ENVIRONNEMENT. Les pouvoirs publics vont lancer deux actions visant à rendre la base Inies exhaustive, ce qu'elle n'est toujours pas à quelques mois de l'entrée en vigueur de la réglementation environnementale 2020.

L'incomplétude de la base Inies constitue l'une des urgences à régler alors que la future réglementation environnementale 2020 doit entrer en vigueur fin 2020-début 2021. Comme on sait, certains produits ou familles de produits n'y sont pas même référencés, et d'autres sont plombés par des fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) dites "par défaut", volontairement défavorables, pour inciter les fabricants à proposer leurs propres documents. Les pouvoirs publics, lors d'une conférence qui s'est tenue au salon Batimat le 4 novembre 2019, ont annoncé vouloir prendre le taureau par les cornes. "Un appel à manifestation d'intérêt (AMI) va être lancé, financé par l'Ademe et piloté par HQE, pour financer une quantité de données collectives manquantes non-pénalisées", a ainsi assuré Mickaël Thiery, de la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP). "Nous souhaitons également disposer de données par défaut couvrant tout le spectre du possible."

 

 

Calculer l'analyse du cycle de vie

 

Ces FDES sont indispensables afin de calculer de la manière la plus fidèle possible le poids carbone d'un bâtiment tout au long de sa vie - la fameuse analyse du cycle de vie (ACV). Tous les acteurs étant intervenu sur le sujet lors d'une journée d'échange à Batimat ont évoqué ce caillou dans la chaussure : comment respecter la dimension environnementale sans disposer de l'ensemble des données ? Les effets pervers sont nombreux. "En l'absence de toutes les données nécessaires, nous sommes orientés vers certains produits plutôt que d'autres", témoigne ainsi Gaëlle Madec, chargée de mission développement durable et innovation chez le bailleur Valophis. Il peut également arriver que du fait de l'absence de bonnes fiches, le bâtiment en phase réalisation diffère du bâtiment imaginé en conception. "Les fiches par défaut des produits béton grèvent le bilan carbone", remarque de son côté Nathalie Tchang, du bureau d'études Tribu énergie. "Et d'autres éléments sont tout bonnement effacés de l'ACV car on ne dispose pas des informations..." Elle en appelle en tout cas à une montée en compétences des bureaux d'études qui vont devoir "apprendre à surfer sur les configurateurs de FDES" - plusieurs configurateurs de ce type existent pour les différents matériaux.

 

RE2020 : gare au suréquipement !
C'est un point d'alerte qu'a soulevé Gaëlle Madec, chargée de mission développement durable et innovation chez le bailleur Valophis, engagé dans l'expérimentation E+C-. "Nous souhaiterions que la future réglementation valorise moins les équipements qui nécessitent des coûts d'entretien, et davantage la performance de l'enveloppe." Un suréquipement débouche sur une hausse des coûts d'entretien, et par suite du niveau de charge des locataires, assure Valophis.

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