Les prix des maisons à la campagne ont connu en 2005 une flambée plus importante que ceux des autres marchés immobiliers, soit une hausse de 16% par rapport à 2004, selon l'enquête annuelle Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), publiée mercredi.

Le prix moyen des maisons à la campagne est ainsi passé de 164.000 euros en 2004 à 190.000 euros en 2005. En 8 ans, les prix ont progressé de 127%, précisent les Safer. Cette forte hausse s'explique par un déplacement du marché des maisons des zones rurales isolées vers des pôles ruraux et des aires situées à proximité des grandes villes. Le marché a également profité d'un rajeunissement sensible des acquéreurs, âgés de 44 ans en moyenne, qui ont bénéficié de l'assouplissement des donations l'an dernier.

Les prix des maisons dépassent les 200.000 euros à l'ouest de Paris, autour de Lyon, Toulouse, Bordeaux, Tours, Reims et Caen, sur la côte méditerranéenne, dans la vallée du Rhône, en Haute-Savoie et dans le Tarn. Alors que la proportion d'acheteurs étrangers, facteur d'inflation, avait grimpé de 9,5% en 1998 jusqu'à 15% du total, elle est retombée de 14% en 2004 à 12% en 2005. Les Britanniques et les Irlandais en constituent la très grande majorité (77%), devant les habitants du Bénélux (18%).
Les achats des maisons à la campagne par les étrangers ont été favorisés, par la baisse des coûts des différents modes de transport au cours des 15 dernières années, notamment l'avion, et le développement des compagnies à bas prix vers des villes autrefois enclavées comme Bergerac (Dordogne).
Le prix des terres agricoles et des prés libres a enregistré en 2005 une hausse plus raisonnable de 5,3%, après une augmentation de 6,1% en 2004. En 10 ans, les valeurs vénales agricoles ont progressé de 61% en valeur courante et de 37% en valeur constante. Le prix des terres, calculé sur la base de l'ensemble des transactions, a atteint 4.750 euros l'hectare en 2005. Mais si les agriculteurs achètent à 4.170 euros/ha, les autres catégories de population négocient l'hectare à 6.170 euros, soit 48% plus cher.
La France peut être divisée en trois zones distinctes : le nord de la France et le Bassin Parisien, ainsi qu'une partie de la Basse-Normandie, le nord des régions Centre et Bretagne ainsi que l'Alsace où le prix de la terre est supérieur à 5.000 euros/ha ; le sud du pays, au sud d'une ligne allant du lac Léman et l'estuaire de la Gironde, où le prix moyen est supérieur à 4.000 euros/ha ; et enfin, une zone centrale qui forme un croissant qui s'étend de la Franche-Comté au Poitou-Charentes où on enregistre des prix moyens inférieurs à 5.000 euros/ha.
Par contre, la crise qui frappe le secteur viticole se répercute de plus en plus sur le prix des vignobles, à l'exception de certains prospères comme ceux d'Alsace, de Provence, de Champagne (+112% en 14 ans), du Jura et de Savoie. Trois vignobles (Languedoc-Roussillon, Sud-Ouest et Vallée du Rhône) enregistrent des baisses de prix significatives, supérieures à 10% entre 2004 et 2005, tandis que trois autres limitent les dégâts: Bourgogne (-2,5%), Val de Loire (-2,8%), Bordelais (-4,6%).
Pour les vignobles AOC (appellations d'origine contrôlée), la baisse enregistrée entre 2004 et 2005 est de 2,3% avec un prix moyen de 83.600 euros l'hectare, retrouvant pratiquement le niveau de 2002. La baisse (près de -4%) est encore plus forte pour les vignes non AOC (12.100 euros/ha), la hausse (+0,8%) des terres de vins délimités de qualité supérieure ne compensant pas celles des «vins de pays» (-3,9%) et surtout celle des «vins de table» (-5,5%).



actionclactionfp