LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT. La possibilité d'un amendement supprimant l'avis conforme des ABF pour l'installation d'équipements producteurs d'énergie effraye certains acteurs, dont la présidente de Cnoa Christine Leconte ou encore Stéphane Bern, chargé de mission patrimoine. Avec d'autres, ils en appellent au président de la République pour arbitrer les débats législatifs.

Il ne s'agit à ce stade que d'une "perspective". Mais ils sont plusieurs dizaines de personnalités du secteur de l'architecture, du patrimoine et des villes historiques à avoir signé la lettre ouverte au président de la République. Pour cause : la crainte qu'un amendement parlementaire au projet de loi Production d'énergies renouvelables vienne "supprimer l'avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France sur les implantations d'équipements producteurs d'électricité, en centres historiques". En ligne de mire, principalement : les panneaux photovoltaïques.

 

Ainsi Christine Leconte, présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes, Stéphane Bern, chargé de mission pour le patrimoine en péril, Martin Malvy, président de Sites & Cités remarquables de France et ancien ministre, Christian Laporte, président des Architectes du patrimoine, ou encore Fabien Sénéchal, président des Architectes des bâtiments de France, demandent l'abandon de ce "projet".

 

 

"Purement symbolique" mais "esthétiquement dramatique"

 

"Favorables au développement des énergies renouvelables", les signataires soulignent que les secteurs qui sont placés sous contrôle des ABF "ne représentent que 6% de l'espace national". Une "portion infime" du territoire, sur laquelle "ne pourraient être exposés que des équipements mineurs".

 

De quoi, finalement, "fournir, à partir du patrimoine national, une vitrine aux producteurs d'électricité". Perspective "effrayante", "énergétiquement purement symbolique" et "culturellement, esthétiquement, dramatique".

 

 

Retour de "la France défigurée"

 

Se référant à Malraux et sa loi de protection des centres anciens, les auteurs préviennent que "passer en force déboucherait sur une situation critique" : ils en appellent à celles et ceux ayant "le souci du développement durable mais dont l'adhésion à cette malheureuse idée nous ramènerait à une époque où la presse parlait de 'la France défigurée'".

 

S'ils admettent qu'il est "nécessaire d'engager le dialogue et de rechercher collectivement des solutions à l'adaptation de l'environnement aux contraintes qui sont désormais les nôtres", la suppression de l'avis conforme des ABF "aurait vite fait de renouer avec cette virulente critique" de la France défigurée.

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