Le projet de rénovation du site des anciennes pompes funèbres parisiennes, destiné à devenir un centre de création culturelle, a été dévoilé vendredi 28 mai. L'Atelier Novembre a été chargé de redonner vie à ce corps inerte, devant Paul Chemetov et Reichen et Robert.

Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis janvier 1997, cet ensemble de bâtiments daté de 1874 est un témoignage de l'architecture industrielle du XIXe siècle. Surnommé le « 104 » de part sa localisation au numéro 104 de la rue d'Aubervilliers à Paris (19ème arrondissement), cet ensemble immobilier de 26.000 m2 se compose de deux grandes halles de pierre avec charpentes métalliques, comprenant à l'origine des écuries et des garages pour les corbillards.

Habituée à travailler sur des projets de réhabilitation culturelle, l'équipe de l'Atelier Novembre (Jacques Pajot et Marc Essepi, architectes) présente un projet ouvert sur la ville. La transversalité du site est mise en valeur par la création d'une longue allée de 70 m, séquencée par des commerces, deux salles de spectacles (200 et 400 places), et des ateliers.
D'une grande souplesse dans l'utilisation des différents espaces offerts par le bâtiment, ce projet entre en résonance avec l'ambition de la Ville de Paris de voir naître un lieu de culture vivante au Nord-Est de la capitale. Prenant exemple sur une nouvelle génération d'équipements comme le Lieu Unique à Nantes ou les récentes Maisons Folie de la Région Nord, l'opération souhaite favoriser le dialogue entre l'art, la culture et la ville, sans être un « ghetto pour artistes ».

Interdisciplinaire, le site du « 104 » offrira aux artistes de tous bords - théâtre, danse, arts de la rue et du cirque, musique, arts plastiques - des espaces de travail et de production adaptés aux exigences contemporaines de la création. Les locaux, comprenant des résidences, pourront accueillir simultanément une dizaine d'équipes.
En complément du service public culturel, une partie des espaces (2.000 m2) sera dévolue à des activités économiques, qui favoriseront la venue d'un large public et des habitants du quartier (boulangerie, Poste, librairie, restaurants...).

« Ravis d'être retenus » pour ce projet, Jacques Pajot et Marc Essepi ambitionnent de créer un équipement, acteur de dynamisme, ancré dans le territoire. De l'urbain à l'architecture, le parti de la réhabilitation se fonde sur les critères de simplicité, de rusticité et de souplesse d'usages.
« Ne voulant et ne pouvant refaire tout à neuf, nous avons à coeur de perpétuer la rusticité originelle de ces espaces en gardant et prolongeant les matériaux en l'état », expliquent les architectes. « La mise en situation de matières, de couleurs, de lumières jouera sur les contrastes (chaud/froid, clair/obscur, histoire/modernité) dans le but d'instaurer un dialogue, une dynamique et une ouverture à ce grand corps aujourd'hui inerte », ajoutent-ils.

Pour Jean-François Danon, Directeur du Patrimoine et de l'Architecture de la Ville de Paris, ce « très beau projet » représente « la meilleure mise en valeur du patrimoine car rien n'est gommé de l'activité des anciennes pompes funèbres », précisant d'ailleurs que « cette création architecturale s'ajoute au patrimoine ».

Une première phase de travaux, comprenant les plateaux de travail pour les artistes, les espaces communs et d'accueil, ainsi que les commerces, sera livrée à la fin de l'année 2006 (montant de l'investissement : 61,2 millions d'euros TTC). S'ensuivra une deuxième phase qui prévoit la réalisation des aménagements, des finitions et des lots techniques du reste de l'équipement (montant d'investissement maximum : 28 millions d'euros TTC).

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