La ville propre et sans voitures n'est pas pour demain, et c'est pour apporter une réponse au problème de la pollution des façades d'immeubles que vient d'être lancé un ambitieux programme de recherche européen.

Il s'agit de mettre au point, à un coût économique acceptable, une méthode d'auto-nettoyage et de dépollution des façades selon un mécanisme chimique connu et dont on a déjà des applications à chaud sur des bâtiments neufs, ont expliqué des responsables de GTM construction, filiale du groupe Vinci, coordinateur de ce programme. Ce dernier regroupe des centres de recherche et des industriels de la chimie, des matériaux et du bâtiment.

Ce mécanisme chimique d'auto-entretien permettrait d'allonger le délai entre les ravalements, et de préserver le patrimoine historique. Les problèmes de pollution des façades se sont aggravés au cours des dernières décennies, en raison de la pollution industrielle et du trafic automobile. Pour le patrimoine bâti, cette dégradation se caractérise par une dissolution de la pierre avec disparition de son "épiderme" par lessivage, ou, pour les les zones protégées de la pluie, par la formation de croûtes noires pouvant aboutir à des cloques ou à l'éclatement. Ces dégradations touchent également les parties métalliques et les vitraux.

Le coût économique engendré par cette pollution est important: on estime à 19,2 euros pour chaque Parisien le coût annuel pour ravaler les façades dans la capitale. Pour des villes comme Prague, où beaucoup d'édifices sont en plâtre, ce coût peut atteindre 115,4 euros par an et par personne.

Baptisé PICADA (Photocatalytic Innovative Coverings Applications for Depollution Assessment), le programme a débuté en janvier et s'achèvera fin 2005 pour un coût de 3,4 millions d'euros, dont 1,4 millions financés par l'UE.

L'objectif est la commercialisation en 2005 d'une gamme de produits (enduits, spray, mortier..) qui seront obtenus après modélisation des phénomènes chimiques observés par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du bâtiment).

Un test sera effectué en 2004 en grandeur réelle sur des façades du village olympique d'Athènes, ville particulièrement touchée par les problèmes de pollution urbaine.

La technique d'autonettoyage repose sur les propriétés photocatalytiques du dioxyde de titane. Ce semi-conducteur est déjà largement employés en raison de sa stabilité, de sa non-toxicité et de sa grande réactivité lorsqu'il est soumis aux rayons ultra-violets. Il a fait récemment l'objet de recherches qui ont abouti à la commercialisation de vitres autonettoyantes. On étudie au Japon ses propriétés anti-bactériennes, qui peuvent être particulièrement utiles (salles de bain, hôpitaux).

Le dioxyde de titane (TiO2) obéit toujours aux mêmes réactions chimiques lors de son exposition aux rayons UV: la substance polluante est absorbée à la surface de l'enduit et vient au contact du TiO2. Le TiO2 absorbe l'énergie des photons issus du rayonnement UV, et les restitue aux molécules d'eau présentes dans l'air pour permettre la création de radicaux libres. Ces radicaux extrêmement réactifs sont des oxydants très puissants qui agissent sur les particules polluantes absorbées. Les produits obtenus sont enfin stockés dans la matrice cimentaire de l'enduit ou lessivés.

De nombreux produits ayant des propriétés autonettoyantes ont déjà été commercialisés. Il s'agit de vitres et de céramiques, fonctionnant grâce à l'action du dioxyde de titane sur les salissures en contact. Mais ces produits ont toujours été appliqués à chaud sur des surfaces neuves, contrairement à ce qui est recherché pour la dépollution de façades existantes.

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