PAROLES D'ARCHITECTES. L'agence d'architecture Faire Avec, fondée par quatre femmes, imagine des projets véritablement durables et sociaux, au service des usagers et en promouvant l'économie sociale et circulaire. Pour notre série d'interviews dédiée aux professionnels du secteur, Clothilde Buisson, l'une des cofondatrices du cabinet, s'est prêté au jeu des questions-réponses.


Faire avec l'existant, c'est le mantra de l'agence d'architecture Faire Avec. La société créée par Gwenaëlle Rivière, Clara Piolatto, Elia Monsonis et Clothilde Buisson, cherche, à travers ses projets, à rendre le secteur de la construction plus durable. Comment ? En luttant contre l'énorme gaspillage encore pratiqué dans ce milieu, en pleine mutation. Il faut rappeler que le Bâtiment produit à lui seul annuellement 42 millions de tonnes de déchets, soit l'équivalent de la quantité annuelle de déchets produits par les ménages, chiffre le ministère de la Transition écologique.

 

Depuis la création du collectif en 2018, dont ses bureaux sont situés à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Marseille, plusieurs opérations vertueuses et à caractère social ont été imaginés. Car l'association devenue entreprise ne cherche pas uniquement à donner une seconde vie aux déchets, elle veut aussi améliorer le cadre de vie des habitants. Elle perçoit les travaux d'amélioration d'un habitat dit "précaire" comme des "opportunités".

 

Son engagement et son travail ont été remarqués, et couronnés par le prix "coup de cœur" de la fondation Cognacq-Jay en 2018. Depuis, l'agence est l'auteure de plusieurs projets phares, dont La Ressourcerie pour l'Armée du Salut, un lieu réunissant la collecte d'objets sur site et/où à domicile, leur revalorisation et revente solidaire, et des événements thématiques sur la sensibilisation au réemploi et à la réduction et recyclage des déchets. Le bâtiment de 240 m² situé dans le XVe arrondissement de Paris a été transformé, avec l'ajout d'un escalier et d'un monte-charge, la création d'une boutique sur deux niveaux, et le déménagement de l'espace de stockage au sous-sol. Faire Avec est aussi à l'origine d'un centre d'hébergement d'urgence du XIVe arrondissement, implanté dans l'ancien musée de la Libération, et à destination d'hommes isolés et de femmes avec enfants.

 

Pour mieux comprendre ces enjeux sociaux et environnementaux, l'une des co-fondatrices et co-associées de Faire Avec, Clothilde Buisson, a accepté de répondre à nos questions. Diplômée avec Elia Monsonis de l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-La Villette en 2013, la jeune femme s'est rapidement spécialisée dans le réemploi. Rencontre avec une passionnée…

Batiactu : Quelle était l'idée de départ de la création de votre agence ?

Clothilde Buisson : Notre incompréhension et la révolte que nous ressentions à l'égard du nombre de déchets issus de chantiers qui partaient à la benne, et alors que de nombreux logements vétustes nécessitaient d'être rénovés, nous a poussées à nous regrouper et à collaborer. Nous voulions réduire le gaspillage dans le secteur du bâtiment, tout en concevant des projets à haute valeur sociale. Nous considérons les déchets comme des ressources. Pourtant, encore trop souvent, des matériaux et matériel de très bonne qualité, parfois neufs et issus des chantiers, sont jetés.

 

La Fabrique 230 Bricothèque
Autre vue du projet de la Fabrique 230 Bricothèque, conçu par Faire Avec. © Eléonore Secondi

 

En tant qu'architectes, nous devions agir. Notre idée a été de récolter des déchets de chantier que nous pouvions mettre en œuvre dans la rénovation de logements précaires et insalubres, et améliorer le cadre bâti. Travailler sur l'existant était, pour nous, primordial, tout comme la question de l'accueil et de l'hospitalité. Les connaissances de l'une de nos associées, Clara Piolatto, nous ont aidé à nous lancer dans ces projets. Dans le cadre de son doctorat, elle a étudié le rôle de l'architecte dans les rénovations de centres d'hébergement pour personnes sans abri.

 

Aussi, en 2018, l'obtention du prix de la Fondation Cognacq-Jay et une interview pour une radio nationale nous ont donné une grande visibilité. L'année suivante, l'Armée du Salut nous a proposé de mener une étude de
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