de plusieurs grandes villes. Est-ce que cela a été le cas à Bordeaux ?

C'est un faux procès.
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