Comme en témoigne la myriade de grues qui se dressent à la limite du désert, l'expansion immobilière effrénée continue de plus belle à Dubaï. Dernier projet pharaonique en date : la Cité des Echecs, composée de 32 immeubles reproduisant un échiquier.

Dubaï, qui revendique le titre de haut lieu du tourisme et des affaires dans le Golfe et où tout donne lieu à des superlatifs, est déjà truffé de bâtiments au style futuriste qui se veulent des chef-d'oeuvres architecturaux.
Les tours rivalisent de luxe et d'élégance, à l'image du "Bourj al-Arab" (Tour des Arabes), l'hôtel le plus haut du monde.
Parmi les nouveaux projets figurent "Bourj Dubaï" qui, à près de 500 m d'altitude, sera la tour d'habitation la plus haute du monde, un hôtel sous l'eau ou encore "Dubaïland", qui a l'ambition d'être la version locale de Disneyland.

Annoncée récemment, la dernière manifestation de cette boulimie immobilière consiste en une "Chess City" (la Cité des Echecs), d'un coût de 10 milliards de dollars, qui sera composée de 32 immeubles reproduisant un échiquier. Les autorités espèrent que la future cité abritera le siège de l'Association internationale des échecs, ainsi que trois hôtels ... sept étoiles.

Mais le projet sans doute le plus extravagant est déjà en cours de construction. Appelé "The World", il s'agit d'un ensemble touristique de 300 îles en forme de planisphère qui commence à s'élever à quelque 4 km au large de Dubaï et ne sera accessible que par air ou par mer. Dix pour cent de ces îles ont déjà été vendues, selon les promoteurs.
Témoins de cette construction déchaînée, des centaines de camions, bulldozers et bétonnières sillonnent les routes, de jour comme de nuit, alors que des milliers d'ouvriers, pour la plupart asiatiques, qui vivent dans des conditions souvent déplorables, s'affairent 24h sur 24 sur des chantiers.

Au total, 5.208 bâtiments divers - bureaux, centres commerciaux, hôtels ou immeubles d'habitations - étaient en construction début août, selon des statistiques officielles.

"C'est fou!" s'exclame David Semple, directeur commercial régional de la firme française Potain, qui fabrique des grues.
"Il n'y a pas de petits projets. C'est vraiment exceptionnel", déclare à l'AFP M. Semple, faisant état d'une forte augmentation des ventes de son entreprise depuis le début de l'année.
Alors que la compagnie vendait il y a deux ans moins de dix grues dans les Emirats arabes unis, elle en est déjà à 45 cette année, la plupart devant être utilisées à Dubaï, dit-il.

Malgré la tension persistante dans plusieurs pays de la région, comme l'Irak et l'Arabie saoudite, le secteur touristique continue de prospérer à Dubaï.
L'émirat, qui accueille cinq millions de visiteurs par an, ambitionne d'en recevoir 10 millions en 2007 et 40 millions en 2015.
Même en juillet et août, alors que le thermomètre approchait 50 degrés Celsius, le taux d'occupation des hôtels dépassait 85%.
"Nous nous plaisons vraiment ici. Il fait un peu chaud, mais c'est très bien et les gens sont charmants", affirme un touriste britannique, Daryl, qui explique avoir choisi Dubaï comme lieu de vacances pour "ses plages, ses hôtels et sa sécurité".
Car les risques d'attentat terroriste, il n'y croit guère. "Je l'ai toujours à l'esprit", dit-il à propos de la menace terroriste, mais "s'ils voulaient vraiment faire quelque chose, ils l'auraient déjà fait".

Le secteur hôtelier a généré des milliards de dollars de revenus au cours du premier semestre à Dubaï.
L'émirat comptait 1,11 million d'habitants fin 2002, dont au moins 80% d'étrangers, alors que la population de la fédération, composée de sept émirats, s'établissait à 3,75 millions d'habitants, là encore dans leur grande majorité des étrangers, selon des statistiques officielles.

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