La piétonnisation des voies sur berges rive droite a été votée, ce lundi, par le Conseil de Paris. Les 3,3 kilomètres de la voie Georges Pompidou, de l'entrée du tunnel des Tuileries à la sortie du tunnel Henry IV, seront donc réservés aux piétons et aux vélos. Pour la maire de Paris, "c'est une décision historique."

La mairie de Paris est désormais libérée de l'épineux sujet de piétonnisation des voies sur berge rive droite. Le Conseil de Paris a voté, lundi 26 septembre 2016, ce projet, critiqué par la droite et les élus de banlieue.

 

D'autant plus que la fermeture définitive de cette autoroute urbaine, inaugurée en 1967, de 3,3 km reliant le tunnel des Tuileries, et le port de l'Arsenal, est intervenue fin août 2016 dans la foulée de l'événement Paris Plages et d'une exposition sur la COP 22. Sans compter que les auteurs de l'enquête publique sur la réhabilitation des berges rive droite avaient rendu, le 22 août 2016, un avis défavorable au projet approuvé par délibération le 1er décembre 2015 au Conseil de Paris.

 

Ce dernier avait arrêté le projet d'aménagement en retenant le second scénario. Le premier consistait en la fermeture à la circulation automobile d'un tronçon de 1,5 km entre la rampe de sortie Châtelet et la rampe d'entrée avant le pont Sully.

 

La "déclaration de projet de piétonisation définitive" des berges a donc été approuvée avec toutes les voix des partis de gauche (PS-PCF, PRG, PG) et des écologistes. En revanche, les conseillers de Paris LR et UDI ont voté contre. Le MoDem s'est lui abstenu au cours de vives discussions.

 

A l'issue du vote en faveur de la fermeture définitive des voies sur berge rive droite aux automobilistes, Anne Hidalgo a salué une "décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine."

 

Les voies sur berges rive droite
Les voies sur berges rive droite © Marc Verhille/Mairie de Paris

"Diminuer la place de la voiture et préserver la santé dans la droite ligne des engagements de la COP 21", Anne Hidalgo

 

Dans un discours prononcé aux élus parisiens, elle a rappelé que : "ce projet d'aménagement s'inscrit en outre dans le mouvement collectif de toutes les grandes métropoles françaises et mondiales tendant à reconquérir les berges de fleuve et les cœurs de ville au profit des piétons et des circulations douces, comme Bordeaux ou Lyon. (…) S'il est largement souhaité, ce projet est également indispensable sur le plan environnemental et sanitaire. J'en rappelle la principale raison d'être : diminuer la place de la voiture et préserver la santé de nos concitoyens, dans la droite ligne des engagements de la COP 21 et de l'accord historique de Paris."

 

Côté opposition, Nathalie Kosciusko-Morizet, cheffe du groupe Les Républicains, a estimé que ce projet a été "conduit en force" sans concertation et qu'il "ne pouvait se concevoir qu'à l'échelle de la métropole". Pour le président du groupe UDI-MoDem, Eric Azière, ce vote a été exécuté trop rapidement car il "prend en compte un calendrier politique", en l'occurrence avant les élections électorales.

 

De son côté, quelques minutes avant le vote, Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), s'est félicité devant la presse que les "reports de circulations soient inférieurs à ce que prévoyaient les modèles".

 

"Ce ne sont que des premiers indicateurs mais sur le volume comme le temps de parcours, ce n'est pas non plus l'apocalypse annoncée par certains, loin de là", a-t-il ajouté, ce qui renforce leur "détermination."

 

Les temps de parcours déjà analysées dans Paris

 

L'élu écologiste a ainsi fait référence au rapport de la direction de la voirie et des déplacements de la mairie de Paris, dévoilé par Le Journal du Dimanche, dimanche 25 septembre 2016, montrant des chiffres qui "se révèlent bien inférieurs à ce que prévoyait l'étude d'impact" en augmentation de trafic avec des situations contrastées en temps de parcours.

 

Sur le boulevard Saint-Germain, par exemple, "identifié comme le principal axe de report", le trafic a augmenté de 41% le matin (1.538 véhicules contre 1.088), et "seulement de 4% le soir" (1.930 contre 1.856), a rapporté l'élu. Alors que l'étude d'impact prévoyait : -9% le matin et -22% le soir sur les quais hauts; de -12% le matin et -3% le soir boulevard Saint-Germain.

 

La direction a aussi analysé les temps de parcours. "Il apparaît que les automobilistes mettent 14 minutes, soit une minute de plus qu'en 2015, pour aller des Tuileries au Bassin de l'Arsenal sur les quais hauts le matin; et 20 minutes, contre 15 minutes en 2015 le soir."

 

Par ailleurs, la Ville de Paris a souligné que la piétonnisation a été mise sous surveillance avec l'installation de divers observatoires de la Région et la Métropole du Grand Paris (MGP). Et la présidente de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) a aussi décrété les berges "d'intérêt régional". La maire Paris a d'ailleurs remis à sa place, la présidente de Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, rappelant que sa collectivité "s'occupait de beaucoup de choses dont elle n'était pas compétente."

 

Un principe de réversibilité envisagé "si les perturbations étaient jugées trop importantes"

 

Un arrêté municipal suivra ce vote dans quelques semaines, a conclu Anne Hidalgo. Il doit recevoir l'avis conforme du préfet de police de Paris qui a son mot à dire sur la circulation dans la capitale.

 

Justement, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a rappelé, au cours de la séance du Conseil de Paris, son devoir de s'assurer de la "fluidité" de la circulation dans la capitale. Il s'agira d'un "comité technique de suivi" qui se réunira pour la première fois le 3 octobre prochain et tous les deux mois.

 

Il réunira Etat, collectivités, organismes de transports et d'études de qualité de l'air, associations d'usagers et procédera à des analyses des différentes données liées aux éventuelles perturbations (transport, pollution de l'air et sonore). Cette décision prévoit aussi un principe de réversibilité "si les perturbations étaient jugées trop importantes", avec un bilan à six mois et un an, a ajouté le préfet de Police. Qualifiant les six premiers mois de "période d'observation", Michel Cadot a par ailleurs précisé que les services de sécurité et d'urgence devront pouvoir accéder aux quais à tout moment.

 

Malgré cette décision, les entreprises de logistique, du bâtiment et des négoces, celles effectuant des livraisons dans Paris, concernées au premier chef par cette contrainte supplémentaire, devraient réagir prochainement.

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