ÉCONOMIE CIRCULAIRE. Le ministère de la Transition écologique et solidaire vient de lancer une campagne nationale en faveur du recyclage. L'occasion pour Federec d'évoquer les résultats de ses filières en 2017 et pour Federec BTP, plus particulièrement, d'aborder la question de la mise en place d'une Responsabilité élargie des producteurs.

Chaque année, 105 millions de tonnes (Mt) de déchets sont collectées en France, dont 40 Mt de déchets issus du bâtiment. Une quantité énorme et toujours en croissance qui permet d'éviter une exploitation irraisonnée des ressources naturelles et de valoriser, sur place, des ressources. Jean-Philippe Carpentier, président de Federc, résume : "C'est une économie de matière qui a aussi un rôle dans le Plan Climat. L'impact environnemental est de 22,5 Mt d'émissions de CO2 évitées et 124 TWh d'économies d'énergie". Autre avantage : une activité florissante, qui a généré un chiffre d'affaires global de 9 Mrds € en 2017 (+5,7 %) pour plus de 28.000 emplois sur tout le territoire (+6 %).

 

 

Les industriels français face aux aléas internationaux

 

Face à ce que les responsables de Federec nomment les "Trumpitudes" de l'économie mondiale, avec la guerre que se livrent Etats-Unis et Chine à coup de taxes ou d'interdictions sur les importations de différentes matières et produits (papiers-cartons, ferrailles, métaux non ferreux, plastiques), les autres nations doivent s'adapter. Et les filières françaises du recyclage ont été particulièrement promptes à réagir en 2017 pour réorienter leurs flux vers l'Union européenne voire vers le marché national. Le président de Federec explique : "Les matières de basse qualité seront de moins en moins exportées : le tri se fera chez nous. C'est une vraie opportunité de réindustrialiser l'Europe. Et c'est facteur d'investissements et d'emploi, avec la création de lignes supplémentaires". En 2017, les investissements des industriels ont effectivement bondi, pour atteindre les 521 M€ (+12 %), se traduisant également par des embauches pour faire face à un surcroît d'activité. Les professionnels signalent toutefois des difficultés de recrutements pour des postes de chauffeur, de conducteurs d'engins, d'agents de maintenance, d'électromécaniciens ou de conducteurs de lignes, nécessitant un effort de formation. Autre limite à cette expansion : un certain manque de débouchés, notamment pour les "combustibles solides de récupération". La capacité nationale dépasse les 900.000 tonnes annuelles, dont seulement 292.000 sont consommées chez les cimentiers. Jean-Pierre Luthringer, président de Valordec, analyse : "Ce n'est pas un problème de technologie, la maturité des solutions existe. Mais il n'y a pas de modèle économique. Il existe un besoin de soutien à l'investissement pour qu'il se mette en place". Sur 30 Mt de bio-déchets collectés (déchets ménagers, déchets verts, boues de stations d'épuration, effluents…), le compostage concerne 8,1 Mt tandis que la méthanisation, seulement 0,8 Mt pour l'heure.

 

Reprise gratuite de tous les déchets du BTP ? Niet pour Federec !

 

 

Pour Federec BTP, l'année 2017 a été celle d'une certaine progression, comme le détaille Erwan Le Meur, son président : "Grâce à l'évolution positive du bâtiment en France, c'était une année intéressante, dont la tendance (+2 %) semble se poursuivre en 2018". Les matériaux collectés restent toujours les mêmes : à 75 % des déchets inertes (béton, briques, tuiles, pierre), à 22 % des déchets non inertes non dangereux (isolants, métaux, plâtre) et à 2 % des déchets dangereux (solvants, vernis, produits amiantés). Le chiffre d'affaires de cette filière est resté stable à 1,7 Mrds € et les régions les plus dynamiques sont, sans surprise, l'Île-de-France avec les chantiers du Grand Paris et la façade ouest du pays, qui demeure attractive. Erwan Le Meur poursuit : "C'est l'année 2019 qui va connaître une véritable effervescence pour les déchets du BTP (…) notamment avec les annonces autour de la Feuille de route de l'économie circulaire sur l'idée d'une filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les déchets du bâtiment. Le gouvernement a obligé les organisations à lancer une étude sur cette opportunité. Les résultats seront connus en avril 2019. Les organismes sont plutôt contre mais des évolutions sont possibles avec différentes propositions". Le président de Federec BTP explique travailler avec d'autres fédérations professionnelles (FFB, Capeb, AIMCC) et attendre les résultats de l'étude avant de se positionner. Mais il admet : "Nous sommes circonspects sur l'idée d'une reprise gratuite des déchets. Des efforts énormes ont été faits sur les chantiers pour faire du tri. Quel serait l'intérêt de le poursuivre si la reprise était gratuite ? L'activité fonctionne, cette économie est mature, en se développant sur les 10 dernières années. Les pratiques ont été modifiées. Pour la reprise des déchets des artisans, il faut augmenter le maillage sur le territoire et ainsi éviter les dépôts sauvages". Le spécialiste ajoute que ces abandons de déchets ne représenteraient "que" 100.000 tonnes par an sur 12 Mt traitées. "En majorité, ces déchets sont bien gérés. Faut-il alors mettre en place un énorme outil avec une REP derrière ? Il y a d'autres propositions alternatives à faire", conclut-il.

 

Les volumes (millions de tonnes) et chiffres d'affaires (milliards d'euros) des différentes filières de Federec :
BTP : 40 Mt (1,7 Mrd €)
Bio-déchets : 30 Mt (0,13 Mrd €)
Métaux ferreux : 12,8 Mt (2,2 Mrds €)
Métaux non ferreux : 1,97 Mt (3 Mrds €)
Papiers-cartons : 7,3 Mt (0,92 Mrd €)
Verre : 2,34 Mt (0,1 Mrd €)
Palettes & bois : 6,41 Mt (0,17 Mrd €)
Plastiques : 0,9 Mt (0,2 Mrd €)

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