ÉTUDE. La majorité des locataires sont concernés. Dans le parc social, la situation s'est dégradée ces dix dernières années.

Plus d'un cinquième des Franciliens vivent à l'étroit dans leur logement. C'est la conclusion d'une étude sur l'habitat menée entre 2008 et 2018 en Île-de-France par l'Institut Paris Région. Au total, 2,7 millions de personnes sont concernées, soit 22% de la population régionale. C'est un chiffre deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine (près de 10%).

 

La situation est encore plus préoccupante dans la Métropole du Grand Paris, là où se trouvent les logements les plus petits et où le prix de l'immobilier est élevé : la suroccupation touche un ménage sur quatre. "Alors que le confort sanitaire n'a cessé de s'améliorer au cours des cinquante dernières années, la suroccupation, déjà élevée en Île-de-France, continue de s'accroître", pointe l'Institut.

 

"Alors que le confort sanitaire n'a cessé de s'améliorer au cours des cinquante dernières années, la suroccupation, déjà élevée en Île-de-France, continue de s'accroître"

 

Le critère déterminant est le fait qu'un ménage devrait disposer de suffisamment d'espace et d'un nombre de pièces permettant de préserver l'intimité de chacun de ses occupants. Sans surprise, les premiers résidant dans un logement étroit sont les familles monoparentales, les ménages atypiques (plusieurs personnes sans lien familial direct), les enfants et les jeunes. La situation concerne en majorité les locataires (80%) et les jeunes de moins de 25 ans (près de 50%).

 

Dans le détail, 520.000 personnes sont seules, et 2,1 millions vivent dans des ménages de deux personnes ou plus. La suroccupation intervient davantage en cœur d'agglomération, notamment à Paris et en petite couronne. Les communes qui concentrent la moitié des ménages et personnes vivant à l'étroit sont souvent caractérisées par un parc dégradé dans le secteur du logement privé et par des habitations à bas loyers dans le secteur social.

 

Peu de grands logements sur le territoire

 

A contrario de la France métropolitaine, l'Île-de-France a vu son taux de suroccupation augmenter de 0,6 points entre 2008 et 2018. La hausse est plus forte dans le parc social, avec une progression de 2,2 points. L'institut analyse cette tendance par le fait qu'il y ait une absence d'alternative financière accessible dans le privé, en location comme en accession. Ainsi, les durées d'occupation s'étendent et les cohabitations subies sont prolongées.

 

Le parc locatif privé en Île-de-France possède peu de grands logements familiaux, rappelle l'agence régionale d'urbanisme et de l'environnement. En effet, seuls 15% des logements disposent d'au moins quatre pièces. "Dans le parc neuf, les grands logements sont eux aussi de plus en plus rares et, dans un contexte de montée des prix, les surfaces moyennes des appartements sont en contraction constante", souligne l'étude.

 

Intensification de l'usage des logements

 

Depuis la crise du Covid-19 et les nombreuses périodes de confinement imposées par le gouvernement, le sujet du bien-être dans son logement a pris de l'ampleur. "Le télétravail et l'enseignement à distance ont encore renforcé cette prise de conscience car ils conduisent à intensifier l'usage du logement", ajoute l'Institut. Selon lui, l'une des principales insatisfactions des Franciliens vis-à-vis de leur logement est celle de manquer d'espace.

 

Pour répondre à cette suroccupation, l'agence propose de produire davantage de logements abordables dans la région, "des petites typologies pour l'accueil des jeunes et pour permettre aux ménages de petite taille de poursuivre leurs parcours résidentiels, mais également des grands logements pour que les familles puissent disposer d'un logement adapté à leur composition. Pour ce faire, des outils existent : le bail réel solidaire (BRS) mis en œuvre par les offices fonciers solidaires, ou le prêt social de location-accession (PSLA) dans le domaine de l'accession.

 

Dans le secteur locatif, cela passe par le développement d'une production sociale répondant réellement aux besoins des ménages demandeurs (dont 70% se situent sous les plafonds PLAI) grâce au soutien volontariste de l'ensemble des acteurs (État, collectivités, bailleurs sociaux, Action logement, …).L'Institut considère que "cette offre devrait intégrer l'enjeu de la qualité d'usage (l'agencement et la modularité des pièces, les rangements disponibles, l'exposition et le lien avec l'extérieur).

 

 

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