ACTIVITÉ. La reprise d'activité pour les artisans est une bonne nouvelle. Mais elle les place devant un dilemme, entre la hausse des coûts liés aux pratiques sanitaires, et le fait de vouloir conserver leur clientèle.

Sur certains chantiers, la reprise d'activité se fait "à perte" pour les artisans du bâtiment. Au point qu'une partie d'entre eux pourrait se retrouver en situation de faillite dans un avenir proche. Et la raison à cela, d'après la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), est que de nombreux artisans sont face à des maîtres d'ouvrage particuliers ne souhaitant pas payer le surplus. Pour garder ces clients, chose évidemment particulièrement importante au vu de l'incertitude actuelle, les chefs d'entreprise décident de mettre la main à la poche. "Après deux mois d'arrêt ou de confinement, comment prendre le risque de perdre sa clientèle ?", rappelle en effet l'organisation professionnelle dans un communiqué de presse daté du 25 mai 2020. Le résultat est bien sûr la fragilisation accrue de ces TPE, qui pourraient dans les semaines ou mois à venir faire définitivement les frais de la crise en ne survivant pas économiquement.

 

Les pertes en productivité, surcoût le plus lourd

 

Ces surcoûts sont loin d'être anodins, assure la Capeb, qui évoque le chiffre de 10 à 20% pour l'ancien et 10% pour le neuf. Les trois postes qui renchérissent les opérations sont la coactivité, la désinfection et les équipements de protection.

 

 

Les surcoûts d'un chantier d'artisans en chiffres

 

La Capeb estime les surcoûts liés aux mesures sanitaires entre 10% et 20% du coût journalier, dans un communiqué de presse daté du 25 mai 2020. Comment se repartissent-ils ?
- La coactivité/productivité (allongement des délais, coordination, phasage complexe à organiser, location de nouveau moyen de transport...) : 4 à 10% du coût journalier. Cette partie peut représenter jusqu'à 50% du surcoût total.
- Les équipements (gants, masques, gel…) : entre 2 et 4% du coût journalier.
- La désinfection (décontamination, nettoyage du matériel, outillage supplémentaire…) : entre 4 et 8% du coût journalier.

 

La Capeb remarque par ailleurs que les surcoûts sont plus élevés en rénovation notamment en site occupé : il est en moyenne entre 10 et 20% en entretien-rénovation contre 10% dans le neuf.

 

La difficulté propre aux artisans et TPE est le type de clientèle : les particuliers sont moins facilement disposés à prendre en charge des surcoûts, alors que des donneurs d'ordres plus importants, voire des maîtres d'ouvrage publics, peuvent plus souvent entrer dans cette démarche. Face à un 'petit' client, le dialogue est plus difficile. "Cette situation est évidemment extrêmement préoccupante et pourrait conduire à de nombreuses défaillances d'entreprise si rien n'est fait", commente la président de la Capeb, Patrick Liébus. "A moyen terme, l'expérience me dit que de nouvelles méthodes de travail, d'organisation, de phasage des chantiers seront à inventer."

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