Après une première vague d'installations non maîtrisée dans les années 1980, le solaire thermique est aujourd'hui une technologie aboutie, respectueuse de l'environnement et économiquement intéressante. Pierre Mas, référent technique de Qualit' EnR, revient pour Batiactu sur les avantages de cette solution et sur les erreurs à éviter lors de l'élaboration de son système.

Après les chocs pétroliers des années 1970, les pays européens se sont penchés sur des technologies énergétiques alternatives. Le solaire thermique fait partie de celles-ci : elle consiste à recueillir l'énergie du rayonnement solaire et à la transmettre à un fluide caloporteur (gaz ou liquide). La chaleur transmise est utilisée pour réchauffer un réservoir d'eau ou pour alimenter un dispositif de chauffage par le sol. Le procédé permet de couvrir environ 50 % des besoins annuels en eau chaude et d'apporter un complément de chauffage. « Une première vague d'installations a eu lieu au début des années 1980. Mais elle était non maîtrisée et beaucoup d'installations ressemblaient à du bricolage », nous explique Pierre Mas, couvreur plombier chauffagiste, spécialiste du solaire thermique et membre du bureau de Qualit'EnR. « D'où des contreperformances et des installations de moindre qualité ».

 

Tirant les enseignements de ce premier échec, l'Ademe lance, en 1999, le plan Helios 2006 avec pour objectif d'implanter durablement l'énergie solaire en France. Les produits et procédés de mise en œuvre sont alors mieux encadrés et les systèmes agrémentés par le CSTB. Les aides ne sont alors versées qu'aux utilisateurs de matériels performants. « Avec la hausse des prix de l'énergie et les aides apportées par les conseils régionaux, le solaire thermique connaît alors un certain engouement », poursuit Pierre Mas. « La technologie, dans les années 1990, reposait sur des capteurs plans classiques. Puis sont apparus les capteurs sous vide, avec ou sans caloduc. Quelques tentatives de capteurs à air ont également été menées. Mais il s'agit d'une technique non courante, risquée pour un installateur car elle a besoin d'être bien maîtrisée ».

 

Un rendement qui dépend de très nombreux facteurs
« L'amortissement des installations est la première question posée par les clients », constate l'installateur. « Le retour sur investissement doit être rapide, en 4 ans. Il s'agit donc d'une logique économique et non pas écologique », déplore le professionnel. « Pourtant, avec le solaire thermique, le rendement dépend de très nombreux facteurs : la localisation géographique, l'orientation et la pente de la toiture, la technologie choisie, la gestion des appoints et… la consommation d'eau chaude ! Si l'utilisateur ne tourne jamais le robinet, l'installation ne sera jamais rentabilisée ». Des logiciels permettant de simuler sa future installation sont disponibles mais les conseils de l'entreprise ou de l'artisan chargé de l'installation restent primordiaux. Il conviendra notamment de faire attention aux ombres portées et aux toitures non adaptées. « Il sera peut être nécessaire de renoncer et de choisir une autre technologie plus adaptée que le solaire thermique ».

 

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