CONCOURS D'ARCHITECTURE. La Sem de la Ville de Paris inaugure "un modèle original de promotion publique" et lance un triple concours d'architecture pour des "petits projets complexes d'intérêt général", plutôt qu'un énième appel à projets urbains innovants.

La Sem historique du Front de Seine-Beaugrenelle (15e arrondissement) veut prendre sa place de "promotrice publique" pour porter des projets d'intérêt général sur des fonciers difficiles. Après un processus de restructuration qui a vu la création d'un groupe composé de la Sem (Société d'économie mixte) et d'une SPL (société publique locale) au sein d'un GIE réunissant leurs fonctions support, le tout contrôlé par la Ville de Paris, elle est désormais "en ordre de marche" et a donné, le 11 juillet, le coup d'envoi de trois opérations qu'elle portera en maîtrise d'ouvrage, comme n'importe quel promoteur.

 

"L'histoire de la promotion publique chez Pariseine est née avec Réinventer Paris", souline son président Nicolas Bonnet-Oulaldj, également élu au Conseil de Paris. Pariseine s'est en effet portée candidate, au sein de groupements, sur plusieurs sites mis en appel d'offres par la Ville. Là, sur des fonciers cédés par la Ville, ce sont des concours d'architecture qu'elle lance, assumant de "porter le risque" en tant que propriétaire.

 

 

Des opérations anti-spéculatives et de qualité

 

Cette nouvelle mission est "la suite logique de l'engagement social et environnemental de Pariseine", poursuit son président. Il s'agit de créer des "logements de qualité, à budget abordable pour de jeunes ménages et qui ne participent pas au cercle vicieux de la spéculation immobilière". A cet effet, "les critères de qualité seront ceux du rapport Girometti Leclercq", précise la directrice générale, Ariane Bouleau. Et pour le côté abordable, une partie des logements sera en BRS (bail réel solidaire), donc très en-dessous du marché de l'accession.

 

Il s'agit aussi de "produire des bâtiments qui produisent moins de carbone, et permettent de réduire les îlots de chaleur en végétalisant", indique le président, qui rappelle l'attachement de la Sem "aux niveaux les plus élevés des labels, notamment ceux concernant le carbone". Et la directrice générale de préciser que "depuis 2020 toutes les opérations sont pilotées par le bilan carbone". Ces opérations récentes sont au nombre de trois : l'Ecoquartier de Boucicaut, la Zac Beaujon et l'îlot Lourmel.

 

 

Les projets devront respecter le futur PLU bioclimatique parisien

 

Pour preuve de cette volonté de porter des projets vertueux, la Sem a décidé que les propositions architecturales (seuls les architectes pourront être mandataires de groupements) seront étudiées sous le prisme du PLU bioclimatique de Paris, élaboré mais pas encore adopté, et qui constitue l'un des documents d'urbanisme les plus exigeants actuellement, en matière de respect de l'environnement immédiat des projets, de la place de la nature, du bilan carbone ou de la mixité sociale.

 

Ce "triple concours d'architecture" (chaque architecte mandataire ne pourra candidater que sur un site) portent sur des projets mixtes comprenant la création de logements, la reconstitution de services publics et la renaturation d'espaces imperméabilisés.

 

 

Des projets "sur-mesure" attendus

 

Les équipes de maîtrise d'œuvre seront notamment attendues sur leur capacité à concevoir "des projets sur-mesure, répondant aux défis caractéristiques de la ville dense par une réponse d'intérêt général, du point de vue social, urbain et environnemental", explique Ariane Bouleau.

 

Ces petits programmes immobiliers devront donc conjuguer de fortes attentes programmatiques, architecturales et environnementales. Pour s'assurer de l'insertion urbaine et d'une réponse en adéquation avec les attentes et les besoins du quartier, les mairies de l'arrondissement concerné seront membres des jurys (avec la Sem, la Ville de Paris et d'autres personnalités qualifiées).

 

Des sites longtemps délaissés car trop complexes

 

Les trois sites prennent place dans trois arrondissements différents. Il s'agit du 16 bis rue Ernest et Henri Rousselle dans le 13e arrondissement, du 6-8 rue Bardinet dans le 14e, et du 267 rue des Pyrénées dans le 20e. Certains ont, par le passé, fait l'objet de projets laissés sans suite, indique la Sem. La solution de promotion publique ouvre donc "une nouvelle opportunité de projet".

 

En tout, 31 logements seront créés, dont 9 en BRS. Environ 1.500 m² de services publics et d'équipements de proximité seront créés ou reconstitués, et au moins 1.400 m² d'espaces végétalisés dont la moitié en pleine terre doivent voir le jour (avec au moins 10 arbres plantés). Trois équipes par site seront admises à concourir au-delà de la phase qui s'ouvre ce jour. Les lauréats seront désignés à la fin de l'année.

 

Ces sites, et cette façon de faire, sont "représentatifs de cette nouvelle génération de fonciers à réinvestir pour donner corps à la ville durable. Sur le terrain opérationnel, les modèles des acteurs de la ville doivent évoluer en conséquence", estime la directrice générale. Pariseine est dans les rangs et d'autres projets suivront, assure-t-elle.

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