Le tremblement de terre en Italie a réveillé les vieilles craintes d'un séisme de grande ampleur en France. Onze centrales nucléaires ne seraient pas sécurisées.

Le séisme du jeudi 31 octobre en Italie, à San Giuliano di Puglia, a coûté la vie à 29 personnes, dont 26 enfants d'une même classe, dont l'école s'est effondrée. Ce triste bilan, dont les raisons n'ont pas encore été définies, malgré l'arrivée samedi d'une équipe d'enquêteurs, a ramené sur le devant de la scène le débat sur la sécurité nationale en cas de tremblement de terre.

L'ONG " Sortir du nucléaire " a indiqué dans un communiqué, le 3 novembre, que les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises, soit pour 34 des 58 réacteurs nucléaires du territoire, sont déficients, et pourrait être inopérants en cas de séisme. L'association indique tenir ces informations de l'Autorité de Sûreté nucléaire elle-même, qui les aurait fait paraître en octobre, mais " noyées parmi une foule de données banales dans le site Internet de l'Autorité. Elles sont pourtant d'un importance exceptionnelle pour la sécurité des populations ".

L'association distingue deux situations. Dans la première, ce sont sept centrales dont le système de refroidissement des réacteurs ne serait plus assuré : Le Blayais, Chinon, Dampierre, Saint-Laurent, Tricastin, Fessenheim et Bugey. Dans la deuxième, des " anomalies pourraient rendre le système de commande à distance inopérant ", en particulier en cas de séisme, dans les centrales de Cattenom, Flamanville, Golfech et Saint-Alban. Pour l'association, de telles déficiences pourraient conduire à une catastrophe, si l'épicentre se trouvait à proximité d'une centrale. Cependant, la carte de la répartition de ces centrales à risques, rapprochée à celle de l'activité sismique en France réduit les dangers. Néanmoins, les centrales de Flamanville, Bugey, Tricastin, Fessenheim et Saint-Alban se trouvent bien dans des zones sismiques.

Pour la protection des " ouvrages à risque spécial ", comme les centrales nucléaires ou les barrages, la France s'est doté d'un ensemble de mesures législatives contraignantes. A la traîne pendant les années 1960, elle a rattrapé son retard grâce à l'ensemble de lois votées en 1992, et qui forment la législation parasismique dite P.S. 92.

Ces lois concernent les constructions très récentes car les normes ne sont appliquées pour les ouvrages recevant du public que depuis 1982 et pour les habitations individuelles que depuis 1994. Or, le renouvellement des habitations se fait en moyenne au rythme de 1% par an. Il faut donc 100 ans pour renouveler toutes les habitations du pays. Il est donc nécessaire de renforcer les ouvrages construits avant l'établissement des règles parasismiques. Les installations nucléaires sont quant à elles soumises à la règle fondamentales de Sûreté de 1981, régie par la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires et par l'Autorité de tutelle. Mais si les textes sont précis et contraignants, ils n'ont de valeur que s'ils sont appliqués, remarque le réseau Sortir du nucléaire.

" Il est avéré qu'aucune mesure efficace ne peut être mise en œuvre en cas de catastrophe nucléaire. Nous avons donc eu de la chance depuis 20 ans, mais la sécurité des populations ne doit pas dépendre du hasard ", ajoute le réseau, qui demande en conséquence la fermeture de ces onze sites.

Pour lire les textes de l'Autorité de Sûreté Nucléaire:
www.asn.gouv.fr/data/evenement/44_2002_ano.asp
www.asn.gouv.fr/data/evenement/39_2002_ano1.asp

Pour lire le communiqué:
www.sortirdunucleaire.org/novembre2002/cp031102.htm

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