Le prototype d'éolienne Floatgen, construite par le consortium Ideol-Bouygues Travaux Publics-Gamesa, est actuellement en construction à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Elle prendra le large d'ici à la fin de l'année pour être testée au SEM-REV, lieu d'expérimentation maritime situé au large du Croisic.

Elle sera la première éolienne flottante française (mais la septième au monde) et se trouve aujourd'hui en construction à Saint-Nazaire. Floatgen est née d'une coopération entre Ideol, qui a breveté le système de fondation flottante "damping pool", Bouygues Travaux Publics, qui réalise cette coque, et Gamesa, le fournisseur espagnol de la turbine. La machine, dotée d'un rotor de 80 mètres de diamètre, développera ainsi une puissance de 2 MW et restera posée à la surface de l'océan grâce à son flotteur de béton, "trois fois plus léger que l'acier". La filiale de Bouygues Construction précise avoir développé une formulation spécifique de béton léger auto-plaçant ainsi qu'une méthode adéquate de production, sur trois barges solidarisées.

 

 

La première de la lignée sera remorquée, à l'automne prochain, au SEM-REV, site d'expérimentation en mer, situé à une vingtaine de kilomètres au large du Croisic. Une zone de 1 km², raccordée au réseau électrique national par un câble d'une capacité de 8 MW et largement instrumentée, afin d'étudier son comportement en conditions réelles. Arnaud Poitou, directeur de l'Ecole centrale de Nantes, concessionnaire du SEM-REV, explique à l'AFP : "On va tester la résistance des ancrages, la stabilité de la plateforme, sa capacité à résister aux tempêtes et aux effets de la houle. Et si tout va bien, l'énergie produite pourra alimenter 2.000 à 5.000 foyers". Le système d'ancrage innovant, de la société Le Béon, repose sur l'utilisation de trois lignes doublées de nylon (une à l'avant et deux à l'arrière du flotteur), non sujettes à la corrosion.

 

Lever toutes les incertitudes techniques

 

 

Paul de la Guérivière, p-dg d'Ideol, souligne le paradoxe : "Il y a plus de 3.000 éoliennes en mer en exploitation aujourd'hui dans le monde, et aucune en France (…) La France a raté le coche de l'éolien posé, et au final c'est une éolienne flottante qui sort en premier". Exception faite des éoliennes Haliade d'Alstom (General Electric), dont les nacelles sont produites à Saint-Nazaire. Mais les énergies marines renouvelables n'en sont bien qu'à leurs débuts en France, où les expérimentations se multiplient. C'est le cas des hydroliennes Sabella et EDF-DCNS, immergées en Bretagne depuis 2015. Mais les difficultés opérationnelles sont nombreuses, avec des conditions de mise en œuvre complexes, liées aux phénomènes de corrosion ou d'efforts mécaniques, à la profondeur ou à la fiabilité de tous les équipements techniques.

 

Les éoliennes Floatgen doivent également être déployées au Japon, dans le cadre du projet Nedo, où les fondations flottantes Ideol seront associées, cette fois, à des turbines d'une puissance supérieure (3,75 MW). Au mois de juillet dernier, Paul de la Guérivière annonçait : "Nous sommes très satisfaits de lancer la construction de deux démonstrateurs supplémentaires au Japon, le marché leader de l'éolien en mer flottant (…) Cette réussite confirme les avantages évidents de l'offre Ideol qui consiste à intégrer au maximum l'expertise technique en interne, afin d'apporter à nos clients et partenaires la réactivité requise pour ce type de projets à fort intérêt capitalistique".

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