PROGRAMME. Comme les bailleurs sociaux, l'association Plurience, regroupant des bailleurs privés, estime que le logement n'est pas suffisamment pris en compte dans le programme des candidats à la présidentielle. A quelques semaines du premier tour, l'association dévoile ses propositions visant à refonder la politique du logement.

Si le logement "est un bien de première nécessité et une cause nationale de première importance", l'association Plurience, regroupant de grandes entreprises de la gestion et de la transaction immobilières, déplore que les propositions des candidats à la présidentielle soient insuffisantes en la matière. Réunie le 8 mars 2017, les dirigeants de l'association ont dévoilé leurs propositions "visant à refonder la politique du logement".

 

 

Elles s'articulent autour de quatre idées. Tout d'abord, les bailleurs privés suggèrent de mieux allotir la dépense publique en faveur du logement. Henri Deligné, Délégué général de Plurience, souhaite que l'on "parle du logement locatif dans sa globalité". Il propose d'orienter la dépense publique, par une politique contractuelle et incitative, vers le développement d'une offre d'accession ou locative maîtrisée, notamment dans les zones tendues ; la rénovation de tout le parc privé existant, et non seulement sa remise à niveau énergétique et le maintien d'un juste niveau d'aide à la personne, solvabilisatrice.

 

Le deuxième axe des propositions de l'association consiste à reconnaître le rôle économique et social du bailleur privé. "Il faut arrêter de dire que le bailleur privé n'est pas un rentier", lance Karine Olivier, trésorière de Plurience et dirigeante chez Oralia. "Ce sont de vrais acteurs économiques, il faut les aider", ajoute-t-elle. Le bailleur privé, c'est un entrepreneur, il faut le considérer comme tel, complète un autre membre de l'association. Dans un livre blanc, Plurience liste une série de mesures en ce sens comme par exemple d'élargir la notion de propriété. "L'épargne privée doit être assimilée à l'épargne retraite", propose-t-elle. L'association réclame également une fiscalité et des réglementations pérennes et stables. Des membres de l'association nous ont confié que la mise en conformité pénalisait leurs entreprises. Comme d'autres acteurs du secteur du logement, Plurience demande le maintien des aides sur la production de logements neufs citant notamment le dispositif "Pinel".

 

La rénovation énergétique, un enjeu de taille pour les 700.000 copropriétés

 

L'association souhaite faire reconnaître la spécificité de la copropriété dans la rénovation énergétique. Karine Olivier rappelle que la France comprend environ 700.000 copropriétés, en majorité de petite taille. "Il y a donc un enjeu important pour ce parc", insiste-t-elle. Elle suggère qu'un traitement spécifique pour les plus petites en allégeant les contraintes. "On ne peut pas avoir les mêmes règles pour une grosse copropriété".

 

"Il faut donner du sens à la rénovation", Karine Olivier

 

L'association propose aussi d'améliorer la crédibilité et la garantie des audits, de lutter contre la dispersion de l'information et de poursuivre la mise en œuvre de travaux de fonds de travaux mais aussi de simplifier et pérenniser les financements. "Il faut donner du sens à la rénovation", estime Karine Olivier. "Aujourd'hui, nous sommes face à un parc vieillissant sur lequel les pouvoirs publics doivent se pencher. Nos copropriétés croulent sous les charges. Le financement, c'est la clé", estime Olivier Nivault, le Président de Plurience et dirigeant du Crédit Agricole Immobilier.

 

Apaiser les relations

 

Plurience demande aux candidats de restaurer la confiance mais aussi d'apaiser les relations entre bailleurs et locataires. "Cela commence par une meilleure homogénéité entre les parcs, privé et social, et par une reconnaissance de leur complémentarité", indique le livre blanc qui énumère alors trois mesures qui permettraient cette synergie, à commencer par plus de fluidité dans les parcs locatifs.

 

 

L'association préconise aussi plus de mobilité et de simplification par l'harmonisation de la durée des congés des locataires entre parc privé et social. Pour les membres de l'association "la règle du délai de 2 mois pour tous serait un juste compromis", nous ont-ils confié. Ils souhaitent aussi plus de mixité sociale en classifiant de la même façon les logements à loyer identique en les comptabilisant tous dans le quota de la loi SRU.

 

Enfin, l'association juge que la loi ALUR a renforcé le déséquilibre entre bailleurs et locataires, "sa correction serait un signal pour le retour de la confiance du bailleur". "L'objectif de ces propositions est de changer le regard des candidats sur le logement. Si on arrive à les sensibiliser, on aura gagné", conclut Olivier Nivault. Pour l'heure, l'association a rencontré les équipes de campagnes de François Fillon et Emmanuel Macron, et attend de pouvoir sensibiliser les autres candidats avant le premier tour.

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