La bagarre judiciaire du Stade Pierre-Mauroy (Nord), attribué au groupe de BTP Eiffage et signé en PPP, est relancée : la Métropole européenne de Lille (MEL) a été mise en examen, le 15 novembre 2016, en tant que "personne morale", a signalé le parquet ce vendredi. L'enquête a été confiée à la brigade financière de la police judiciaire de Lille.

Commencée en 2010, la bataille judiciaire du Stade Pierre-Mauroy (Nord), attribué au groupe de BTP Eiffage et signé en PPP, est relancée ce lundi 28 janvier 2016 avec la mise en examen pour favoritisme de la Métropole européenne de Lille (MEL), rendue publique, vendredi 25 novembre 2016.

 

 

"La MEL a été mise en examen le 15 novembre 2016 en tant que personne morale", a déclaré un porte-parole du parquet à l'AFP, confirmant une information de La Voix du Nord. Elle n'a pas été placée sous contrôle judiciaire, précise la Justice. L'enquête, placée sous la direction des juges d'instruction, (Ndlr : Jean-Michel Gentil et Pascal Gastineau), a été confiée à la brigade financière de la police judiciaire de Lille.

 

Vers un procès ?

 

Précisons que le 11 août 2014, la juge lilloise Fabienne Atzori concluait, dans son ordonnance, à une prescription de l'affaire au terme de plusieurs mois d'enquêtes. Les magistrats de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Douai viennent de contredire cette décision.

 

Rappel des faits : le projet du grand stade de Lille, inauguré à l'été 2012, a été développé sous les présidences successives à la communauté urbaine de Lille de Pierre Mauroy et Martine Aubry. L'enceinte ultramoderne de 50.283 places construite par le groupe de BTP Eiffage, héberge principalement les matches à domicile du LOSC, club de football de Lille, et a accueilli des matches de l'Euro-2016.

 

Une information judiciaire avait alors été ouverte, le 1er octobre 2012, sur les conditions d'attribution du chantier au groupe de BTP Eiffage, à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction déposée en décembre 2010 par Eric Darques. Cet ancien élu (RPF) de Lambersart (Nord) disait vouloir comprendre pourquoi le chantier avait été attribué à Eiffage, dont le projet présentait pourtant un surcoût de 108,5 millions d'euros par rapport à celui du consortium Norpac-Bouygues.

 

Martine Aubry n'était pas présidente de la MEL au moment de ces choix" d'attribution

 

"Martine Aubry n'était pas présidente de la MEL au moment de ces choix d'attribution", a souligné vendredi un porte-parole de la maire de Lille à l'AFP. Cette dernière, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire. Martine Aubry avait pris la tête de la collectivité en avril 2008. De source policière, l'ex ministre du Travail n'aurait pas été entendue dans cette affaire et des perquisitions auraient eu lieu en octobre 2015 tant à la MEL qu'au siège d'Eiffage à Paris.

 

Enfin, elle avait confié, le 13 octobre 2016, lors de sa conférence de rentrée que le stade "était une belle vision de Pierre Mauroy, une fois de plus". "Il y a eu une assemblée générale et tout le monde a voté le projet à l'unanimité sauf les Verts. Quatre mois après, j'ai été élue présidente (de la MEL) et j'ai renégocié avec le LOSC, avec Eiffage, en allant chercher l'argent de l'Etat, de la Région, en allant chercher des mécénats", avait-elle raconté.

 

 

De son côté, s'il se disait "satisfait", Eric Darques, a regretté vendredi auprès de l'AFP, que la mise en examen ne "concerne (qu')une personne morale". "Il va falloir aller chercher au-delà, car derrière la MEL, il y a des hommes et des femmes, des élus", a-t-il relevé. "Il n'y a que des suspicions, pour le moment je reste parfaitement sereine, la Métropole aussi", a de son côté, réagi Florence Rault, avocate de la MEL.

 


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