L'ex-conseiller général RPR des Hauts-de-Seine, Didier Schuller, et le député-maire (UMP) de Levallois-Perret, Patrick Balkany, ont commencé à comparaître mardi devant le tribunal correctionnel de Créteil dans l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. Cette comparution intervient plus de dix ans après le début de l'affaire.

«Je ne suis pas parti pour rien, on m'a fait partir (...) Je veux tout dire», a promis mardi Didier Schuller à l'issue de la première matinée d'audience du procès dit de l'office HLM des Hauts-de-Seine, notamment les conditions de sa fuite aux Bahamas en 1995. Le procès reprendra le 27 juin.

L'ex-conseiller âgé de 58 ans, qui assure avoir fait «l'objet de menaces de mort», entend faire la lumière sur son départ en pleine guerre fratricide entre Edouard Balladur et Jacques Chirac lors de la présidentielle de 1995. «Je ne suis pas parti pour rien, on m'a fait partir». Parmi ce «on» figure «un avocat qui était extrêmement proche du candidat qui a gagné la présidence de la République». A savoir, son ancien conseil, Me Francis Szpiner. «Il avait peur de l'Elysée, des cellules spéciales», a ironisé son co-prévenu, Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret et poursuivi dans ce dossier en tant qu'ancien président de l'office HLM.
Première surprise de ce procès qui se déroule devant le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne), les témoins que Didier Schuller entend faire citer : Edouard Balladur et Eric Halphen. L'ancien Premier ministre de 1993 à 1995, dont le courrier a été lu à l'audience, a mis en avant sa méconnaissance des faits reprochés à M. Schuller pour s'interroger sur la pertinence de son audition. En revanche, l'ancien juge d'instruction a fait savoir qu'il se tenait à la disposition de la justice. M. Schuller, alors directeur de l'office HLM des Hauts-de-Seine et candidat RPR aux élections locales, s'était enfuit en 1995 après une tentative de déstabilisation du juge Halphen via son beau-père, le Dr Jean-Pierre Maréchal, orchestrée avec l'aide de hauts fonctionnaires de la police nationale. La justice avait conclu ensuite à une machination. Mais le juge Halphen avait été dessaisi du dossier. «Je me demande ce que je viens faire ici. J'ai l'impression de venir en touriste», a quant à lui déclaré avant l'audience, Patrick Balkany, 56 ans. Son avocat, Me Grégoire Lafarge, a plaidé la nullité des charges pesant contre son client. Tout comme les avocats de certains des huit autres prévenus.
Didier Schuller et Patrick Balkany, ex-«Pasqua boys», l'ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine, sont jugés avec huit autres personnes, dont des chefs d'entreprise, pour des faits de trafic d'influence et d'abus de biens sociaux.
MM. Schuller et Balkany encourent jusqu'à dix ans de prison. Le premier est soupçonné d'avoir fait financer ses activités politiques locales par des entreprises de BTP en contrepartie de marchés publics de l'office HLM des Hauts-de-Seine, dont il était le directeur.


Un feuilleton judiciaire vieux de 10 ans
- 13 décembre 1995. Le juge Halphen perquisitionne la permanence de Didier Schuller, conseiller général des Hauts-de-Seine, ex-directeur général de l'office HLM du 92.
- 15 décembre. Schuller dépose plainte pour «tentative d'extorsion de fonds» contre le beau-père du juge, le Dr Maréchal.
- 20 décembre. Le Dr maréchal est arrêté à l'aéroport de Roissy peu après que Schuller lui a remis 1 million de francs.
- 22 décembre. Devant le spectre d'un dessaisissement, François Mitterrand saisit le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
- 30 janvier 1996. Le CSM conclut qu'il y a eu «volonté de porter atteinte à l'indépendance du juge» et se prononce contre son dessaisissement.
- 1er février 1996. Le juge Halphen reçoit un coup de fil anonyme lui annonçant la remise d'un pot-de-vin, le jour même, à l'un des collecteurs de fonds de Schuller, Jean-Paul Schimpf. Le flagrant délit provoque l'ouverture d'une information judiciaire.
- 8 février 1996. Didier Schuller quitte la France avec sa femme. De Genève, il va se rendre aux Bahamas. Ils sont bientôt visés par des mandats d'arrêt internationaux.
- 21 janvier 2002. Antoine Schuller, son fils, annonce dans le Parisien que Schuller vit en République dominicaine.
- 5 février 2002. Retour de Schuller en France et relance des investigations.


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