ACCOMPAGNEMENT. C'est à l'occasion d'une conférence de presse sur la transition écologique post-Covid qu'Arnaud Leroy, président de l'Ademe, a fait le bilan 2019 de son agence mais aussi annoncé une nouvelle signature et de nouveaux projets. Une reconfiguration qui correspond à la volonté de l'exécutif d'accélérer dans le dossier de la rénovation énergétique.

Dans la foulée de l'allocution d'Emmanuel Macron sur la dernière phase du déconfinement sanitaire, l'exécutif semble vouloir négocier un virage plus explicite sur la transition écologique et la rénovation énergétique, et préparerait à ce titre une nouvelle salve de mesures. Lesquelles doivent notamment concerner l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - Ademe -, dont la signature évolue en cette mi-juin 2020 pour devenir l'Agence de transition écologique. Un changement d'appellation qui s'accompagne de nouveaux projets pour cette structure publique qui affirme chapeauter aujourd'hui la majorité des sujets liés au développement durable, aux énergies renouvelables, à la préservation de l'environnement et à l'efficacité énergétique, de surcroît avec une grille d'analyse post-Covid. "L'Ademe est associée, dans l'esprit du public, aux thématiques de l'énergie, des déchets ou encore de la qualité de l'air. Or, si c'est historiquement fondé, il suffit de regarder nos actions pour voir que depuis de nombreuses années nos missions ont évolué et sont de plus en plus variées", explique son président-directeur général, Arnaud Leroy. "Nous nous occupons par exemple de mobilité, d'alimentation durable ; nous nous intéressons au tourisme, au numérique, au logement, à l'adaptation au changement climatique. Notre changement de signature consacre donc ces évolutions : nous sommes bien l'Agence de la transition écologique."

 

 


Quel bilan pour l'Agence en 2019 ?

 

L'année dernière s'est traduite par "une forte hausse de l'activité" pour la structure publique : 674 millions d'euros ont pourvu le "budget incitatif" (en hausse de 73 millions par rapport à 2018), c'est-à-dire des allocations en faveur de projets de transition écologique, ceci par le biais d'une douzaine de programmes et avec trois cibles - les entreprises, les collectivités et le grand public. D'après l'Ademe, 24 des 27 indicateurs du Contrat d'objectifs et de performances de la période 2016-2019 ont été atteints voire dépassés. Par exemple, 390.000 logements ont bénéficié d'un système de chauffage aux énergies renouvelables.

 


Lancement d'une nouvelle plateforme de services

 

La structure, qui compte sur un millier de collaborateurs et un budget de 700 millions d'euros, estime donc être en position de force pour "prendre en compte des thématiques très différentes mais interdépendantes" et pour "fédérer l'ensemble des acteurs" concernés. Un Contrat d'objectifs et de performances couvrant la période 2020-2023 et conclu avec l'Etat vient officialiser cette nouvelle dimension de l'Ademe en réaffirmant ses principales missions, de l'accompagnement des collectivités territoriales au soutien à la recherche et à l'innovation, en passant par la poursuite de la transition écologique.

 

Pour y parvenir, une accélération de la transformation numérique est aussi à l'ordre du jour, avec la mise en place d'outils informatiques visant à simplifier les procédures administratives. "Une nouvelle plateforme numérique de services, déployée dans les prochains jours, va permettre par exemple le dépôt dématérialisé de demandes de subventions", poursuit Arnaud Leroy. "Cette plateforme dénommée 'Agir pour la transition écologique' facilitera aussi l'accès à nos conseils et à l'information, autant pour le grand public que pour les collectivités ou les entreprises." Une feuille de route réactualisée qui doit également s'efforcer de prendre en compte les conséquences sanitaires, économiques et environnementales de la pandémie de coronavirus, avec ce qu'elle implique comme évidences mais aussi comme contradictions.

 

"La période post-Covid peut être celle de l'accélération de la transition écologique. Je ne crois pas à une révolution mais à une transformation progressive mais néanmoins profonde. Je préfère l'action à l'incantation. Dans un de nos récents baromètres, nous observions que les jeunes, qui placent l'environnement comme la première de leurs préoccupations, sont aussi les premiers consommateurs d'e-commerce et des adeptes du transport aérien à bas prix. Les actes ne correspondent pas toujours au discours. Le rôle de l'Ademe est d'accompagner le changement en proposant des alternatives." - Arnaud Leroy, président de l'Ademe

 

Un accompagnement renforcé des petites entreprises

 

Dans le domaine de la rénovation énergétique, l'Ademe lance ce 18 juin "un nouveau volet de la campagne Faire", aux côtés des ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et de l'Agence nationale de l'habitat. Une nouvelle campagne de communication destinée à inciter les Français à se lancer dans des travaux de réhabilitation de leurs logements, en mettant notamment en avant la qualification des conseillers dédiés ainsi que l'aide "Ma prime rénov'", lancée en janvier dernier mais dont les recours semblent peiner à décoller, même si le Gouvernement se dit satisfait des chiffres.

 

 

L'occasion a également été donnée à l'Agence de revenir en détails sur les différents dispositifs d'accompagnement dont elle est à l'origine ou auxquels elle apporte son soutien. Ainsi, l'initiative ACT (pour "Assessing low carbon transition") permet d'évaluer les stratégies bas-carbone des entreprises, toutes tailles de structures et tous secteurs d'activités confondus. Le 5 juin, la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a par ailleurs dévoilé "un plan global d'accélération de la transition écologique des TPE-PME" : portée par BPI France et l'Ademe, une batterie de mesures s'adresse aux petites structures pour les aider à diagnostiquer, financer et accompagner leurs projets de transition. L'Agence participe plus particulièrement à cinq mesures, à commencer par le dispositif "Diag éco-flux", qui met à disposition des PME et des artisans des bureaux d'études spécialisés "en optimisation de flux (énergie, eau, matières et déchets) afin d'identifier des pistes d'économies concrètes et mesurables".

 

Autre exemple : le Prêt vert, "garanti et bonifié grâce au concours financier de l'Ademe", qui permet de co-financer les investissements des TPE, PME et ETI "visant à maîtriser et diminuer les impacts environnementaux des procédés". Enfin, une seconde promotion de "l'Accélérateur transition énergétique" sera lancée en 2021, toujours dans le cadre du Comité stratégique de filière "Industries des nouveaux systèmes énergétiques". Mais l'Ademe a parallèlement déployé un "Accélérateur de transition", dont le but est d'accompagner les entreprises de tous les secteurs d'activité dans la réalisation de leurs projets de transition écologique tout en sécurisant leur développement économique. Dès cette année, une vingtaine de sociétés devraient être accompagnées, notamment dans les secteurs de l'immobilier, des transports et de l'énergie.

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