Près des deux tiers des rivages français sont non artificialisés mais demeurent assez peu protégés. Un souci lorsqu'on considère que les côtes d'un tiers des 885 communes littorales subissent une pression démographique ou touristique croissante.

L'artificialisation progresse en France, et elle a été plus importante dans les communes du littoral que sur le reste du territoire national, révèle une étude du service de l'observation et des statistiques du Commissariat général au développement durable. Les rivages métropolitains, qui s'étendent sur une profondeur de 250 mètres, sont artificialisés sur près d'un quart de leur surface (23 %). Mais les écarts varient énormément d'une région à l'autre : le record est un taux constaté de 41 % en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les chiffres sont également élevés sur la frange côtière du Nord-Pas-de-Calais, de la Basse-Normandie et des Pays de la Loire. A l'inverse, l'artificialisation est restée faible en Corse avec seulement 11,7 % des surfaces concernées, ainsi qu'en Picardie, Haute-Normandie et Languedoc-Roussillon.

 

Or, si 62 % des côtes françaises ne sont pas encore artificialisées, elles ne font pas pour autant l'objet de mesures de protection strictes. Près d'un tiers des rivages français ne serait pas protégé du tout. A contrario, 15 % de la bande côtière bénéficient d'une protection réglementaire ou foncière élevée, grâce au Conservatoire du littoral (près de 10 %), aux réserves naturelles (2 %), aux arrêtés préfectoraux de protection de biotope (0,5 %) ou au statut de forêt publique (5 %), prévenant ainsi de l'urbanisation de façon durable. Là encore, les régions ne sont pas égales et certaines zones seraient menacées : c'est le cas de l'Aude, de l'Héraut et du Gard en Méditerranée, ainsi que du Morbihan sur la façade Atlantique. La pression de construction de logements explique le phénomène, car elle est 3 fois plus forte dans les communes littorales que la moyenne métropolitaine. De même, l'artificialisation des territoires a été 2 à 3 fois plus rapide entre 2000 et 2006.

 

Des espaces naturels indispensables à la mer
Comme le souligne l'étude, les territoires peu artificialisés entre la terre et la mer sont des zones de transition et d'échanges qui amortissent les fluctuations marines liées aux phénomènes naturels. Leur maintien, dans de vastes secteurs naturels ou agricoles, permettrait de préserver les fonctions écologiques (trame verte et bleue), la richesse biologique et de limiter les risques d'érosion ou de submersion marine.

 

L'artificialisation ne correspond pas exactement à une "urbanisation" mais à une "modification de l'état naturel" d'une surface. Le concept est donc plus large et comprend les zones urbaines, industrielles, commerciales, les réseaux de communication, les chantiers, mines et décharges et les espaces verts urbains (donc artificiels).

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