Avant même d'acheter leur maison, l'architecte Claire Dupriez et son mari savaient déjà qu'ils en feraient une demeure où les vieilles pierres côtoieraient des volumes contemporains. Leur acquisition, rénovée, réinvente la façon de concevoir l'habitat en proposant une nouvelle écriture architecturale. Cette belle réalisation démontre que passé et présent ne sont pas antagoniques mais offrent, bien au contraire, lorsqu'ils sont réunis, un équilibre parfait.

"Dans ce projet, j'ai à la fois été maître d'oeuvre et maître d'ouvrage", raconte Claire Dupriez. Dès le départ, les futurs propriétaires savaient exactement ce qu'ils voulaient : "Une maison ancienne, située en centre-ville et que nous pourrions transformer en un loft contemporain", retrace l'architecte. Et d'ajouter : "L'habitation devait également disposer d'une partie ouverte sur une cour ou un jardin". Sachant pertinemment que l'acquisition ferait l'objet d'importants travaux de restructuration pour réaliser leur souhait de loft, le couple alla donc à la recherche d'une maison... "en mauvais état" !

 

Et c'est au cœur du centre historique de Rennes que la famille Dupriez a trouvé son bonheur, une ancienne maison bourgeoise datant de 1885. «Elle était dans un état pitoyable et avait la mérule qu'on appelle communément la lèpre du bâtiment, un champignon qui apparaît lorsque trois conditions sont réunies en même temps : l'obscurité, la chaleur et l'humidité». Un diagnostic a alors été réalisé sur toute la demeure, qui a révélé deux endroits atteints, mais une structure, restée, elle, parfaitement saine. Les travaux ont débuté en novembre 2010, avec un objectif clair : intégrer, par juxtaposition, des styles anciens et contemporains.

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Libérer les espaces

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
Dans un premier temps, les nouveaux propriétaires se sont eux-mêmes chargés de la petite démolition : "Nous avons cassé toutes les cloisons, enlevé les anciens revêtements : papier-peint, lino et même des plaques d'amiante, en nous protégeant à l'aide de masques", raconte l'architecte. Le couple a, en revanche, décidé de conserver les éléments qui font l'identité et le charme de la maison d'origine : les menuiseries en bois, les volets intérieurs à battants et les murs en pierre apparente, tout comme, à l'extérieur, les façades en pierre de schiste au nord et l'enduit à la chaux au sud. De même, le bel escalier desservant tous les niveaux, "C'est assez rare, car à l'époque, fin du XIXe, les escaliers menant aux combles étaient séparés de ceux du premier niveau et d'une essence moins noble".

 

Après s'être libérée des cloisons superflues ainsi que des murs porteurs - repris par des poutres IPN, volontairement conservées apparentes - la maison, d'une surface de 235 m2, accueille de grands espaces reliés les uns aux autres. Au rez-de-chaussée, sur 65 m2, une entrée dessert une salle à manger, une salle de jeux pour les enfants et une cuisine, réalisée sur une double-hauteur afin de communiquer avec le premier étage.

 

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Créer des volumes contemporains

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
Pour les propriétaires, la contemporanéité s'est traduite par deux éléments essentiels : la création d'une extension et d'une surélévation. Imposante, la cuisine est sans conteste la pièce maîtresse de la maison, elle en est le centre névralgique, qu'une immense baie vitrée vient illuminer.

 

Avec ses 3.50 m sur 5.50 m de hauteur, elle constitue la première particularité voulue par les propriétaires : l'extension. "Nous l'avons principalement réalisée afin d'apporter de la lumière, car de ce côté, exposé plein nord, nous avons une terrasse qui donne sur la cour", explique Claire Dupriez. Avec un gain de surface de 8 m2, cette extension apporte une emprunte résolument contemporaine à la maison. Cubique, elle est, à l'extérieur, bardée de bois, du mélèze posé à claire-voie et qui tranche par son aspect contemporain tout en dialoguant harmonieusement avec les pierres de la façade. Par ailleurs, l'alliance du bois, du verre et du métal rend le volume aérien et léger. "Grâce à la baie vitrée, nous vivons en permanence dehors", se réjouit la propriétaire.

 

Au premier étage, une mezzanine accueille un salon de 28 m2, prolongé par une passerelle métallique qui "casse le côté technique de la cuisine car elle permet un dialogue permanent avec le salon", se satisfait le maître d'ouvrage. Un peu plus loin, la chambre parentale, une salle de bains attenante et un dressing ont été aménagés.
Le deuxième étage est, lui, entièrement dédié aux enfants et aux amis, quatre chambres, "divisées selon les murs porteurs", une salle de bains et une buanderie se répartissent l'espace.
Enfin, le troisième étage et dernier niveau, est un "plateau libre", accueillant la deuxième particularité de la maison : la surélévation, un gain de place de 65 m2 où l'architecte a installé son bureau, un atelier de peinture ainsi qu'un coin télévision.

 

Grâce à des matériaux légers et modernes - menuiseries en aluminium laqué anthracite, bois, panneaux stratifiés de couleur rouge brique, et zinc quartz - les deux volumes réalisés pour apporter une touche contemporaine à la demeure créent deux entités distinctes qui se répondent et cohabitent avec le bâti existant, sans s'imposer.

 

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Rénovation durable

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
Pour les propriétaires, la contemporanéité passe également par une rénovation durable et performante d'un point de vue énergétique. Ils ont ainsi choisi d'employer des matériaux écologiques répondant aux exigences du label BBC (Bâtiment basse consommation) tels que la laine de bois et des enduits à la chaux naturelle. Toutes les fenêtres disposent d'un double vitrage, voire d'un triple pour la grande baie vitrée. Pour le chauffage, le couple a opté pour un plancher chauffant, au rez-de-chaussée, tandis que le salon dispose d'un petit poêle à bois. Le bardage, dont l'essence est particulièrement résistante, n'a, quant à lui, pas été traité.

Une autoconstruction

Pour des raisons de coûts, une partie des travaux a été réalisée en auto-construction. Les propriétaires ont par exemple posé eux-mêmes les revêtements au sol : le rez-de-chaussée dispose ainsi d'un carrelage en grès cérame imitation schiste, tandis que le premier étage accueille un parquet en chêne massif, d'origine, et qu'il a fallu restaurer. De même, un parquet en sapin, d'origine lui aussi, a été conservé aux étages suivants et peint en gris afin d'apporter une touche contemporaine.

 

En créant des volumes contemporains se distinguant de l'édifice originel, Claire Dupriez invente une nouvelle écriture architecturale où passé, présent et futur se rejoignent pour créer un dialogue original et particulièrement réussi.

 

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Réinventer

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
La création d'une surélévation visait à réaliser un espace de 65 m2 destiné à accueillir l'agence de l'architecte, son atelier de peinture ainsi qu'un coin télévision.

 

Havre de tranquillité perché au quatrième niveau, il dispose d'une architecture particulièrement contemporaine que des vitrages type "verrière d'atelier" viennent renfoncer.

Identité

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
Par endroits, la pierre apparente a été remise à nu comme ici, dans le salon, qui disposait par ailleurs, à l'origine, un parquet en chêne massif que les propriétaires ont souhaité conserver.

 

"Pour ce faire, nous avons acheté 10 m2 de parquet ancien afin de restaurer le revêtement d'origine", raconte Claire Dupriez.

Lumière

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
La cuisine, centre névralgique de la maison est un véritable puits de lumière grâce à cette majestueuse baie vitrée qui s'étend sur une double hauteur, reliant ainsi au salon.

 

La cuisine suit le mouvement pour dialoguer avec l'ensemble des pièces.

Niveaux

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Matthieur Chanel
La maison dispose, qui s'étend sur quatre niveaux en tout, est éclairée à l'aide se spots encastrés, à variateurs de lumière, afin de moduler les ambiances en fonction de ses besoins.

 

Un grand luminaire installé au-dessus la cuisine renforce l'impression de puits de lumière.

Le premier étage

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Matthieu Chanel
Dans toutes les pièces de la maison, les propriétaires ont opté pour une décoration moderne et sobre, le blanc et le gris clair, une couleur neutre, dominent.

Une dominante gris-clair

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Matthieu Chanel
Le salon a volontairement été installé au premier étage afin d'en faire un lieu "cosy", à l'écart du rez-de-chaussée, mais tout de même relié à la cuisine, véritable pièce à vivre, grâce à une passerelle.

Sobriété

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
Tous les murs porteurs ont été ouverts pour rendre la circulation dans la maison fluide, à la place, l'architecte a choisi d'installer des poutres IPM, volontairement laissées apparentes.

Passerelle

Maison DPLG / Rennes / reportage
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La grande baie vitrée s'étire sur deux niveaux et donne sur la terrasse en bois, donnant elle-même sur la cour.

Le salon

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Michel Ogier
Dès le départ, l'objectif était d'intégrer un loft contemporain dans cette ancienne maison bourgeoise, située dans le centre historique de Rennes.

Un parquet conservé

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Maison DPLG / Rennes / reportage © Matthieu Chanel
Avant l'achat, la maison était inhabitée depuis un an.

 

Hormis deux endroits atteint par la mérule, la structure de la maison (charpente et murs) était parfaitement saine.

Salon

Maison DPLG / Rennes / reportage
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Les éléments à la ligne moderne s'allient ici très bien aux vieilles pierres apparentes.

Perspective

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Michel Ogier
L'apport de lumière est un élément particulièrement important et présent dans la maison.

L'escalier

Maison DPLG / Rennes / reportage
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L'escalier d'origine, en bon état, a été conservé.

 

La peinture grise apporte une touche contemporaine, tout en marquant ce "fil conducteur" menant à tous les niveaux de la demeure.

Chambres

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Michel Ogier
Toutes les chambres disposent d'une surface allant de 9 à 14 m2 et ont été réalisées en fonction des murs porteurs.

Atelier

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage © Michel Ogier
La surélévation accueille le bureau l'agence de l'architecte, son atelier de peinture et un coin télévision.

Lumineux

Maison DPLG / Rennes / reportage
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Réalisés selon les exigences du label BBC (Bâtiment basse consommation), les deux volumes contemporains définissent une nouvelle écriture architecturale sans s'imposer dans l'identité originelle de la maison.

Contemporain

Maison DPLG / Rennes / reportage
Maison DPLG / Rennes / reportage
L'architecte a réussi à faire dialoguer harmonieusement les vieilles pierres avec des volumes résolument contemporains.

 

Atelier Claire Dupriez
www.dupriez-architecte.fr