Le tribunal correctionnel de Strasbourg a commencé, mercredi 25 mai 2016, à juger les responsables présumés d'une pollution à l'amiante survenue en 2013 lors d'un chantier dans les locaux du Parlement européen, un incident qui a exposé plus de 300 personnes à un risque potentiel de cancer.

Jusqu'à vendredi 27 mai 2016, le tribunal correctionnel de Strasbourg se penche sur une affaire de pollution à l'amiante dans les bureaux du Parlement européen de Strasbourg, datant de février 2013. Une architecte d'intérieur, maître d'œuvre des travaux, une entreprise de plâtrerie et un bureau spécialisé dans la coordination de sécurité, sont poursuivis pour "mise en danger de la vie d'autrui", du fait d'une "violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".

 

Rappel des faits. En février 2013, un chantier destiné à aménager de nouveaux bureaux dans le bâtiment Winston Churchill, le plus ancien du Parlement européen de Strasbourg, est lancé. A noter que cet édifice a été construit dans les années 70 lorsque l'amiante était couramment utilisé comme matériau ignifuge et isolant. Dans un bâtiment, alors relativement peu occupé, des ouvriers d'une entreprise de plâtrerie avaient alors démonté le coffrage de poteaux porteurs métalliques et déposé les matériaux sans prendre de précautions particulières, avant de se rendre compte que ces plaques contenaient peut-être de l'amiante. Hypothèse confirmée quinze jours plus tard par des analyses.

 

Au moment des faits, plus de 330 personnes fréquentainet la zone du chantier. Elles se sont portées parties civiles et "doivent désormais vivre avec l'angoisse d'être atteintes d'un cancer d'ici à 20 ou 30 ans, du fait de cette brève exposition", a dit à l'AFP Me Luc Dörr, qui représente plusieurs d'entre elles. Le Parlement européen s'est également porté partie civile, notamment pour être indemnisé des frais de dépollution qu'il a dû engager, selon son avocat, Me Jean-Paul Teissonnière.

 

Personne ne s'est soucié de la présence d'amiante

 

L'institution affirme qu'elle avait fourni aux entreprises intervenant sur le chantier toutes les informations nécessaires, et notamment un document attestant que les poteaux litigieux, bien que n'ayant pas été analysés en détail, étaient susceptibles de contenir de l'amiante. "Ce qui est inacceptable, c'est que les panneaux (autour des poteaux, NDLR) ont été enlevés alors même que l'ambiguïté n'avait pas été levée sur la nature des matériaux. Personne ne s'en est soucié", a déploré Me Dörr en marge de l'audience.

 

L'une des trois prévenus, l'architecte d'intérieur qui assurait la maîtrise d'ouvrage, a d'ailleurs reconnu mercredi, lors d'une première journée d'audience aux débats très techniques, que la question d'une éventuelle présence d'amiante ne lui avait "pas effleuré l'esprit". Pressée de questions par le représentant du parquet, l'architecte s'est défendue en affirmant que cette question ne relevait pas de ses compétences. Les réquisitions du parquet et les plaidoiries de la défense sont attendues vendredi. Après quoi, le tribunal devrait vraisemblablement mettre sa décision en délibéré à une date ultérieure.

actionclactionfp