L'air que nous respirons n'est pas toujours de bonne qualité et les sources de pollution sont nombreuses : matériaux de construction, meubles, peintures… C'est ce qu'on appelle la pollution de l'air intérieur. Mais obtenir une bonne qualité de cet air n'est pas une chose facile. L'occasion de faire un point avec Gabriel Bajeux, chef du service des Affaires Technique et Professionnelles de la Capeb.

Batiactu : Les bâtiments sont-ils tous pollués de la même manière ?
Gabriel Bajeux : Non, les bâtiments ne sont pas tous pollués de la même manière. Et je dirai même que les bâtiments sont assez peu pollués d'une manière générale et qu'ils restent encore un lieu protecteur pour l'homme. Mais ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est transformer ce lieu en un endroit trop clos, trop étanche, imperméable à l'air, mal ventilé et mal régulé.
Les bâtiments ne sont donc pas intrinsèquement pollués, mais ce sont les apports de pollution qui dépendent à la fois des matériaux de construction, du mobilier, des équipements techniques, des produits d'entretien et surtout de la présence humaine, qui vont finalement détériorer la qualité de l'air intérieur et le rendre plus nocif voire très allergisant. Il faut savoir que les pollutions sont souvent apportées par l'homme lui-même dans sa vie quotidienne avec les produits d'entretien, les parfums d'intérieur, les bougies, sans oublier les émanations de carbone liées à la cuisson des aliments dans une poêle. L'OQAI* a aussi montré l'existence de forte pollution d'air intérieur dans les cas où le garage est attenant aux lieux de vie. Le renouvellement de l'air dans les locaux a évidemment beaucoup d'importance.

 

Batiactu : Qu'est ce qu'un air de qualité ?
Gabriel Bajeux : C'est un air dont la température et l'hygrométrie sont maîtrisées. En effet, si votre air est trop froid, vous allez avoir mal à la gorge, et si l'air est trop chaud, vous allez avoir un sentiment d'inconfort. L'hygrométrie est vraiment indissociable de la température.
De plus, une fois que vous avez contrôlé son taux d'humidité et sa température, il faut que l'air soit exempt d'allergènes ou de produits nocifs. Si on ne fait pas attention, on risque de se retrouver dans un vrai bouillon de culture !

 

Batiactu : On parle beaucoup du cas particulier du radon, qu'en est-il exactement ?
Gabriel Bajeux : Le radon est un gaz radioactif naturel, inodore et incolore, qui est plus lourd que l'air et que l'on retrouve sur la surface de la terre. Il s'accumule donc dans les parties basses et provient de la désintégration du radium. Sa concentration varie selon la nature géologique du sol. Il émane surtout des sous-sols granitiques et volcaniques, c'est pourquoi les régions les plus concernées sont la Bretagne, la Corse, le Massif Central et les Vosges.
De plus, c'est aujourd'hui en France la première cause de mortalité due à la radioactivité d'origine naturelle et il est responsable d'environ 2.000 décès par cancer du poumon chaque année. Mais c'est une source de radioactivité naturelle sur laquelle on peut agir. En effet, si une bonne ventilation et l'absence de zones confinées permettent de réduire les concentrations de radon, on peut également, dès la conception d'une maison ou d'un bâtiment, mettre en place une bâche étanche anti-radon. A noter que la France a fixé deux seuils de vigilance, un de 400 Bq/m3 et un autre de 1.000 Bq/m3*.

 

Batiactu : Qu'est ce que la norme internationale ISO 16814 ?
Gabriel Bajeux : La norme ISO 16814 est une norme qui concerne la conception des bâtiments. En effet, il est utile de se préoccuper de tout ce que nous venons de préciser, mais cette norme est très importante dès la conception. L'ISO 16814 a donc pour objectif de spécifier des méthodes permettant d'exprimer la qualité de l'air intérieur adapté à une occupation humaine en permettant plusieurs niveaux cibles acceptables selon les exigences locales, les contraintes et les attentes.
Cette norme s'applique à la conception des bâtiments neufs et à leurs systèmes ainsi qu'à la réhabilitation de bâtiments et de systèmes existants, aux environnements intérieurs dans lesquels le principal souci est celui des occupants humains, aux bâtiments intégrant toute combinaison de ventilation mécanique et naturelle et aux bâtiments commerciaux et institutionnels. En revanche, elle ne s'applique pas aux bâtiments résidentiels, ni aux bâtiments industriels.
Enfin, un grand nombre de facteurs ont une incidence sur la perception et l'acceptation de la qualité de l'air intérieur par les occupants, par exemple la température de l'air, l'humidité, les bruits, les odeurs, l'éclairage et le stress psychologique. La sensibilité et les préférences varient ainsi largement au sein de la population.

 


Bq/m3 : Taux de becquerel, valeur du taux de radioactivité
OQAI : Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur

 

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