C'est donc une nouvelle typologie d'établissement recevant du public (ERP) que la maîtrise d'oeuvre a cherché à créer : "La plupart des équipements publics, on sait les reconnaître avec leurs écritures architecturales spécifiques, mais celle de la Récuperie n'existe pas encore aujourd'hui et doit se constituer dans le temps", explique Morgan Guillot. "Nous avons fait le choix de partir dans une nouvelle écriture, mêlant aspects originels et multiculturalistes, pour la développer et pouvoir l'étendre à de nouvelles recycleries."

 

Cette signature inédite utilise des chevrons à débords en queues et s'inspire par exemple d'arrondis typiques des architectures africaines, ou encore du style japonais au travers du préau arrière du bâtiment. "Nous voulions retrouver certains éléments de l'ordre de l'instinct", poursuit Morgan Guillot. La Récuperie ayant pris ses quartiers dans une zone industrielle, l'objectif était de rompre avec le "code" des entreprises et usines déjà installées aux environs. Le résultat peut même paraître inattendu : "Ce bâtiment public, républicain, dénote un peu dans le quartier", confie l'architecte.

 

Retour aux sources de l'écriture architecturale

 

Ce concept d'"ethno-architecture", ou d'"architecture analogue", mise sur le regard ancestral des visiteurs. Concrètement, les formes arrondies, délaissées en France, ont pourtant dominé dans les écritures architecturales des périodes préhistoriques, et sont toujours utilisées aujourd'hui en Afrique. En reprenant "ces codes qui font appel à la nature-même de la matière", c'est donc un retour aux sources, un réveil instinctif qui s'opère.

 

L'inspiration japonaise, elle, se retrouve dans l'étagement de la charpente bois qui crée une modénature particulière. Une "approche extrêmement simple" qui répond aux attentes comme aux contraintes de la maîtrise d'ouvrage. Et qui offre une lecture, une interprétation de l'architecte, dans sa "recherche permanente pour faire mieux".

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