Pour sa quatrième édition, le désormais incontournable Global Award, qui a acquis une assise internationale incontestable, connaît un nouvel envol, rendant mieux compte de cette dimension. Mais il reste fidèle à son fondement : promouvoir l'architecture durable dans toute sa diversité. Découvrez les lauréats 2010.

Le cabinet Snøhetta, Troppo Architects, Junya Ishigami, Giancarlo Mazzanti, Steve Baer : cinq "histoires de vie", cinq "histoires d'architectes"... cinq lauréats du Prix de l'architecture durable 2010 (Global Award for sustainable architecture - GA). Un prix qui distingue, non pas un modèle d'architecture, mais l'Architecture durable - avec un grand A ou un grand D, c'est selon - celle qui ne connaît pas de règles, qui s'exerce dans toute sa diversité de points de vue, liés au sol, à l'humain, à la société qui a fait naître son maître d'œuvre. De la Norvège à l'Australie, du Japon aux Etats-Unis en passant par la Colombie, du "débutant" et artiste Junya Ishigami, à l'utopiste et visionnaire - dès les années 60 - Steve Baer, ce sont "cinq façons différentes de travailler, mais qui, toutes, ont réussi à établir l'architecture comme un moyen d'améliorer la vie des gens", explique Jana Revedin, commissaire générale des Global Awards, qui a lancé ces prix en 2006, en partenariat avec la Cité de l'architecture de Paris et le Conseil général des Yvelines et l'Etablissement public de Seine Aval (Epamsa).

Une dimension internationale affirmée

Dans sa version 2010, l'on ne parle plus de la "Collection manifeste" des débuts, sorte de musée à ciel ouvert de réalisations de lauréats sur le territoire de la Seine Aval, autour de la Villa Savoye de Le Corbusier : la crise est, entre autres, passée par là... Finalement un seul programme devrait voir le jour très prochainement à Chanteloup les Vignes, celui de l'Autrichien Hermann Kaufmann, lauréat 2007. Le nouveau départ du Global Award a pour nom "Locus" (lieu en latin). Ce fonds international créé par Jana Revedin, s'est donné pour mission, bien sûr, de promouvoir l'architecture durable. Mais pas seulement à travers le Prix - qui constitue l'axe "valorisation" - mais surtout, en développant la transmission - à travers des colloques, des films, des publications, des universités d'été, de la formation continue, etc. - sans oublier également la pratique, en encourageant l'innovation et le retour à un enseignement véritable des matériaux, de même qu'en lançant, à l'échelle mondiale cette fois, des constructions expérimentales répondant à de véritables besoins, en s'appuyant sur l'ensemble du réseau développé grâce à la vingtaine de lauréats du prix depuis 2007.

 

Comme le souligne Jana Revedin, avec Locus "nous prenons l'échelle qui convient à ce prix, en remerciant deux grandes entités qui nous ont aidés à le faire naître dans un contexte difficile, la Cité de l'architecture et l'Epamsa". Aujourd'hui, la Cité est toujours autant associée, et le second rejoint les partenaires privilégiés du Global Award et de Locus, avec deux autres grandes entités, l'Unesco et l'Union Internationale des Architectes. Nul doute que cette "petite" évolution pour le GA, ne trouble en rien la "révolution" entamée depuis sa création.

 

Jana revedin
Jana revedin © Jana Revedin - DR
Un prix à vocation internationale... et dimension humaine

 

Depuis cinq ans, ce prix a su rappeler à la société et aux professionnels, les fondements mêmes de l'architecture - alors même qu'à l'époque, ce n'était pas vraiment 'à la mode' - tout en montrant au grand public que cette discipline n'est pas seulement l'œuvre de quelques grands noms, mais celle de tout un ensemble d'hommes et de femmes qui travaillent pour et avec leurs contemporains, à leur donner un cadre de vie optimal. Dimension humaine et sociétale, urbanisme raisonné et, bien sûr, respect de l'environnement... Tous convergent vers la durabilité : un message universel aux acceptions multiples. Les quinze lauréats - dont une exposition itinérante est présentée actuellement à la Cité de l'architecture* - et ceux qui les rejoignent cette année en sont la preuve vivante. Personne en France ou peu, avant ce prix, n'avait entendu parler, par exemple, de Giancarlo Mazzanti : grâce à cet architecte colombien pourtant, et certains de ses confrères, la ville de Medellin, de si triste renommée, connaît un nouveau départ plein de promesses.

 

Reste juste à assumer les fonds - l'argent restant le nerf de la guerre - pour mener à bien tous ces projets : c'est tout l'enjeu de Locus. Premier grand projet à venir : l'envoi en octobre prochain d'une douzaine de lauréats du prix en Chine, pour répondre à l'appel de l'un d'entre eux, Wang Shu (GA 2007) pour une réalisation commune. Avec le Global Award, "C'est un beau jardin vivant que nous avons planté", se félicite Jana Revedin.

Le cabinet Snøhetta, Troppo Architects, Junya Ishigami, Giancarlo Mazzanti, Steve Baer : découvrez en cliquant sur suivant, les lauréats 2010 du Prix de l'architecture durable, présentés lors du Symposium organisé le 11 mai dernier à la Cité de l'architecture.

* Exposition Global Award for sustainable architecture 2007-2008-2009, actuellement à la Cité de l'Architecture. A noter également, le livre Sustainable Design, de Marie-Hélène Contal et Jana Revedin (respectivement responsable du prix à la Cité de l'architecture et commissaire du Global Award, également initiatrices de l'événement) aux éditions Birkhäuser et qui sort aux éditions du Moniteur en France cette année.

 


Verbatim

 

La crise énergétique et écologique atteint toutes les sociétés au même moment. Une rupture aussi globale et simultanée ne s'était jamais produite dans le monde moderne. Au xxe siècle, le train du développement industriel dissémina le même modèle de ville sur tous les continents, au rythme de leur histoire. Aujourd'hui, les trains du développement durable partent de partout en même temps mais si leur objectif est commun, ils n'emploient ni la même énergie ni les mêmes voies.

 

Dans tous les pays, une avant-garde d'architectes travaille à reconstruire une relation d'équilibre entre terre et hommes. L'Occident abrite plusieurs foyers d'invention. Energie et matière y sont l'enjeu d'une nouvelle révolution industrielle dont les architectes sont les chercheurs. Au Sud, la crise renouvelle les lois du développement : techniques et société, ville et équité... l'urgence économique et climatique pousse à des innovations plus radicales, ce qui ouvre un échange Sud-Nord inédit.

 

Une scène mondiale d'architecture émerge. Ses acteurs n'y partagent plus des modèles mais une éthique, des méthodes, des expériences. A l'international design de la fin du xxe succède l'universel d'une architecture qui, du plus profond de chaque territoire, devient ' fragment de monde', clarifie notre vision de son avenir."

 

François de Mazières, président de la Cité de l'architecture et du patrimoine

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