New York lance un appel aux idées «les plus visionnaires» pour la reconversion et l'ouverture au public de Governors Island, cette île du coeur de la baie, morceau d'histoire américaine longtemps oublié au pied des gratte-ciel de Manhattan.

Centre de recherche, institutions culturelles, hôtels... les options restent ouvertes pour ces 70 ha de terrain d'une valeur immense, jusqu'ici plantés de bâtiments militaires inoccupés. Seules conditions pré-imposées, la préservation des constructions historiques et la création de 16 ha de parcs ouverts au public.

«C'est l'occasion de créer quelque chose d'inestimable», a dit le maire Michael Bloomberg, en lançant mercredi un appel aux projets les plus «ambitieux». «New York abrite des douzaines de sites de renommée mondiale, Central Park, le Rockefeller Center, la statue de la Liberté... Je crois que Governors Island peut aussi devenir une des destinations les plus populaires au monde».
«L'endroit est unique, insiste Daniel Doctoroff, président de l'institution chargée de développer les lieux. Les candidats devront dépasser l'ordinaire pour atteindre l'extraordinaire, un lieu typiquement New York et en même temps très différent de ce que les New-Yorkais ont vu jusqu'ici».
Si les propositions restent à faire, les pouvoirs publics ont en revanche déjà en mains un spectaculaire projet provisoire pour desservir l'île: un réseau de téléphériques suspendus, reliant Governors Island à Manhattan d'un côté (en quatre minutes) et à Brooklyn de l'autre (quatre minutes également).
Le système a été conçu par Santiago Calatrava, Catalan installé à New York, déjà créateur de la station de métro du nouveau World Trade Center.
«Nous voulons exprimer à la fois le goût du jeu et la rigueur», a expliqué l'architecte, comparant la modernité de son projet à celle du pont de Brooklyn au moment de son inauguration, en 1883.
A quelques centaines de mètres de la pointe de Manhattan, avec sa vue imprenable sur la baie et la Statue de la liberté, Governors Island a joué un grand rôle dans l'histoire américaine, de la guerre de révolution à la guerre civile en passant par la guerre du Golfe.
D'abord vendue par la tribu indienne de Manahatas aux Hollandais en 1637, l'île est ensuite passée aux Britanniques (pour héberger les gouverneurs de Sa Majesté, d'où son nom), avant de devenir une base militaire en 1812 et de se doter de quelque 200 fortifications, arsenal, résidences...
C'est là aussi qu'un vaste pan de Guerre froide fut enterré, avec le sommet Reagan-Gorbatchev sur le désarmement en 1988.
Mais en 1997 les Gardes-côtes quittaient les lieux et depuis l'île inoccupée s'apparentait à un territoire fantôme, en dépit d'abords entretenus avec soin.

Début 2003 finalement, le terrain était cédé par Washington à la ville et à l'Etat, afin qu'il soit rendu au public.
Les propositions de reconversion sont à soumettre avant le 10 mai. Le choix du projet final aura lieu avant la fin de l'année, et les travaux pourraient débuter début 2008.
Dans l'immédiat, les pouvoirs publics ont prévu plus de 120 millions de dollars de fonds, appelant aussi à la bonne volonté d'investisseurs. Les téléphériques de Calatrava sont en outre estimés à quelque 125 millions de dollars.

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