Avec un chiffre d'activité à - 8 % en 2015, les travaux publics enregistrent leur 17ème mois de baisse consécutive. Et les conséquences vont en s'aggravant : la perte de 15.000 emplois permanents et le redressement ou liquidation de 266 entreprises d'août 2014 à juillet 2015. "C'est la pire année depuis 30 ans", s'est alarmé ce jeudi matin, Bruno Cavagné, président de la FNTP.

"Autopsie d'un secteur en crise", a martelé la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) ce jeudi matin. Entre la baisse des dotations aux collectivités locales et les retards accumulés sur le démarrage de grands projets d'infrastructures, le secteur des travaux publics s'attend à perdre 15.000 emplois permanents cette année, a affirmé Bruno Cavagné, président de la FNTP. "C'est pourquoi, c'est la pire année depuis 30 ans, et il y a eu une accélération extrêmement forte des pertes d'emplois en 2015", a-t-il ajouté sur un ton grave. C'est la principale conséquence de la chute d'activité. Après -7 % d'activité en 2014, cette année 2015 devrait afficher un chiffre d'affaires de -8 %, poursuit-il.

 

Conformes aux prévisions

Ces contre-performances sont d'après-lui conformes aux prévisions présentées au siège de la FNTP, rue de Berry à Paris voici un an. "Septembre 2015 a été le 17ème mois consécutif de baisse d'activité pour les entreprises du secteur, dépendantes à 70% d'une commande publique qui se réduit fortement", a déploré le président de la fédération.

 

Autres chiffres à retenir : sur les douze mois écoulés à fin juillet, 269 défaillances d'entreprises ont été constatées, soit 66% de plus qu'à la même période, un an plus tôt. Le secteur comptait 7.600 entreprises à fin septembre.

 

Et par métiers, "les terrassiers et les canalisateurs souffrent beaucoup, en particulier dans l'Est de la France, et cela ne va pas s'arranger en 2016, avec la fin des grands travaux, estime Bruno Cavagné. En revanche, les professionnels du ferroviaire, de l'électricité et télécommunication enregistrent des carnets de commandes très satisfaisants."

 

"Tout le secteur des travaux publics subit un décrochage : les infrastructures ne sont plus entretenues, ce qui aura de lourdes conséquences sur l'activité économique et l'attractivité de notre pays", prédit Bruno Cavagné, qui sera reçu à l'Elysée le 18 novembre prochain.

 

Et du côté des grands projets, seul le plan de relance autoroutier devrait assurer de l'activité au secteur l'an prochain, alors que les retards s'accumulent pour le projet du Grand Paris ou les futures lignes ferroviaires à grande vitesse, s'inquiète la FNTP. Sans oublier les financements encore "flous", juge la FNTP à propos du Canal Seine-Nord et du Lyon-Turin.

Vers une réduction de 6,4 % des commandes des collectivités en 2016

Par ailleurs, les collectivités locales verront leurs dotations diminuer de 3,7 milliards d'euros en 2016, comme cette année, après un recul de 1,5 milliard en 2014, ce qui fait de l'investissement local "le parent pauvre des budgets publics", a souligné à multiples reprises la FNTP. Ces collectivités locales qui fournissent 40% de leur activité aux TP, devraient l'an prochain réduire leurs commandes de 6,4%.

 

A quand le bout du tunnel ?

Enfin, Bruno Cavagné très remonté, a tenu à rappeler la différence d'activité entre le bâtiment et les travaux publics. "Si des points nous rapprochent sur l'aspect des techniques et des matériaux, je rappelle que les entreprises françaises de bâtiment ont un chiffre d'affaires deux fois plus élevé que les TP et nos clients dans les TP sont à 70 % publics contre 30 % dans le bâtiment, a-t-il indiqué. Si la FFB entrevoit le bout du tunnel avec une légère reprise d'activité tant mieux pour le bâtiment ! Mais pour les TP, nos 7.600 entreprises ne voient toujours pas le bout du tunnel..."

 

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