RADIOGRAPHIE. Une étude réalisée par l'Ademe vient proposer une photographie des travaux de rénovation, notamment énergétique, en maison individuelle. Plusieurs enseignements sont à en tirer, le premier d'entre eux étant que les travaux énergétiques efficaces ne concernent qu'un chantier sur quatre.

L'Ademe vient de rendre publics les résultats de sa dernière enquête sur les travaux de rénovation énergétique des maisons individuelles (Trémi). Quelques semaines après la présentation de la campagne Faire, destinée à mieux accompagner les particuliers dans la rénovation énergétique, ces chiffres viennent faire un point sur la situation (il est toutefois à noter qu'ils ont été récoltés auprès du public (1) au printemps 2017, et concernent des gestes de rénovation achevés en 2016).


"Le chemin qu'il reste à parcourir est très important", estime l'Ademe

 

Premier constat, pendant la période 2014-2016, 5,1 millions de ménages en maisons individuelles ont réalisé des travaux, soit 32% du parc de maisons françaises (59,3 milliards d'euros de travaux). Et 260.000 de ces rénovations ont permis un gain énergétique représentant deux classes énergétiques de diagnostic de performance énergétique (DPE) ou plus, soit 5% du total. Une opération sur cinq (20%) a permis de faire gagner une classe de DPE. Les 75% restants n'ont pas vu leur DPE modifié après les travaux. Le coût moyen des travaux pour gagner un niveau sont de 15.900 euros par logement, et de 25.900 euros pour gagner deux niveaux. La plupart des travaux en sont restés à un coût de 9.700 euros (DPE stable). Ces chiffres reflètent le surcoût qui peut exister entre des travaux de rénovation véritablement efficaces énergétiquement et des travaux plus classiques.

 

Cette dernière donnée est à mettre en relation avec l'observation suivante : de nombreux ménages ayant réalisé des travaux, et envisageant d'en refaire à l'avenir, ne passent pas à l'acte. Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont plus les fonds nécessaires.

 

 

Pour l'Ademe, ces résultats ne sont pas vraiment bons, et l'organisme note que "ces observations confirment que le chemin qu'il reste à parcourir est très important pour parvenir à un parc de logements au niveau BBC à l'horizon 2050".

 

Le confort privilégié par les habitants, avant la facture énergétique

 

Quels sont les travaux les plus fréquents ? Le geste de rénovation le plus employé est l'intervention sur les ouvertures (2,73 millions de logements en maison, 16.600 euros de travaux en moyenne), la toiture (2,38 millions de logements, 14.800 euros), les murs (2,22 millions de logements, 11.100 euros), et le chauffage (2,13 millions, 10.400 euros). Les motivations des Français pour lancer des travaux sont, à 80%, de l'ordre de l'amélioration du confort. Faire diminuer la facture énergétique n'est cité que par la moitié des ménages interrogés. Ce qui corrobore le choix du Gouvernement d'angler la campagne de communication Faire sur la question du confort, dans un cadre où les prix de le l'énergie restent relativement abordables, en tout cas pas assez dissuasifs.

 

Pour autant, les particuliers interrogés se montrent satisfaits des travaux effectués, ainsi que de l'intervention des entreprises. "L'enquête Trémi présente un résultat très positif au niveau de la perception des ménages 'après travaux' : 83% des ménages ayant réalisé des rénovations estiment qu'ils ont amélioré le confort thermique de leur logement et 61% observent des réductions des dépenses énergétiques dès la fin des travaux." Et 91% des ménages estiment que les travaux se sont bien déroulés, contrairement à un préjugé tenace remettant en question les compétences des professionnels de la filière. Des progrès restent à effectuer, toutefois, en matière d'évaluation de la qualité énergétique du logement : seulement 64% des entreprises/artisans sollicités ont aidé le client à mieux l'évaluer.

 

En matière d'aides et d'incitations, l'Ademe note que "près de la moitié (44%) des ménages ayant touché au moins une aide déclare qu'elle leur a permis de faire réaliser les travaux par un professionnel ; la plupart étant éco-conditionnés au recours de professionnels RGE (Reconnu Garant de l'Environnement)". "Les aides de l'Anah ont un effet déclencheur plus marqué que les autres : 37% des ménages y ayant eu recours déclarent que l'aide a permis de lancer le projet de travaux, contre 18% en moyenne parmi les ménages ayant touché une aide."

 

L'architecte indépendant, relais de la rénovation énergétique

 

Quelles solutions ? L'Ademe estime que le fait d'embarquer la rénovation énergétique dans les travaux, notamment les très nombreux travaux de dépannage, est la clé, accompagné d'un bon audit énergétique permettant un phasage optimal des interventions. "Intégrer plus fortement la composante énergétique dans les travaux effectués, en commençant par les prioriser et à les réaliser dans le bon ordre, est le vrai challenge." L'agence insiste aussi sur l'importance du rôle des architectes indépendants, qui constituent les interlocuteurs les plus cités par les ménages ayant effectué des travaux de rénovation énergétique très efficaces.

 

L'accompagnement des ménages et la ventilation, deux parents pauvres de la rénovation énergétique
"Seulement 15 % des ménages ayant réalisé des travaux ont bénéficié d'informations et d'accompagnement", note l'Ademe dans son rapport. "C'est peu, et notamment en regard d'un autre résultat de l'enquête Trémi : 36% des ménages ayant réalisé des travaux permettant deux sauts de classe énergétique du DPE ou plus estiment avoir manqué d'accompagnement." Autre axe de progrès envisagé par l'Ademe : mieux informer sur l'importance de la ventilation en matière de confort et de qualité de l'air intérieur.

 

(1) L'enquête Trémi a été réalisée pendant le printemps 2017, en ligne, auprès d'un échantillon représentatif de la population française composé de 29.253 ménages résidant en maison individuelle en France continentale.

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