TENDANCE. La haute technologie est partout sur les chantiers désormais, dans les engins de chantier ou dans les outils que l'on voit le long des allées d'Intermat. Les capteurs sont déployés sur toutes les solutions proposées pour générer du data, l'or numérique de la construction. Tour d'horizon d'applications variées destinées à accroître simultanément productivité et sécurité.

Que ferait-on sans processeurs ? Le travail sur les chantiers repose aujourd'hui des solutions technologiques avancées qui enregistrent et traitent des quantités astronomiques de données afin d'optimiser les mouvements, d'économiser les ressources et d'améliorer la sécurité. Cela fait, par exemple, quinze ou vingt ans que les lourds engins de travaux routiers ou d'exploitation de carrières sont guidés par satellite. Mais en visitant le salon Intermat, qui se tient à Villepinte jusqu'au samedi 28 avril 2018, on prend conscience de l'omniprésence de ces technologies de l'information.

 

 

Lidar et radar démocratisés

 

Chez Leica Geosystems par exemple, on explique placer maintenant la donnée au cœur de son activité et réaliser 80 % de son chiffre d'affaires grâce à des produits innovants âgés de moins de 2 ans. Pour le guidage des machines sur le terrain, en temps réel, la précision est inférieure à 5 centimètre et permet aux opérateurs d'éviter les erreurs. La société suisse (à ne pas confondre avec Leica Camera, qui est allemande) commercialise également des outils de géo-référencement des réseaux enterrés, qu'ils soient souples (câbles) ou durs (tuyaux), qui sont eux précis à 40 ou 50 cm et permettent de prévenir les incidents lors de travaux à proximité. La détection repose sur des techniques différentes, selon la nature de ce qui est recherché, à savoir l'induction électromagnétique pour les câbles électriques ou le géoradar pour les conduites sèches ou humides (de gaz ou d'eau). La qualité des relevés dépendra à la fois de la fréquence diffusée dans le sol, mais également de la nature du terrain et de son degré d'humidité.

 

Autre technologie déployée quotidiennement, celle de la capture 3D au moyen de scanners lasers ou de photogrammétrie. Les nuages de points obtenus sont utilisés pour recréer un modèle tridimensionnel sur lequel est plaquée la texture et restituer ainsi la réalité du terrain ou du bâtiment. Dans l'existant, ces deux technologies additionnées permettent d'alimenter une maquette numérique en quelques minutes. La petite machine portative Blk 360 ajoute même la fonction de thermographie, afin de repérer les ponts thermiques et autres zones de déperditions. Une centaine d'exemplaires auraient déjà été vendue en France, dont 15 % à des architectes et aménageurs (cuisinistes, fabricants d'escaliers ou de vérandas). A l'avenir il sera également envisageable de coupler ce genre de boîtier multifonction à un vecteur aérien. Les drones pourront ainsi procéder à des relevés tridimensionnels précis et réalistes, en une seule opération, selon des plans de vol automatisés. L'humain n'interviendra alors que pour les phases de décollage et d'atterrissage, à moins que l'inspection visuelle de détails d'infrastructure (fissures sur un pont par exemple) ne nécessitent un pilotage plus fin.

 

Accroître la sécurité des ouvriers

 

Côté robotisation justement, les machines avancent sur les chantiers. Chez Putzmeister, le stand où sont alignées les pompes à béton vante également les capacités du robot projeteur de béton. Un engin télé-opéré, capable de descendre et monter des rampes de 30° d'inclinaison et dédié au renforcement des parois de galeries. Olivier Saint-Paul, président de Lancy (filiale du groupe allemand), nous explique : "Il y en a deux sur les chantiers des gares du Grand Paris Express, pour les creusements des puits et des gares. Cette machine est Diesel, pour ses déplacements, et électrique, pour ses opérations de projection". Même tendance à la manipulation à distance chez Husqvarna qui présente sur le salon diverses solutions de traitement des surfaces en béton, dont une machine opérée à 30 mètres grâce à un panneau de commandes portable. Un engin lui aussi monté sur chenilles afin d'atteindre différentes zones d'un chantier de déconstruction en milieu potentiellement amianté ou radioactif.

 

 

Robot projeteur de béton
Robot projeteur de béton © Grégoire Noble

 

Le spécialiste des banches Sateco équipe, quant à lui, certains de ses produits de coffrage de capteurs de pression. François Guillauteau, le président de la société, nous dévoile les raisons d'ajouter ce composant électronique : "Pour mieux contrôler le remplissage et ne pas dépasser la charge. Les capteurs électroniques envoient des informations sur une tablette qui alerte en cas de dépassement des seuils". Ce qui permettra d'éviter les explosions de banches, à la fois dangereuses et dont les dégâts sont complexes à réparer. Un phénomène qui arrive encore sur les chantiers où les opérateurs manquent parfois d'attention aux consignes et aux formulations utilisées. L'entreprise propose également un système de géolocalisation des coffrages afin d'aider les sociétés à mieux gérer leurs parcs. Quant à 3R, spécialiste de la conception et la fabrication de machines d'essais sur matériaux, c'est avec le Cerib qu'elle a développé une machine de vibration du béton sans contact, au moyen d'ondes sonores. Nommé "Vibritys", l'équipement permet d'obtenir des éprouvettes cylindriques plus homogènes, afin d'apprécier au mieux les caractéristiques de la formulation utilisée sur le chantier. La solution permettra ainsi d'optimiser les opérations de débanchage et d'apprécier au mieux le phénomène de maturation, pour gagner du temps tout en assurant la sécurité.

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