Le gel du marché de l'immobilier du luxe se confirme à Paris. Pour les biens d'une valeur supérieure à deux millions d'euros, les acheteurs se font très rares dans la capitale, affirme Barnes, spécialiste de l'immobilier résidentiel haut de gamme. Ainsi, les vendeurs révisent du coup leurs prix à la baisse. Explications.

Le marché de l'immobilier du luxe à Paris freine. D'après Barnes, le spécialiste de l'immobilier résidentiel haut de gamme, les transactions supérieures à deux millions d'euros ont fortement chuté en 2012, de 42%, entrainant une baisse des prix de 10 à 15%. "Les propriétaires des biens au-dessus de 2 millions d'euros sur la rive droite et au-dessus de 3 millions d'euros sur la rive gauche anticipent une baisse des prix et acceptent des offres inférieures de 10 à 15% par rapport aux prix de vente de janvier 2012", souligne le groupe Barnes dans une étude publiée mercredi 6 février 2013.

 

Ainsi, le spécialiste de l'immobilier résidentiel de grand luxe dispose à l'heure actuelle de "trois fois plus de biens de plus de 2 millions d'euros qu'en janvier dernier."

 

Les acquéreurs Européens de moins en moins nombreux
"Dans les ventes supérieures à 1 million d'euros réalisées sur la rive gauche de Paris, la part des acquéreurs étrangers est tombée de 45% en 2011 (dont la moitié d'Européens) à 25% l'an dernier et à seulement une vente sur huit depuis le début de l'année, dont aucun Européen", ajoute-t-il.

 

10.000 euros le mètre carré dans le 16ème arrondissement de Paris
De plus, les transactions ont également baissé de 28% pour les biens inférieurs à 2 millions d'euros, mais le marché reste actif comme le marché parisien "classique", et les prix sont stables. Un bien de luxe dans le 16e arrondissement parisien s'achète à l'heure actuelle à 10.000 euros le mètre carré, souligne le groupe Barnes.

 

Ce sont en fait les ventes de biens d'exception (de 20.000 à 40.000 euros du mètre carré) qui ne sont touchées par aucun facteur. "Avec en général une vue imprenable sur la Seine, sur les grands monuments, que ce soit rive gauche ou rive droite, ils restent très prisés des investisseurs internationaux non européens", complète le groupe Barnes. L'achat "plaisir", souvent recherché par certains investisseurs du Moyen-Orient qui ne comptent pas ce qu'ils dépensent, demeure d'actualité à Paris. En revanche, les fonds du Qatar, pays fasciné par la ville parisienne selon Barnes, sont eux plus à la recherche d'investissements rentables.

 

Une plus forte taxation des revenus fonciers
Quelles sont alors les raisons de ce gel dans l'immobilier du luxe ? : "L'instabilité du cadre fiscal français" et son "durcissement", explique le cabinet d'avocats Lefèvre Pelletier. "Des revenus fonciers et plus-values immobilières davantage taxés, un impôt sur la fortune (ISF) à nouveau soumis à un barème progressif, et des successions et donations fiscalement plus coûteuses sont les principales mesures qui affectent le plus le secteur de l'immobilier haut de gamme", explique-t-il. Et d'ajouter : "Les propriétaires craignent que, du fait de l'instabilité fiscale, l'exonération de taxe sur la plus-value de cession de la résidence principale ne dure pas, au-delà d'un certain montant."

 

Par exemple, pour les non-résidents, la taxe sur la plus-value de cession est passée de 19% à 32,5% (plus surtaxe) et le taux de taxation des revenus fonciers a été porté de 20% à 35,5%. Par ailleurs, Barnes, dont les mandats de vente ont augmenté de 50% entre janvier 2012 et janvier 2013, remarque qu'un tiers des vendeurs des biens supérieurs à 2,5 millions d'euros prennent la décision de s'expatrier.

actionclactionfp