INTERVIEW EXCLUSIVE. Après un début d'année très difficile pour MaPrimeRénov' entre baisse des demandes de rénovation et revirements politiques, l'Agence nationale pour l'habitat (Anah) a multiplié les rencontres en régions avec les professionnels pour qu'ils s'approprient les réformes en cours. À partir du 19 avril, elle démarrera également un Tour de France pour redonner confiance aux usagers.


Batiactu : Le nombre de demandes MaPrimeRenov' (MPR) a chuté de 40% en janvier et février 2024 par rapport à la même période en 2023. Le début d'année a également été très agité avec notamment la décision du gouvernement le 8 mars dernier, d'abandonner la réforme pourtant décidée l'année dernière. Comment avez-vous vécu ces événements ? Sentez-vous que le dispositif se voit ainsi relancé ?

 

Valérie Mancret-Taylor : Mon sentiment est que la situation évolue favorablement. Nous devons sortir de la période de crise du premier trimestre. Chaque année, l'État améliore le dispositif d'aide publique pour répondre aux attentes des usagers. La réforme voulue par le gouvernement pour 2024 est très ambitieuse. Un certain nombre d'acteurs économiques -notamment les artisans et entreprises du bâtiment- ont donc demandé que l'on prenne un peu plus de temps. À l'issue d'échanges avec la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et la Fédération française du bâtiment (FFB), Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Guillaume Kasbarian, ministre délégué chargé du Logement, ont décidé d'assouplir les contours de cette réforme, en permettant par exemple, la réouverture du parcours par gestes tel qu'il existait en 2023. Cet assouplissement n'est que temporaire, et la réforme n'est pas abandonnée. Le parcours accompagné, pour les rénovations d'ampleur, n'a d'ailleurs pas été modifié et il conserve toute son ambition.

Les carnets de commande des professionnels ne se remplissaient pas et, pour eux, la réforme ne répondait pas aux attentes des Français qui sont peu nombreux à pouvoir financièrement s'engager dans travaux de rénovation globale…

La situation est plus complexe. La réforme a été annoncée dès le mois d'octobre à Lille par le ministre du logement, lors des rencontres nationales de l'habitat privé. L'objectif était d'orienter les propriétaires de passoires énergétiques vers une démarche d'une rénovation globale afin de leur permettre de décarboner leur logement mais également de moins consommer d'énergie et donc de réduire leur facture énergétique. Ces informations automnales avaient pour objectifs d'informer l'ensemble des professionnels et des Français. Mais elle a aussi provoqué de l'attentisme : il y a eu un manque de visibilité pour les usagers, tandis que les professionnels devaient s'approprier cette réforme tout en étant déjà engagés dans des programmes de travaux… Nous avons vécu le creux de cet attentisme en début de cette année. Ce n'est pas un manque de moyens des Français qui empêchent les ménages de se lancer, car les aides sont très généreuses.
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