CLIMAT. Depuis Katowice en Pologne, où se tient la COP 24, l'ONU Environnement a appelé à "prendre des mesures radicales afin de permettre au secteur mondial du bâtiment et de la construction de réduire son empreinte carbone".

Alors que le secteur du bâtiment et de la construction est, avec les transports, l'un des plus mauvais élèves en matière de réduction d'empreinte carbone, l'ONU Environnement estime pourtant qu'il "détient un énorme potentiel inexploité de réduction des émissions". Le bureau onusien s'appuie sur un récent rapport rédigé avec l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction et l'Agence internationale de l'énergie.

 

Encore trop pollueur et énergivore, le secteur du bâtiment dégage à lui seul "39% des émissions totales de CO² liées à l'énergie" et consomme "36% de l'énergie finale". "Il est essentiel que notre travail lié au secteur des bâtiments et de la construction change radicalement au cours des deux prochaines années", juge Joyce Msuya, directrice exécutive par intérim de l'ONU Environnement.

 

Boom de la construction en Afrique et en Asie

 

L'organisation préconise d'ailleurs un regard attentif sur les continents africain et asiatique, qui vont connaître une augmentation conséquente de nouveaux bâtiments dans les années à venir. "Cette croissance rapide remettra en cause l'objectif d'amélioration de l'intensité énergétique des bâtiments de 30% d'ici 2030", en écho à l'Accord de Paris de 2015.

 

L'étude présente néanmoins des points d'avancée, estimant que "les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments et de la construction pourraient avoir atteint un plafond ces dernières années". L'organisation cite pêle-mêle les gains d'efficacité énergétique accumulés dans les domaines du "chauffage, l'éclairage et la cuisine", et la hausse du recours aux énergies propres pour alimenter les bureaux et logements. Mais le combat est encore loin d'être gagné, alors que les taux d'investissement sur l'efficacité énergétique tendent à ralentir.

 

Si le taux d'investissement dans l'efficacité énergétique a connu une croissance de 4,7% en 2017, il reste légèrement au-dessus des dépenses mondiales du secteur du bâtiment et de la construction, demeurant ainsi un axe minoritaire des stratégies d'investissement.

 

La France sur le podium des investissements

 

Le rapport cite néanmoins des exemples encourageants de politiques publiques menées en faveur de l'efficacité énergétique, comme en Chine, en Allemagne ou en France. L'hexagone affiche "le deuxième plus important investissement annuel dans l'efficacité énergétique des bâtiments en Europe", par le biais des crédits d'impôts, des prêts et réglementations liés à la rénovation énergétique et à la construction de bâtiments à basse consommation.

 

Au-delà des investissements trop timides, les auteurs de l'étude pointent d'autres ralentisseurs plus concrets. Si les pompes à chaleur, les changements de fenêtres, les isolations et l'utilisation de matériaux moins énergivores ont permis de réduire la facture de CO², "l'utilisation croissante des climatiseurs" est un point noir qui ne cesse de grossir. En effet, la consommation liée au "refroidissement des locaux" a augmenté de 25% depuis 2010, correspondant à 1,6 milliard d'appareils qui ne sont pas forcément installés "dans les pays les plus chauds de la planète".

 

Le rapport note que "l'augmentation de la demande de refroidissement exerce une pression accrue sur la production d'électricité et était responsable de 15% de la charge de pointe moyenne mondiale en 2017".

 

Pistes de solutions

 

L'utilisation de ces appareils consommateurs d'énergie et émetteurs de gaz à effet de serre croît proportionnellement avec les records de températures dans certaines parties du globe. Mais l'ONU Environnement rappelle nombreuses recherches en cours sur de nouveaux outils de refroidissement avec peu d'impacts sur l'environnement.

 

Ces futures technologies, estime le rapport, ne pourront être pérennisées qu'au moyen de traités internationaux dont "l'entrée en vigueur de l'amendement de Kigali au Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone". Ce texte signé en 2016 dans la capitale rwandaise, fixe des objectifs de réduction puis d'élimination des hydrofluorocarbures selon trois tranches de pays (en fonction de leur niveau d'industrialisation) et d'échéances temporelles.

 

Parmi les pistes de solutions plus globales, le rapport pointe "le rôle des plans d'action nationaux sur les changements climatiques" dans leur capacité à "susciter une décarbonisation plus ambitieuse des secteurs" par l'instauration de nouvelles réglementations et certifications.

 

Ces nouvelles normes et règles de construction pourront également répondre au besoin croissant de construire des bâtiments plus résilients "aux changements climatiques et aux événements extrêmes". Il cite en exemple "un nombre croissant de gestionnaires d'actifs immobiliers (qui) recensent maintenant les risques climatiques auxquels font face leurs immeubles dans leurs plans nationaux d'adaptation".

 

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