SOCIAL. Pour faire face à l'urgence de la crise du logement en outre-mer, un nouveau rapport plaide une approche différenciée en réunissant tous les acteurs locaux. Assurer un habitat sain et diversifié aux populations est érigé en priorité.

Le logement en outre-mer comportera-t-il une politique spécifique à ses territoires ? Une approche territorialisée et concertée, qui soulignerait les besoins des collectivités et organiserait un pilotage au plus près des acteurs locaux pourrait réformer le plan logement 2019-2022. C'est la délégation sénatoriale aux outre-mer qui a fait cette proposition, dans un rapport publié le 1er juillet. Hors de la métropole, 80% des ménages sont éligibles au logement social mais seuls 15% en sont bénéficiaires. Ces territoires connaissent une crise du logement persistante, selon le rapport.

 

Pour une meilleure représentation dans les instances nationales

 

"La Ligne budgétaire unique qui rassemble les crédits à destination du logement dans les Drom, a paradoxalement diminué, passant de 270 millions d'euros dans les années 2010 à moins de 220 millions d'euros en 2020", souligne la délégation. "Elle fait l'objet d'une sous-exécution récurrente (inférieure à 90% de 2017 à 2019) traduisant un manque d'ingénierie de l'État, et non pas seulement des collectivités, ainsi qu'un pilotage défaillant de la part du ministère des Outre-mer."

 

Le rapport préconise de créer une instance à quatre niveaux, avec un conseil de concertation qui réunit tous les acteurs locaux, un comité des financeurs, un comité de pilotage plus restreint et enfin des groupes thématiques de travail. La délégation souligne aussi l'importance d'une meilleure représentation de l'outre-mer dans les instances nationales du logement.

 

A l'affut de solutions moins onéreuses

 

La commission rappelle que l'outre-mer doit faire face à un défi majeur : les risques naturels, tels que les cyclones, séismes et le réchauffement climatique. Selon elle, les solutions qui y sont développées "devraient servir de source d'inspiration, d'échanges et de référence". C'est, par exemple, le cas de l'architecture bioclimatique. Fondée sur des savoir-faire traditionnels amérindiens, océaniens, ou tropicaux, elle propose des solutions de ventilation plus efficaces et moins onéreuses.

 

 

Au total, 77 recommandations sont formulées pour faire face à l'urgence de la situation et "assurer un accès des populations à un habitat décent, abordable et diversifié". "Le choix de cette étude exprime notre inquiétude parce que le Plom 2 a pris du retard et l'an prochain, à l'heure du bilan, nous risquons de nous retrouver à nouveau avec des objectifs non tenus et un constat identique, voire pire : celui d'une inadaptation des outils de la politique du logement aux besoins des territoires ultramarins dans leurs spécificités", a clamé le président de la délégation, Stéphane Artano, lors d'un discours tenu au Sénat le 1er juillet. Cette autre approche a pour but, selon lui, de corriger les "failles méthodologiques et opérationnelles actuelles".

 

L'habitat léger, les petites maisons dites "tiny houses", l'habitat participatif, collaboratif et les écoquartiers ont également été évoqués par la commission pour développer une filière de l'habitat innovant. Cela permettrait également de capter des financements européens, toujours selon le rapport. A ce sujet, le chantier de la performance énergétique des bâtiments "constituera un test", alors que l'actualisation de la réglementation permettra de valoriser l'architecture bioclimatique.

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