ENTRETIEN. Reconduit à la tête de l'École d'architecture de Paris-Malaquais, Jean-Baptiste de Froment détaille pour Batiactu sa vision d'un enseignement pluridisciplinaire, ouvert à la recherche et à l'international. Des transformations au sein de l'établissement, désormais intégré à l'université PSL, sont en cours.
Au cœur du VIe arrondissement de Paris, à quelques pas de la Seine, l'École nationale supérieure d'architecture (Ensa) de Paris-Malaquais va connaître quelques changements. La cinquième Ensa la plus sélective sur Parcoursup en 2025, selon le média L'Étudiant, est en pleine restructuration depuis son intégration au sein de l'Université PSL (Paris sciences & lettres) en janvier 2025.
Son directeur, Jean-Baptiste de Froment, est chargé de mener ces transformations. Après un premier mandat de trois ans, il a été reconduit en avril à la tête de l'établissement comptant près de 1.000 étudiants, 90 enseignants-chercheurs et plus de 200 intervenants professionnels.
Batiactu : Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat ?
Jean-Baptiste de Froment : J'ai grandement apprécié les trois années qui viennent de s'écouler. Lors de mon arrivée en 2022, l'école venait de traverser une période difficile, marquée par la pandémie de covid-19. Une situation compliquée pour les étudiants, et qui laisse encore aujourd'hui des traces chez certains. 2022 a aussi été l'année où le Conseil d'État a décidé de démolir le bâtiment Lenoir, qui abritait des laboratoires de recherche et des salles de cours. Une mauvaise nouvelle alors que nous sommes déjà à l'étroit sur le site. La bonne est que des travaux ont été engagés dans le bâtiment principal (Perret), pour le rénover et le rendre plus fonctionnel.L'intégration de Paris-Malaquais au sein l'université PSL a aussi été un moment significatif. L'établissement redevient un lieu de réflexion et de diffusion de la culture architecturale. Nous avons relancé un cycle de conférences et avons créé une galerie d'architecture. Nous avons également créé de nouveaux doubles diplômes avec les Arts déco et l'école [d'ingénieurs] des Mines, et relancé la vie associative.
En outre, des mesures ont été prises pour mieux lutter contre le harcèlement moral et les violences sexistes et sexuelles. Ce n'est pas tout, nous avons mené un travail introspectif sur notre identité et positionnement en tant qu'école d'architecture, pour mieux identifier notre singularité dans le paysage des écoles d'architecture et de l'enseignement supérieur en général. Un manifeste intitulé Pour une architecture ouverte sera prochainement diffusé afin d'énoncer nos valeurs et les principes qui nous guident. Nous souhaitons faire dialoguer l'architecture et les autres disciplines (ingénierie, sciences humaines, économie, design, arts impliqués, architecture d'intérieur). L'architecture se nourrit des autres disciplines. Le projet architectural est confronté à des ordres de réalités diverses, et l'architecte est celui qui assemble ces savoirs.
Comment définiriez-vous alors l'identité de Paris-Malaquais ?
D'abord par son ouverture pluridisciplinaire mais aussi par son goût de l'expérimentation. Nous le revendiquons. A l'ère de l'intelligence artificielle, de la crise écologique et des bouleversements sociaux qui redéfinissent l'habitation et la ville, expérimenter paraît pertinent. L'autre pan de l'identité de l'école est la recherche. L'établissement compte trois laboratoires, que nous voulons renforcer. Ils s'intéressent notamment aux nouveaux matériaux, à la manière d'économiser la matière, à des structures plus économiques, et à l'existant.

Qu'est-ce que cela change pour l'école d'être aujourd'hui intégrée à PSL ?
Nous étions auparavant partenaires. Intégrer PSL a élargi notre offre de formation, notamment en imaginant de nouveaux doubles diplômes. Cela nous permet de collaborer avec les établissements de PSL. Nous intégrons également des programmes gradués, au niveau master. Ces programmes regroupent des enseignements de plusieurs établissements sous une thématique commune, comme le programme Arts, par exemple. Le socle du master Architecture restera le même mais sera enrichi d'enseignements en arts, que cela soit du cinéma, des arts plastiques, etc.Il vous reste 72% à découvrir.
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