Le groupe français souhaite racheter des entreprises japonaises pour bénéficier des technologies de pointe de ce pays et y vendre les siennes.

Schneider Electric a réalisé un important investissement fin 2002, dans un de ses deux métiers, les automatismes industriels, en achetant Digital Electronics, numéro un mondial des écrans tactiles avec plus de 25% du marché.
"Notre objectif dans l'acquisition de Digital était double: d'abord acquérir, dans le domaine des automatismes industriels, une technologie mondiale, une gamme de produits que nous pouvons revendre dans le monde entier et aussi une part de marché et un accès aux constructeurs de machines japonais" a affirmé au cours d'une interview son directeur chargé de l'Asie du Nord-Est, Guy de Place.

Le Japon est en effet avec l'Allemagne et les Etats-Unis l'un des trois grands pays producteurs de machines et donc consommateurs d'appareillages permettant d'automatiser ces machines, de les relier entre elles. L'archipel abrite des géants tels que Mitsubishi Heavy Industries, Fuji Heavy Industries ou Fanuc, numéro un mondial des robots industriels.

Schneider Electric bénéficie dans l'archipel d'une conjoncture défavorable aux constructeurs japonais qui ont vu leur marché décroître fortement et cherchent des accords de joint venture qui leur permettent d'exporter ou sont même parfois forcés de se vendre, explique M. de Place.

"Il y a des leaderships japonais très très impressionnants dans le domaine des automatismes industriels. Cela reste un marché très important, une source de technologie très importante", note-t-il.

"C'est certainement un potentiel d'accords, de partenariats", estime M. de Place, qui répond "bien sûr, si c'est possible" lorsqu'on lui demande si son groupe envisage aussi de renouveler l'expérience de Digital Electronics.

Au terme d'une OPA amicale, Schneider a acquis en décembre 98,5% du capital de cette société pour près de 25 milliards de yens (195 M EUR au cours actuel).

Basé à Osaka, Digital Electronics, a réalisé sur son excercice achevé fin mars 2002 un chiffre d'affaires de 201,1 M EUR (dont 63% au Japon, 18% aux Etats-Unis, 12% en Europe et 7% en Asie). Il compte près de 1.200 salariés dont quelque 500 au Japon. Schneider, pour sa part, emploie un millier de personnes et réalise un chiffre d'affaires d'un peu plus de 200 millions d'euros au Japon.

Alors qu'il s'est implanté en Chine dès 1985, au départ dans son premier métier, la distribution électrique, Schneider ne s'est décidé qu'en 2001 à se développer réellement au Japon, cette fois dans les automatismes industriels.
Il était présent depuis 1962 dans l'archipel simplement par l'intermédiaire de filiales de taille modeste.

La raison de ce décalage réside dans les normes de distribution électrique, explique M. de Place. Le Japon avait son propre standard, également en vigueur en Corée du Sud alors que Schneider a pu contribuer à imposer en Chine les normes européennes sur un marché encore ouvert. Après avoir investi fortement, il y est à présent de loin numéro un y compris dans les automatismes industriels, où le problème des normes ne se pose pas, et emploie dans ce pays 2.500 à 3.000 personnes.

"Il y a chez Schneider une très grande différence entre une stratégie chinoise qui est basée sur un développement de forte part de marché et de forte rentabilité en Chine et notre stratégie au Japon qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie mondiale", explique M. de Place.

Sa présence en Corée est encore modeste avec 200 personnes et un chiffre d'affaires de quelque 40 millions d'euros. "Mais la structure concurrentielle dans nos métiers y est beaucoup plus simple qu'au Japon, du fait de la présence d'une seule grande société dominante LG Industrial Systems. Nous pensons donc pouvoir nous développer en Corée", a conclu M. de Place.

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