ENVIRONNEMENT. Le cimentier Lafarge-Holcim est dans la tourmente depuis la révélation de rejets polluants dans la Seine opérés depuis son usine située dans le quartier de Bercy, à Paris. La municipalité monte au créneau tandis que l'industriel fait l'objet d'une enquête du parquet.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé mercredi que tous les sites du cimentier Lafarge situés en bord de Seine en Ile-de-France seront contrôlés, nous apprend l'Agence France presse. "Ces actes sont intolérables. J'attends des explications du groupe Lafarge et j'ai d'ores et déjà décidé de lancer une opération de contrôle de l'ensemble de ses installations qui bordent la Seine en Ile-de-France", a-t-elle indiqué dans un tweet.

 

 

Lafarge-Holcim aurait certainement préféré ne pas faire encore les frais d'une mauvaise publicité. Le 1er septembre, nos confrères d'Europe 1 ont révélé que le cimentier déversait des rejets polluants directement dans la Seine depuis son installation située dans le quartier de Bercy, à Paris. La radio généraliste précise que la pollution en question serait constituée de "particules de ciment, de liquides de traitement et de microfibres de plastique", et proviendrait d'un trou percé dans une cuve de réception de matériaux usés, permettant ainsi à ces derniers de couler sur les quais avant de rejoindre le fleuve.

 

Enquête judiciaire ouverte pour "déversement de substances nuisibles par personne morale"

 

Suite à ces révélations, la municipalité a immédiatement fait part de son indignation : "C'est un véritable scandale écologique, alors que nous travaillons avec nos partenaires depuis de nombreuses années pour améliorer la qualité du fleuve. La Ville de Paris va saisir le procureur de la République pour ces faits graves qui portent atteinte à notre environnement", a ainsi réagi la maire socialiste Anne Hidalgo, réélu en juin dernier grâce à une coalition avec les écologistes.

 

Contacté par l'Agence France Presse, le parquet de Paris a quant à lui annoncé qu'une enquête était déjà ouverte depuis que l'Office français de la biodiversité (OFB) avait constaté le 27 août dernier une "suspicion de pollution de la Seine par une entreprise de travaux publics". L'institution judiciaire a alors confié à l'OFB ainsi qu'à la brigade fluviale une enquête pour "déversement de substances nuisibles par personne morale", "jet ou abandon par personne morale de substances nuisibles" et "utilisation de produits phytosanitaires sans respecter les conditions d'utilisation". Mais les réactions ne se sont pas arrêtées là : la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a également indiqué sur Twitter que des inspecteurs de son ministère allaient se rendre sur place et que les "responsables seront poursuivis".

 

Le site de Lafarge à Bercy "victime d'une détérioration délibérée d'une plaque d'étanchéité"

 

Lafarge-Holcim a répondu par voie de communiqué en invoquant un acte de malveillance : "Le site de Bercy a été victime d'une détérioration délibérée d'une plaque d'étanchéité, positionnée sur le dernier bassin de décantation des eaux, qui a entraîné un léger écoulement temporaire d'eau recyclée dans la Seine. Aussitôt détecté, l'écoulement qui ne concerne que des eaux en dernière étape de recyclage a été stoppé. Des travaux de réparation immédiats ont été engagés permettant de circonscrire les conséquences de la fuite", peut-on encore lire.

 

 

L'industriel détaille par ailleurs le processus de recyclage des eaux usées de son site de Bercy : "Le traitement des eaux de nettoyage [...] est réalisé en circuit strictement fermé, sans aucun rejet extérieur. Il fonctionne par décantation successive dans une série de bassins. L'eau est ensuite réutilisée dans le circuit de la centrale pour réaliser les bétons et procéder à nouveau aux opérations de nettoyage. Les résidus (graviers, boue cimentaire) sont régulièrement extraits des bassins et évacués selon des filières certifiées." Et le cimentier d'assurer que lui aussi n'en restera pas là : "L'incident survenu la semaine dernière est exceptionnel. Il a été provoqué par un acte malveillant pour lequel une plainte est déposée ce mardi 1er septembre."

 

Ce n'est pas la première fois que Lafarge-Holcim est pointé du doigt pour des accusations de pollution de la Seine : en février, le groupe activiste Extinction Rébellion avait réalisé plusieurs actions sur différents sites de l'industriel, notamment un blocage de sa centrale à béton de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Et il n'a pas été le seul : le géant du BTP Vinci a aussi été dénoncé en avril 2019 pour des déversements de résidus de béton dans la Seine, depuis le site d'une de ses filiales, localisé à Nanterre (Hauts-de-Seine). Le major avait ensuite été condamné à une amende de 90.000 €.

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