SOLUTION TECHNIQUE. Un panneau solaire qui produit de l'électricité, du chauffage et de l'eau chaude sanitaire (ECS), tout en assurant la ventilation, été comme hiver, sans avoir besoin de changer son système de cumulus : impossible ? Pas pour SCTD Industries, qui a développé sa solution maison Solar-Clean. Denis Leturgie, son inventeur, nous en dévoile les secrets.

Denis Leturgie ne se repose pas sur ses lauriers. Tout en mettant au point son méthaniseur domestique qui transforme les déchets ménagers en électricité, il a poursuivi, en parallèle, le développement d'un autre système de production d'énergie renouvelable. Nommée "Solar-Clean", cette invention revendique d'être une solution 4 en 1, qui fournit à la fois de l'électricité, de l'eau chaude, de la chaleur et assure la ventilation. Son concepteur nous explique : "Il y a un peu plus de 3 ans, nous avons testé l'aérovoltaïque, avec six ou huit installations chez des clients. Si pour la production électrique ces systèmes étaient très bons, ils présentaient en revanche un apport calorifique très décevant. Nous avons donc décidé de fabriquer notre propre produit avec production électrique et appoint de chaleur, par tous les temps".

 

 

La société SCTD planche donc sur la question pendant plusieurs années, avec l'élaboration de plusieurs prototypes, pour aboutir à un système dont la logique est différente de celle de l'aérovoltaïque classique. Denis Leturgie nous dévoile : "L'air n'est pas aspiré à l'extérieur, où il est potentiellement très froid, mais à l'intérieur, là où il est déjà tempéré. La température extérieure influence donc très peu la performance du système et permet de se dispenser d'un 'booster' qui consomme plus de 2.000 W. Même s'il fait -10 °C dehors, les 400 W de la résistance intégrée à la buse de ventilation suffisent". Mais quel est exactement le principe de fonctionnement ? L'entreprise explique être partie d'un panneau solaire classique et avoir créé un caisson isolé peu épais, destiné à récupérer la chaleur des capteurs photovoltaïques. "Nous avons intégré les sondes, développé le cheminement d'air, l'aspiration… La lame d'air prend la quasi-totalité du caisson, tandis que la production d'eau chaude sanitaire est intégrée par le biais d'un serpentin suspendu à l'intérieur, collé à la feutrine du panneau, afin de récupérer la chaleur", poursuit-il.

 

Un montage facilité et un rendement accru

 

Il en résulte un capteur polyvalent qui développe une puissance électrique de 300 Wc et une puissance calorifique d'environ 3.000 W. L'entreprise a travaillé avec un thermicien afin d'obtenir un système qui ne souffle jamais d'air de chauffage inférieur à 30 °C : "Car on perd entre 8 et 10 °C en air pulsé, et un air soufflé à 20 °C donne l'impression à l'utilisateur d'être froid". Et la solution Solar-Clean valorise doublement cette chaleur, à la fois en assurant prioritairement le chauffage en hiver et en assurant plutôt la production d'eau chaude en été. Denis Leturgie assure : "Le système est adapté à toutes les zones climatiques, même si le rendement de production ECS est meilleur dans le Sud. Et il se greffe sur n'importe quelle installation de cumulus, sans changement, juste avec des modifications de tuyauterie". Une installation simplifiée, qu'un artisan habilité à poser des panneaux solaires standard pourra réaliser sans certification particulière. "Même un particulier peut l'installer avec notice", s'amuse le dirigeant de SCTD.

 

Solar-Clean
Schéma de principe © SCTD

 

Mais que se passe-t-il l'hiver en cas de gel ? Ou de besoin soudain d'une plus grande quantité d'eau chaude la nuit ? "Il y a une protection contre le gel avec une vidange automatique du système. Pour l'été, le caisson et les composants sont résistants aux hautes températures. Et le système est automatisé, pilotable grâce à un thermostat digital". Quant à un éventuel problème d'eau dans le capteur photovoltaïque, le spécialiste nous explique : "L'échangeur est d'un seul bloc, afin d'éviter ce risque. Et le caisson dispose de sorties de condensation sous le panneau". Selon son concepteur, un panneau permet de chauffer de 20 à 50 m², suivant le niveau d'isolation du bâti. Bien adapté aux toitures en surimposition, il est également possible de l'installer en façade, et de monter des panneaux en parallèle, afin de séparer les zones de chauffage de l'habitation.

 

Une société en pleine croissance

 

"Solar-Clean est commercialisé depuis un peu plus d'un an et nous avons entre 50 et 60 panneaux installés, un peu partout en France. Nous avons beaucoup de demandes aux Etats-Unis et au Canada, mais il faut faire des modifications techniques pour s'adapter au voltage qui est de 110 V", nous raconte Denis Leturgie. L'entreprise SCTD qui est en cours de négociation avec des distributeurs, compte conserver la haute main sur la production et la politique commerciale de sa marque. Il précise n'avoir bénéficié d'aucune aide et avoir travaillé avec les seuls fonds propres de la société, qui reste une petite entreprise familiale. Il affiche une grande confiance dans sa solution : "C'est un produit costaud qui est garanti 10 ans en totalité. Sa durée de vie estimée est de plus de 20 ans". Diverses options peuvent être ajoutées, comme un pilotage par smartphone ou tablette via un thermostat connecté, ou un étonnant système de rétroéclairage LED des panneaux, parfois demandé par des clients qui les installent en toiture-terrasse.

 

 

Quel sera l'avenir de cette solution ? "Notre objectif, pour 2017, est de fournir 50 à 60 pièces par mois. Pour y parvenir nous procéderons à des embauches et au déménagement de notre atelier vers quelque chose de plus grand. Et nous continuerons à produire notre méthaniseur en parallèle, puisqu'il se développe fortement sur le marché des professionnels - cantines, restaurateurs - et qu'il y a aussi beaucoup de demandes à l'étranger comme au Vietnam, à Cuba, en Afrique", conclut l'inventeur.

 

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