Alors que la France recense déjà quelque 205.000 compteurs intelligents, il est prévu selon une directive européenne, que les boîtiers intelligents soient installés chez au moins 80% des usagers d'ici à 2020 - un décret du 2 septembre 2010 rend «obligatoire leur mise en place en France et établit un calendrier», précise l'association CLCV - le Gouvernement parle lui de «décret 'organisationnel' qui ne décide pas à ce stade de la généralisation du remplacement des compteurs existants». Le déploiement doit être décidé à la fin de la phase d'expérimentation au premier semestre 2011. Le ministre de l'Energie, Eric Besson, doit installer en mai un comité de suivi qui «permettra de tirer les enseignements de cette première phase de déploiement avant la décision de généralisation ».

 

Sans conteste, le marché ne peut plus ignorer les Smart Grids. Une aubaine pour les start-up qui se sont spécialisées dans le secteur mais aussi pour les acteurs de l'informatique, des télécommunications ou encore les intégrateurs. Quant aux entreprises traditionnelles comme les équipementiers de l'énergie et les utilities, elles devront faire avec.

 

Dans les années à venir, l'intelligence des réseaux entraînera la relève automatique des compteurs communicants à distance, une facturation dynamique et en temps réel de la consommation du client ou encore la gestion préventive du réseau afin de limiter les coûts de maintenance. Des avancées qui vont changer le modèle actuel notamment pour les fournisseurs d'énergies qui se développeront autour de nouveaux axes, soit ceux des services et de la gestion de la consommation d'énergie.

 

En outre, les Smart Grids ne se limiteront pas aux seuls compteurs intelligents, ils toucheront aussi les réseaux du gaz et de l'eau. On peut donc facilement imaginer un système contrôlant et pilotant un quartier doté d'immeubles à énergie positive. Mieux, une ville ou un pays tout en entier. Certaines entreprises ont bien compris l'enjeu et se sont saisis de la question. Ainsi, l'étude Alcimed cite l'exemple d'Alstom qui souhaite se lancer dans la gestion énergétique de quartiers et de bâtiments à énergie positive. Le constructeur ferroviaire envisage une relation de Peer to peer de l'énergie, à savoir chaque construction produirait de l'énergie et pourrait la revendre.

 

Enfin, ce réseau intelligent pourrait également s'immiscer à l'intérieur des maisons via les appareils ménagers équipés de puces communicantes. Des habitats du futur «où la moindre consommation sera identifiée, suivie de près et reportée au propriétaire via une alerte Smartphone indiquant par exemple une plaque de cuisson ou un radiateur non éteint». Et la possibilité de rectifier le tir à distance.

 

Attention tout de même, il reste du chemin à parcourir car cette nouvelle technologie pourrait se heurter à quelques réticences, notamment de la part des consommateurs, frileux sur les questions de confidentialité. «L'échange et la circulation d'informations n'est pas sans incidence sur la vie privée, comme le montre Internet», tempère d'ailleurs Alcimed.

 

Si la technologie n'en est qu'aux prémisses, une dizaine de projets sont actuellement en cours à travers le monde, dont 7 aux Etats-Unis. Le processus semble bel et bien enclenché.

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