REGION. Le Syndicat des architectes de la Côte d'Azur (Saca) appelle à la création d'un diplôme d'enseignement dans les Alpes-Maritimes. Il œuvre également à alerter sur plusieurs problématiques du secteur, du Zéro artificialisation nette à la gestion des catastrophes naturelles.

Ils parlent de "déséquilibre". Les coprésidents du Syndicat des architectes de la Côte d'Azur (Saca) alertent sur le manque de formation en architecture dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. "La région Rhône-Alpes possède quatre ENSA très bien réparties sur son territoire, alors que la régions Paca n'en possède qu'une à Marseille. Les écoles sont également nombreuses dans la moitié nord du pays", affirme à Batiactu Barbara Rizzo, coprésidente du Saca.

 

"Nous aimerions la création d'un master en architecture dans les Alpes-Maritimes. Ce territoire possède un patrimoine historique et naturel riche. Il est confronté à des risques sismiques, d'inondations et de sécheresse, à l'instar de la tempête Alex qui avait ravagé en 2020 la vallée de la Roya. De plus, la frontière avec l'Italie apporte des spécificités architecturales intéressantes." L'idée d'un master séduit certaines collectivités, qui se disent intéressées pour accueillir des étudiants dans leurs bâtiments publics.

 

Qui est le Saca ?

 

Fondée en 1896, la Société Syndicale des architectes du Sud-Est a été rebaptisée Syndicat des architectes de la Côte d'Azur en 1928. Aujourd'hui, il est sous l'égide de l'Unsfa et rassemble une centaine d'architectes, sur les 590 professionnels répertoriés dans les Alpes-Maritimes.

 

Le Saca défend la profession auprès de l'Etat, des collectivités et d'organismes locaux. Visites de chantiers, balades urbaines, organisation de conférences et interventions au sein d'établissements scolaires, ses membres cherchent à "faire rayonner la culture architecturale locale par le biais de nombreux événements".

 

Zéro artificialisation nette

 

Si le Saca espère qu'un master sera prochainement créé, il œuvre également à accompagner les professionnels et les collectivités dans la compréhension de la politique du Zéro artificialisation nette (Zan) en collaboration avec le Conseil Régional de l'Ordre des Architectes Paca. Des tables rondes sont tenues régulièrement pour informer les élus. "Les communes sont très inquiètes face à cette loi et ont peu d'informations. L'objectif est de les sensibiliser et de leur présenter les compétences d'architectes et d'urbanistes sur cette question. Nous sommes toutefois conscients que les problématiques sont différentes en fonction du territoire. La commune d'Antibes, par exemple, est fortement urbanisée et souhaite diviser par deux le rythme d'artificialisation de ses sols. De nouveaux espaces verts et la réhabilitation de friches peuvent être imaginés dans la ville", raconte Barbara Rizzo. La prochaine table ronde sera organisée à Grasses pour discuter des enjeux du Zan dans l'agglomération.

 

Le sujet de l'obtention des permis de construire anime également le syndicat. "Nous avons l'impression que les nouvelles politiques locales ne veulent plus construire. Bien que nous encouragions à se tourner vers la rénovation quand cela est possible, nous sommes également favorables à la construction. Il faut rappeler que la réhabilitation des bâtiments est très coûteuse", assure Barbara Rizzo, qui aimerait que ce type d'opération bénéficie de dispositif de défiscalisation.

 

Des architectes formés aux risques

 

Concernant les rénovations, le syndicat appelle à massifier la rénovation globale. "Une pédagogie doit être menée auprès des particuliers et des acteurs de la construction pour donner plus de place aux architectes", estime Barbara Rizzo. Une réflexion qui fait réagir Pierre-Olivier Fouqué, coprésident du Saca : "Nous voulons réintégrer les architectes au débat national. À travers ses aides financières, le gouvernement privilégie les mono-gestes plutôt que la rénovation globale. Or, ces mono-gestes ne sont pas toujours efficaces, et peuvent parfois engendrer un déséquilibre hygrométrique des logements ce qui, in fine, aggravera leur santé sur le long terme."

 

 

Quant aux problématiques spécifiques au département des Alpes-Maritimes, des formations sont proposées dans la gestion des risques naturels et écologiques. "Nous observons une prise de conscience de la part des professionnels sur le dérèglement climatique", continue le chef de file. Il faut dire que les plans locaux d'urbanisme (PLU) ont été modifiés depuis les inondations de Cannes, Antibes, Vallauris, Biot et Mandelieu-la-Napoule en 2015, notamment pour ce qui concerne la gestion des eaux pluviales. La tempête Alex, plus récente, a, elle aussi, poussé les architectes du département à agir. Une soixantaine s'est d'ailleurs formée et est capable d'intervenir immédiatement en cas de catastrophe ou de sinistre.

 

Un concours d'architectes départemental

 

Chaque année, le Syndicat des architectes de la Côte d'Azur et Cote magazine organisent le concours d'architecture contemporaine ArchiCote, destiné à distinguer des projets remarquables. Le dépôt des candidatures pour l'édition 2023 s'ouvrira en avril prochain, pour une remise des prix en septembre.

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