Le problème du travail illégal refait surface, alors que le ministère du Travail dément à demi-mot des chiffres publiés dans la presse, qui feraient état de plusieurs centaines de milliers d'ouvriers oeuvrant "à prix cassé". Ce phénomène pourtant connu et illégal, source de concurrence déloyale dans les secteurs de la construction, provoque encore une fois la colère des professionnels en attente de mesures concrètes pour enrayer le problème.

Le sujet de l'emploi de salariés étrangers revient dans l'actualité. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment disparu depuis la fameuse directive Bolkenstein de 2005 qui permettait à tous les ressortissants de l'Union européenne de travailler aux conditions sociales de leur pays d'origine. Tollé face au phénomène que l'on avait nommé à l'époque celui du "plombier polonais": résultat, la directive a été réformée, mais le ver était dans le fruit.

 

Depuis, le problème a pris de l'ampleur, même si, après la publication d'un article du Parisien de ce mardi, le ministère du Travail a démenti avoir parlé de "220.000 à 330.000" ouvriers "low-cost" qui auraient grossi les rangs des salariés dans l'Hexagone. "Le nombre de déclarations effectuées par les entreprises qui sont intervenues en France en 2011 a atteint 45.000. Ces 45.000 déclarations équivalent à près de 5 millions de jours détachés, soit 21.000 salariés 'équivalents temps plein'. Le nombre de salariés détachés concernés est de 145.000", détaille un communiqué du ministère. Qui précise qu' "en aucun cas l'administration du ministère du Travail n'est en capacité d'évaluer les prestations qui seraient effectuées sans déclaration donc en dehors de la loi. Le document 2011 ne comporte donc pas 'd'estimation de 220 000 à 330 000 salariés'. Une telle estimation avait été avancée dans les rapports pour 2009 et 2010 à titre purement indicatif (par simple application d'un coefficient 2 ou 3 aux déclarations recensées). Sans méconnaître l'existence de sous-déclarations, cette estimation a paru insuffisamment fondée et n'a pas été reprise dans le rapport 2011".

 

A qui la faute ?
Quoi qu'il en soit, le problème du travail illégal est encore aujourd'hui dénoncé. En cause? Un manque de main-d'œuvre et des prix particulièrement bas, qui poussent les PME et grandes entreprises françaises à faire appel à des sociétés de prestation étrangères, dont l'activité a été légalisée par une directive européenne transcrite en droit français en décembre 2007. Car désormais, aux ressortissants d'Europe de l'Est, traditionnellement présents sur le marché français, viennent s'ajouter des Espagnols, des Portugais - qui fuient la crise dans leur pays respectif - ainsi que les ressortissants des pays récemment entrés dans l'UE, comme la Roumanie. La faute à qui alors? Aux collectivités qui recherchent bien souvent le prix le plus bas pour faire réaliser leurs travaux ? Aux entreprises qui ne trouvent pas de main d'œuvre adaptée ou qui sont contraintes de baisser leurs coûts de production et qui se tournent alors vers des prestataires étrangers ?

 

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