Politique de la ville et Développement durable : ces deux thèmes ont fait l'objet d'un colloque organisé à Paris à l'initiative de l'association des Maires Ville et Banlieue de France.

Ce colloque s'est tenu mardi 25 mars 2003, à Ecole nationale d'administration, en partenariat avec les Eco Maires. D'emblée, Pierre Bourguignon, Président de Ville et Banlieue, a rappelé que les habitants des quartiers en difficulté cumulent bien souvent les deux types d'inégalités, sociales et environnementales, et que le mal-vivre de certaines cités n'y est évidemment pas étranger . Pour s'étonner aussi que deux politiques qui partagent autant de valeurs et d'objectifs, et qui prônent l'une et l'autre le décloisonnement des interventions publiques, se soient aussi longtemps ignorées.

La première table ronde, animée par Michèle Pappalardo, présidente de l'Ademe, s'est demandé, à l'heure des opérations de démolition / reconstruction dans les quartiers, comment faire " un renouvellement urbain durable ". En répondant à la fois à la demande sociale de maisons individuelles et d'espaces verts, et aux exigences de la ville durable qui recommande la densité, les trajets courts et la réduction forte du trafic automobile en centre ville : une équation résolue par le concept de " villa urbaine " durable issue d'un programme de recherche du PUCA et expérimentée dans le Val-de-Marne ou dans l'agglomération nantaise, offrant des unités d'habitations compactes de 8 à 12 logements HQE sur 3 à 4 étages. Mais l'espace bâti de demain, ont par ailleurs souligné les intervenants, réclame aussi de la volonté politique, de l'intelligence collective et des modes de coopération entre maîtres d'ouvrage, aménageurs et concepteurs, qui rentabilisent in fine les surcoûts de la haute qualité environnementale.

Même message de la deuxième table ronde, consacrée aux politiques locales de déplacements. Même exigence de volonté politique de la part des maires, à défaut de laquelle l'automobile représentera bientôt 90 % de parts de marché des déplacements locaux. Sachant que l'on doit encore beaucoup améliorer l'offre de transports en commun pour les rendre compétitifs par rapport à la voiture individuelle : développer les dessertes de banlieue à banlieue, du soir et du week-end, les transports à la demande, et une tarification " trajets courts " pour les jeunes' Pas de raison d'être pessimistes, ont dit les élus de La Roche-sur-Yon, Nancy ou Villeneuve le-Roi, car l'expérience montre qu'une offre renouvelée de transports collectifs finit par susciter une demande et modifie les modes de vie.

Au cours de la troisième table ronde, consacrée à la gestion urbaine de proximité, la salle en est revenue aux types de services urbains et aux modes de gestion qui conditionnent la qualité de la vie urbaine. Le développement durable commence, a-t-il été rappelé, par la propreté et la maintenance des espaces collectifs, par une anticipation des nouvelles fonctionnalités urbaines, tri sélectif et réseaux de chaleur, et par des dispositifs permanents d'information, de concertation et de médiation avec les habitants, qui ont besoin de services et d'interlocuteurs capables ou d'en relayer et d'en résoudre les dysfonctionnements.

Dans la dernière table ronde qui s'est interrogée sur la ville durable, l'emboîtement des quartiers dans les projets de ville et d'agglomération et la place des services publics, Claude Brévan, déléguée interministérielle à la ville, a rejeté l'idée de projets urbains clés en main en demandant plus de dialogue entre opérateurs et avec les habitants.
Maurice Charrier, maire de Vaulx-en Velin, a souligné le rôle pionnier des services publics et de l'initiative publique, seuls à même d'investir dans les zones disqualifiées des agglomérations et de rendre leur dignité et leur valeur aux yeux des habitants. Selon lui le développement social et le développement culturel doivent, autant que le renouvellement urbain, favoriser la transformation de la ville ;

Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois, a expliqué qu'il est difficile de se projeter dans l'avenir dans les quartiers défavorisés ; il s'agit plus de logiques de réparation, plutôt que de développement. Il y est devenu particulièrement difficile d'entretenir l'espace public. Tout en pointant de graves inégalités territoriales, il a déclaré que les municipalités reçoivent des aides à l'investissement, et pas assez au fonctionnement. M. Dilain a par ailleurs évoqué la mise en place par le Conseil National des Villes d'une université des citoyens.

Bruno Depresle, sous-directeur au ministère de l'Ecologie, a surenchéri en affirmant que pour faire des villes agréables, vertes et denses, il fallait renoncer aux approches mono-fonctionnelles, bâtir ou rebâtir en HQE, intégrer les quartiers à des projets d'aménagement durable et aux projets urbains d'agglomérations. C'est le sens, a-t-il, expliqué du 3ème appel à projets sur les outils et les démarches en vue de la réalisation d'agenda 21 locaux, lancé par le ministère il y a quelques jours.

Enfin Roselyne Bachelot, ministre de l'Ecologie et du développement durable, venue conclure les travaux, a insisté sur 6 axes de travail : l'amélioration de la qualité de vie dans les quartiers, notamment à partir de la HQE ; l'éco-gestion des services urbains, en particulier à partir de la comptabilité environnementale sur laquelle les Eco-maires, par la voix de leur président, Dominique Jourdain, avaient interpellé l'assistance ; la maîtrise de l'étalement urbain, accompagnée d'une politique offensive de développement des transports publics ; le développement de l'emploi et des emplois liés aux éco-industries ; la participation du public et la communication ; l'éducation à l'environnement, condition d'une nouvelle urbanité et d'une sorte d'éco-citoyenneté.

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