RBR 2020. La prise en compte des usages et du confort d'un bâtiment est une question cruciale sur laquelle planchent les membres d'un groupe de travail "Réflexion Bâtiment Responsable 2020-2050" piloté par Christian Cleret et Alain Maugard. Ils publient une note qui contient des idées directrices pouvant servir à l'élaboration de la future réglementation.

Au-delà de la performance pure des bâtiments, toujours mieux isolés et plus efficaces énergétiquement, la question de leur usage réel et de la sensation de confort des occupants (ou usagers d'un immeuble tertiaire) sont des points qui méritent l'attention des concepteurs de la future réglementation environnementale. Le groupe de travail RBR 2020-2050 du Plan Bâtiment Durable a publié, après plusieurs semaines de consultations, une note portant sur ces deux thématiques.

 

Sur la question des usages, les auteurs souhaitent tout d'abord que des enseignements soient tirés des réglementations passées (RT 2005) ou en vigueur (RT 2012) pour que l'expérimentation actuelle E+C- soit une réussite. Ils notent : "Si les sources de surconsommations constatées dans certains bâtiments BBC sont multiples, elles ne proviennent pas nécessairement d'aspects purement techniques. En effet, le rôle des occupants et l'usage qu'ils feront du bâtiment sont tout aussi importants qu'une bonne conception-réalisation-maintenance pour assurer un bon niveau de performance". Il convient donc d'adopter une double approche, à la fois technique, en instrumentant les édifices pour suivre leurs performances, et sociologique, en recueillant le vécu des occupants. Ce qui permet de révéler tous les dysfonctionnements possibles : imperfection du modèle de prévision, erreur de conception, défaut de mise en œuvre, problème de réglage ou de maintenance, comportement des usagers… La note relate : "Les usages effectifs peuvent différer du tout au tout. Par exemple, un même logement peut être occupé par un couple de retraités (présent en permanence, exigeant une certaine luminosité et un confort thermique adapté à leur sédentarité) ou par un couple d'actifs (absents durant la journée, disposés à réguler la température diurne en hiver et abaisser les volets durant l'été)". Des modes d'occupation qui ont un impact direct sur les consommations. D'autant que les habitants ne comprennent pas intuitivement le fonctionnement d'un bâtiment RT 2012, et qu'un apprentissage s'impose pour le maîtriser.

 

De l'importance du tempérament sur la température

 

La phase de livraison est donc essentielle de ce point de vue, afin d'assurer une bonne prise en main du logement. La maintenance et l'entretien, qu'il soit au niveau collectif ou individuel, sont également cruciaux pour conserver la performance du bâtiment. Le groupe de travail souligne l'importance des notices d'instructions et d'un suivi dans le temps, afin de repérer des éventuels "mésusages" pour y remédier. Quant aux usages spécifiques de l'électricité, pris en compte de façon forfaitaire dans la RT 2012, ils devraient être mieux compris. Cependant la notion d'usage intègre également l'attente de confort des occupants quant à leur habitation ou leur lieu de travail, qu'il s'agisse de température ressentie, d'acoustique, de luminosité ou de qualité de l'air. Et cette attente recouvre une réalité complexe, puisque subjective.

 

 

Les membres du groupe de travail s'interrogent notamment sur la pertinence de la température de consigne précise. Les auteurs de l'étude sont formels : "Il apparaît plus que temps d'adopter une règle réaliste concernant la température hivernale et de faire sauter le tabou du 19 °C". Pour eux, il est primordial de laisser une marge de liberté à l'habitant pour qu'il puisse adapter ses conditions de vie à ce qu'il désire, notamment en matière de chauffage. Sans pour autant lui retirer toute responsabilité, en le tenant au courant par le biais d'une interface domotique notamment. "Compte tenu des performances atteintes, autoriser, pour les constructions neuves, une conception prenant en compte une température opérative de 20 °C ou même plus, serait d'un coût environnemental limité", soutiennent-ils. Concernant le confort d'été cette fois, le problème semble épineux, et doit être, selon eux, mieux pris en compte que dans la réglementation actuelle. L'exigence principale de la RT 2012 porte sur une limitation de la température intérieure à la suite de plusieurs journées de canicule. Or, "l'inconfort d'été peut être ressenti dès 23 °C pour peu que le taux d'humidité soit supérieur à 70 %", notent les auteurs. La "température intérieure conventionnelle" (Tic) utilisée jusqu'ici ne serait donc pas satisfaisante, contrairement à un nouvel indice nommé "durée d'inconfort d'été statistique" (Dies). Les spécialistes s'interrogent sur la pertinence d'intégrer la climatisation dans la conception des bâtiments neufs compte tenu de sa généralisation dans d'autres espaces (bureaux, centres commerciaux, transports) "ce qui rend d'autant moins acceptable [son] absence dans les logements qui devraient offrir des conditions de confort" équivalentes. L'adoption de solutions fonctionnant avec de l'énergie solaire, plus abondante en été, semble être pertinente pour ne pas dégrader la performance environnementale.

 

Découvrez la suite des conclusions en page 2

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