TRAVAIL DÉTACHÉ. Quelque 261.300 salariés ont été détachés au moins une fois en France dans le courant de l'année 2019, selon une analyse de la Dares. La construction concentre à elle seule 34% de ces effectifs. Mais le recours aux travailleurs détachés varie selon les régions.

Quelles sont les spécificités des salariés en situation de détachement dans le BTP français ? La Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), rattachée au ministère du Travail, s'est penchée sur la question dans une analyse publiée en ce mois de juin 2021. On y apprend tout d'abord que, tous secteurs d'activité confondus, quelque 261.300 travailleurs ont été détachés au moins une fois par des entreprises étrangères dans l'Hexagone dans le courant de l'année 2019, réalisant au total 675.300 détachements. Le nombre de salariés détachés présents à une date donnée s'est établi en moyenne à 72.600 cette année-là, en progression de 5,9% par rapport à 2018. Toujours en moyenne, les travailleurs ont cumulé 101 jours de détachement sur l'année, une durée qui atteint 123 jours dans le secteur de la construction. Lequel voit néanmoins de fortes disparités en son sein : la moitié des salariés y enregistrent une durée totale de détachement inférieure à 88 jours, pendant qu'un quart ont une durée supérieure à 191 jours.

 

 

Les entreprises de BTP de Corse et de Paca sont celles qui ont le plus recours au détachement

 

Le bâtiment et les travaux publics concentrent d'ailleurs 34% des effectifs détachés, au même niveau que l'industrie. Rapporté au nombre de salariés non-détachés du secteur privé, le taux de recours aux travailleurs détachés est de 0,4% à l'échelle nationale ; des variations parfois importantes s'observent toutefois en fonction du secteur d'activité et de la région. Ainsi, c'est dans l'agriculture que le taux est le plus élevé (2,2%), suivi par le BTP (1,6%). Et sur le plan géographique, c'est en Corse et en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) qu'il est le plus important au sein de la construction (respectivement 6% et 3,5% de l'emploi salarié privé du secteur), avec un "pic" enregistré dans les Alpes-Maritimes (8,3%). D'autres territoires y ont toutefois largement recours, comme certains départements du Grand Est (Meuse et Moselle), d'autres plus à l'Ouest (la Manche et la Loire-Atlantique) ou encore la Guyane. À elle seule, la filière a au total recensé 25.000 salariés détachés en 2019. Entre 2018 et 2019, "et de façon régulière d'un trimestre à l'autre" selon la Dares, l'emploi détaché y a augmenté d'environ 7%.

 

Tous secteurs confondus, "le recours au travail détaché se fait majoritairement via des prestations de services transnationales entre deux entreprises distinctes (57% de l'emploi)", précisent les analystes. Ajoutant : "Viennent ensuite les mises à disposition de salariés au titre du travail temporaire (26%) [désignées comme le 'modèle M3'], fortement utilisées dans les régions frontalières, puis les mobilités intra-groupes (19%)." C'est justement dans le cadre du "modèle M3" que 18.700 travailleurs ont été détachés en 2019, dont 41% pour le BTP. Dans l'écrasante majorité des cas et sans grande surprise, les salariés en situation de détachement s'avèrent être des hommes à 92%, dont 78% sont détenteurs de la nationalité d'un État-membre de l'Union européenne. Dans le BTP, ce sont les nationalités portugaise et polonaise qui sont les plus représentées. Quant à l'âge, et tous secteurs confondus, c'est la tranche 35-44 ans qui domine avec 30%, suivie par les tranches 25-34 ans et 45-54 ans, respectivement à 25% et 24%.

 

 

Impact significatif du premier confinement sanitaire

 

La Dares a aussi communiqué sur les premiers chiffres de l'année 2020 : avant l'instauration du premier confinement sanitaire au mois de mars, "24.800 travailleurs détachés [exerçaient] dans la construction", ce qui faisait représenter au secteur 40% de l'emploi détaché à cette date. Avec l'industrie, le BTP a par la suite subi "une perte modérée" de ses effectifs détachés durant le confinement du printemps, "la situation revenant à la normale autour du 3e trimestre 2020". Les analystes appellent toutefois à la prudence "car une partie des déclarations ont pu être initiées avant le premier confinement, sans avoir été nécessairement supprimées en cas d'annulation de la mission". Autrement dit, le recours au travail détaché lors des deux premiers trimestres de 2020 a potentiellement été moins important que ce que pourraient laisser a priori penser les déclarations.

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